Lettre n° 9217
Par la grâce de D.ieu,
Jours de Seli’hot 5726,
Brooklyn, New York,
Aux fils et filles d’Israël,
partout où ils se trouvent,
que D.ieu vous accorde longue vie,
Je vous salue et vous bénis,
Certaines idées reviennent chaque année(1), à chaque fête, qui les révèle systématiquement. C’est également le cas pour Roch Hachana. Il convient, néanmoins, de méditer à ces idées et de les vivre comme si elles étaient(2) nouvelles(3). Il en est, du reste, toujours ainsi pour ce qui concerne la Torah et les Mitsvot, qui sont la vie et l’existence d’un Juif, “ car elles sont notre vie et la longueur de nos jours ”(3). En effet, l’essence de la vie se renouvelle en permanence, y compris chez celui qui a déjà vécu de nombreuses années.
Mais, il y a, en outre, des idées spécifiques, qui ne concernent qu’une année particulière et qui, de ce fait, prennent une signification différente, en cette année-là. L’année prochaine 5727, qui arrive, pour nous et pour tout Israël, pour le bien et pour la bénédiction, est celle qui fait suite à la Chemitta. Elle introduit donc une pratique spécifique, la Mitsva du Hakhel(3), du rassemblement, qui est “ un ferme principe et un grand honneur de notre foi ”(4).
A l’époque du Temple, on rassemblait le peuple, durant l’année qui faisait suite à la Chemitta, les hommes, les femmes et les enfants, y compris les plus petits(5). Tous se rendaient dans le Temple, afin d’écouter une sélection de passages de la Torah, qui y étaient lus par le roi. Ceci devait se faire à la première occasion(6) de se rassembler, pendant l’année, c’est-à-dire à Soukkot, fête pendant laquelle les Juifs se rendaient à Jérusalem.
Certes, depuis la destruction du Temple et jusqu’à sa reconstruction, très bientôt et de nos jours, le Hakhel(3) n’est pas en vigueur. Pour autant, la Torah et les Mitsvot sont immuables et celles qui s’appliquent uniquement dans le Temple possèdent, en outre, un contenu spirituel et moral, concernant un certain moment de la journée ou de l’année, mais qui reste valable à toutes les époques et en tout lieu. Il convient uniquement de lui donner une expression, de le réaliser de la manière qui convient, par exemple en disant les prières à l’heure des sacrifices auxquels ils correspondent(7).
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La Mitsva du Hakhel(3) présente deux aspects qui, en apparence, semble opposés. D’une part, il est dit(8) : “ Rassemble le peuple, les hommes, les femmes, les enfants, l’étranger qui est dans tes portes ”(3). C’est donc bien l’ensemble du peuple juif, du plus haut jusqu’au plus bas, qui est alors réuni. Chacun et chacune, quelle que soit sa situation, est ainsi concerné par cette pratique. Mais, d’autre part, celui qui devait lire ces quelques passages de la Torah devant les personnes réunies était précisément le Juif le plus élevé, le roi(9).
L’une des explications que l’on peut donner, à ce propos, est la suivante. La Torah doit insuffler la vitalité à un Juif, à tous les Juifs, sans exception, aux hommes, aux femmes, aux enfants, aux étrangers. Tous doivent pénétrer profondément l’ensemble de leur existence de ses valeurs, de la manière la plus large et jusque dans le moindre détail. Il incombe à chacun d’imprégner tous ses sens et tous ses sentiments de Torah, de Mitsvot et de Divinité(10).
Pour obtenir un tel résultat, de la façon la plus profonde et la plus entière, la Torah était lue par le roi, dont il est dit que : “ Tu auras la crainte ”(11). C’est lui, en effet, qui met en éveil le sentiment de crainte et de soumission permettant de faire disparaître l’ego de celui qui écoute, afin de le conduire à la soumission(12).
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L’idée(13) et l’enseignement que la Mitsva du Hakhel(3) délivre à chacun et à chacune d’entre nous sont les suivants. Il faut profiter des jours favorables du mois de Tichri pour réunir des Juifs, hommes, femmes et enfants, même les plus petits, dans un endroit sacré, dans une ambiance sacrée et profiter de cette occasion pour ce qui est la finalité et le fondement de la Mitsva du Hakhel(14) : “ afin qu’ils écoutent et afin qu’ils apprennent à craindre l’Eternel votre D.ieu, qu’ils s’empressent de faire toutes les paroles de cette Torah ”(3).
Ceci concerne plus spécifiquement celui qui est un “ roi ”, un notable(15) dans son entourage, un Rav dans sa communauté, un enseignant dans sa classe, un père dans sa famille. Tous feront entendre les mots de la Torah autour d’eux, avec force et sérieux. Ceci fera une grande impression et aura une profonde influence sur tous ceux qui les entendront. Et, ces effets se maintiendront par-delà le mois de Tichri, non seulement durant toute l’année, mais aussi pendant les sept ans qui viennent, jusqu’au Hakhel(3) prochain. La conséquence s’en marquera au quotidien et permettra d’avoir un comportement basé sur la Torah et les Mitsvot, avec crainte de D.ieu et, simultanément(16) avec joie et inspiration.
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A Roch Hachana, les Juifs proclament D.ieu(17) : “ Roi(18) d’Israël ”(3) et : “ Roi(19) de toute la terre ”(3). Qu’Il permette donc à chacun et à chacune de mettre pleinement en pratique tout ce qui vient d’être dit. Ceci rapprochera et hâtera le moment(20) d’accomplir la Mitsva du Hakhel(3), jusque dans le moindre détail, dans le Temple, avec la venue de notre juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, Amen. Avec ma bénédiction afin d’être inscrits et scellés pour une bonne et douce année,
Mena’hem Schneerson,
Notes
(1) Voir le début du Séfer Ha Maamarim 5699 et le Likouteï Si’hot, tome 9, à la page 444.
(2) Le Rabbi note, en bas de page : “Sifri Devarim 6, 6. Et, Rachi, commentant les versets 11, 13 et 26, 16, dit même : ‘véritablement nouvelles’”.
(3) Le Rabbi souligne les mots : “nouvelles”, “car elles sont notre vie et la longueur de nos jours”, “Hakhel”, “Hakhel”, “Hakhel”, “Rassemble le peuple, les hommes, les femmes, les enfants, l’étranger qui est dans tes portes”, “Hakhel”, “afin qu’ils écoutent et afin qu’ils apprennent à craindre l’Eternel votre D.ieu, qu’ils s’empressent de faire toutes les paroles de cette Torah ”, “ Hakhel ”, “ Roi d’Israël ”, “ Roi de toute la terre ” et “Hakhel”.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “Vayéle’h 31, 12. Séfer Ha ‘Hinou’h, à cette référence (à la Mitsva n°612). Rambam, fin des lois de ‘Haguiga, selon lequel : ‘cette lecture a pour objet de renforcer la foi véritable’”.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir le commentaire de la Torah du Ramban, à cette référence et le Min’hat ‘Hinou’h, qui dit : ‘Il semble que ceci s’applique dès l’instant où l’on sait que l’enfant est viable’. C’est pour cela que, même au bénéfice du doute, un enfant doit être conduit dans le Temple, puisqu’il s’agit, en l’occurrence, d’une Injonction de la Torah. On trouve la même explication dans le Kéli Yakar”.
(6) Le Rabbi note, en bas de page : “Selon le sens simple du verset : ‘quand tout Israël venait’, qui en explique ensuite la raison”.
(7) Le Rabbi note, en bas de page : “Selon le traité Bera’hot 26b”.
(8) Vayéle’h 31, 12.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir la fin du traité Taanit. Le Rambam dit, à la même référence : ‘On considérera que l’on entend cette lecture directement de D.ieu. En effet, le roi est Son émissaire, chargé de dire Ses Paroles”.
(10) Le Rabbi note, en bas de page : “En effet, elle est à proprement parler notre vie, au même titre que la vitalité de l’homme, au sens physique”.
(11) Le Rabbi note, en bas de page : “Selon le traité Kiddouchin 32b”.
(12) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir le traité ‘Haguiga 5b, traitant de l’homme : ‘qui fait un clin d’œil devant le roi’ parce qu’il ne lui est pas totalement soumis, le Séfer Ha Mitsvot du Tséma’h Tsédek, dont on célèbre, cette année, le centenaire du décès, à la Mitsva de la nomination du roi”.
(13) Ceci est le lien spécifique entre cette année et le principe de l’éducation. Voir, à ce sujet, les lettres n°9232, 9241, 9244, 9246, 9294, 9296, 9305, 9315, 9319, 9325, 9331.
(14) Vayéle’h 31, 12.
(15) Le Rabbi note, en bas de page : “De fait, selon différents avis, s’il n’y a pas de roi, c’est un Grand d’Israël qui lit la Torah, pendant le Hakhel. Ainsi, dans ses Azharot, Rabbi Saadya Gaon, au discours intitulé : ‘Tu ne prononceras pas’, dit : ‘Un Rav faisant preuve d’empressement lira le livre, à l’occasion de la Chemitta’. Voir le Min’hat ‘Hinou’h, à cette référence, le commentaire du Rav Perla sur le Séfer Ha Mitsvot de Rabbi Saadya Gaon, à l’Injonction n°16 et au chapitre 10”. On verra, à ce sujet, le Likouteï Si’hot, tome 34, page 189, à la note 20.
(16) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir le Sifri Vaét’hanan 6, 5, qui dit : ‘Il n’y a pas d’amour à l’endroit de la crainte, sauf si…’ l’on s’emplit de joie”.
(17) Le Rabbi note, en bas de page : “Traité Roch Hachana 16a. Voir le Likouteï Torah, à la Parchat Nitsavim, page 51b et le discours ‘hassidique intitulé : ‘Sonnez du Chofar’, de 5701”, au début du Séfer Ha Maamarim 5701.
(18) Ichaya 44, 6.
(19) Ze’harya 14, 9.
(20) Le Rabbi note, en bas de page : Comme le disent nos Sages, au traité Sanhédrin 98a et dans le Zohar, tome 1, page 117b : “S’ils en ont le mérite, Je hâterai…”.