Lettre n° 9178

Par la grâce de D.ieu,


25 Tamouz 5726,
Brooklyn, New York,


Je vous salue et vous bénis,


Je fais réponse à vos deux lettres, dans lesquelles vous me décrivez brièvement votre vie, votre état d’esprit et votre situation, en général, ces derniers temps. De façon générale, il n’est pas surprenant qu’un Juif ou une Juive n’ait pas la tranquillité de l’esprit, lorsque son comportement quotidien n’est pas conforme à sa nature intérieure et véritable, c’est-à-dire à ce qui est dit dans notre sainte Torah, concernant chaque membre de notre peuple : “ Vous êtes des enfants pour l’Eternel votre D.ieu ”(1). Si un enfant doit se conformer aux directives de ses parents, combien plus, sans aucune commune mesure, doit-il en être ainsi pour les enfants de D.ieu, les fils et les filles d’Israël. Leur Père Qui se trouve dans les cieux leur a indiqué, dans Sa Torah, de la même étymologie que Horaa, enseignement, qui est une Torah de vie, le chemin qu’ils doivent suivre. Il les a également créés d’une manière conforme à ce mode de vie. C’est pour cela qu’une remise en cause de ce comportement contrevient au calme intérieur.


Ce qui vient d’être dit vous permettra de comprendre quel est le moyen essentiel d’apporter une solution à une telle situation. Tout d’abord, vous devez adopter, à l’avenir, un comportement conforme à la Volonté de D.ieu, Créateur de l’homme, Qui le dirige, comme cela est détaillé dans le Choul’han Arou’h. Bien entendu, j’imagine que certains, considérant la réalité, remettent en cause cette idée. En effet, nombreux sont ceux qui ne respectent pas les Mitsvot et, malgré cela, il semble qu’il ne leur manque rien, qu’ils possèdent même le calme de l’esprit. Néanmoins, la réponse à cette “ objection ” est bien simple :
A) Selon l’expression de nos Sages(2), “ nul ne sait ce qu’il y a dans le cœur de son prochain ”, en particulier dans les domaines que l’on ne souhaite pas révéler aux autres, pour des raisons bien évidentes.
B) Ceci peut être comparé à une maladie physique, ce qu’à D.ieu ne plaise. Lorsque le malade n’est pas conscient de son état, cela n’est pas sain. Bien au contraire, cela veut dire que l’affection est particulièrement lourde. Or, il en est de même, ou encore plus clairement, pour ce qui concerne l’état de santé de l’esprit.


Vous me demandez un conseil concrètement applicable. Selon la description qui est faite dans votre lettre, vous devez commencer à organiser votre vie, à être méthodique, chaque jour. Ainsi, il vous sera plus aisé de vous introduire dans un mode de vie fixe, en vous maîtrisant vous-même, de sorte que le cerveau et l’intellect dominent le cœur et l’émotion(3). Bien entendu, cela ne contredit pas ce qui est exposé au début de cette lettre. C’est, en effet, dans ce cadre(4) que l’homme doit intervenir selon les voies de la nature. Il semble, en effet, que l’une des causes essentielles de votre situation soit le désordre, la désorganisation de votre vie, dans son aspect extérieur, qui a une conséquence sur votre état d’esprit et votre émotivité.


Après une longue période de vie désorganisée, il est difficile de s’habituer à une vie méthodique et stable. Pour faciliter cette transition, il faut faire intervenir un élément extérieur. Je fais allusion à un travail par exemple. Ainsi, vous aurez conscience d’avoir des engagements envers d’autres personnes, un travail fixe, des heures fixes. On peut lire, entre les lignes de votre lettre, que vous avez des raisons cachées et sérieuses, mais, à mon sens, le point essentiel, la cause fondamentale se résume aux deux points mentionnés ci-dessus, un comportement basé sur la Torah, d’une part, une vie parfaitement organisée, d’autre part. Si vous rectifiez tout cela, au moins progressivement, votre situation s’améliorera, pour une large part et peut-être même s’arrangera-t-elle totalement.


Il est un autre point, essentiel également, vous devez trouver un bon parti. Mais, il est clair que vous ne pouvez pas aborder cette question essentielle, a fortiori prendre une décision en la matière, avant d’avoir atteint la tranquillité de l’esprit, de ne plus être dérangé. Il importe donc, en priorité, de résoudre les deux points précédemment cités. C’est après cela que vous commencerez à vous intéresser à ce dernier point. Il n’est pas aisé de prévoir le délai qui sera nécessaire pour rectifier tout cela. Mais, à mon sens, il est clair que cela dépend uniquement de votre volonté, de votre ferme décision de vous engager dans cette direction. Par la suite, vous mettrez cette décision en pratique, sans hésitation, sans doute.


Que D.ieu, Qui accorde Sa Providence à chacun et à chacune, éclaire votre voie dans la vie, qu’Il vous accorde le succès en tous vos besoins matériels et spirituels. Avec ma bénédiction de bonne santé morale et de bonne santé physique, de même que pour me donner de bonnes nouvelles,


Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,


Notes


(1) Reéh 14, 1.
(2) Dans le traité Pessa’him 54b.
(3) Voir, notamment, le Tanya, aux chapitres 12 et 17.
(4) Dans le cadre d’une vie basée sur la pratique de la Torah et des Mitsvot.