Lettre n° 971

Par la grâce de D.ieu,
11 Nissan 5711,
Brooklyn, New York,

On sait que nos ancêtres(1), lorsqu’ils quittèrent l’Egypte cessèrent d’être considérés comme des descendants de Noa’h(2), afin de recevoir la Torah et de percevoir la révélation divine(3). Il en fut ainsi dès le début de leur sortie ou bien lorsqu’ils quittèrent complètement ce pays(4).

C’est donc de cette épisode que nos Sages déduisent les lois de la conversion. Il est clair que l’on peut en conclure également ce qu’était leur situation morale. Le mal avait encore une forte emprise sur le côté gauche de leur cœur. En revanche, leur souhait et leur désir était de libérer leur âme divine, exilée de “ l’autre côté ”, celui de l’impureté de l’Egypte, afin de s’attacher à D.ieu(5).

Il en est de même chaque jour. Un homme est tenu de se considérer comme s’il avait été libéré aujourd’hui même de l’Egypte, comme l’explique le discours ‘hassidique qui se trouve dans le présent fascicule. Combien plus doit-il en être ainsi pendant la fête de Pessa’h.

On sait que, chaque année, une fête, lorsqu’elle survient, met de nouveau en éveil ce qui doit être son contenu profond(6).

Chacun, surtout s’il n’est pas encore un Beïnoni(7), perfection vers laquelle il doit tendre, est donc tenu de libérer son âme divine, exilée dans le corps et l’âme animale. Bien plus, il lui faut élever cette âme divine bien plus haut que le corps et l’âme animale, s’attacher à D.ieu par la Torah et les Mitsvot qu’il étudie et qu’il pratique.

Les jours de Pessa’h, et en particulier le premier soir de cette fête, ont une particularité positive(8), qui les distingue de tout le reste de l’année, y compris des autres fêtes. En effet, les Juifs se nourrissent alors de la Matsa, qui révèle l’Attribut de découverte intellectuelle(9) dans toute sa grandeur et permet de percevoir l’Essence de la Divinité, de Lui attacher son corps physique, de sorte que la vitalité que l’on tire des aliments matériels soit également divine.

L’effet s’en exerce donc sur l’âme divine et également sur l’âme animale, c’est à dire sur le mauvais penchant, dont les attaques deviennent moins fortes. Lorsque ce dernier commencera à se raffiner, il permettra à l’âme divine de croire, d’une foi entière, à ce qu’elle ne comprend pas, par son intellect.

* * *

Selon l’expression de mon beau-père, le Rabbi, dans sa causerie qui est reproduite dans ce fascicule, “ chaque instant est précieux ” !

Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Cette lettre est l’avant propos du fascicule édité à l’occasion de la fête de Pessa’h. Elle figure dans le Séfer Hamaamarim 5711, à la page 218.
(2) Des non Juifs.
(3) Le Rabbi note, en bas de page : “ Selon le commentaire de Rachi sur le traité Yebamot 46a. ”
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le commentaire de Rabbénou ‘Hananel dans les Tossafot Yechénim, au traité Yebamot 46a. ”
(5) Le Rabbi note, en, bas de page : “ Selon le chapitre 31 du Tanya ”.
(6) Le Rabbi note, en bas de page : “ On peut en trouver la preuve dans la Michna, à la fin du troisième chapitre de Guittin : “ On vérifie le vin... ”. On consultera, à ce propos, l’édition Semadar ”.
(7) L’homme “ moyen ”, défini par le Tanya comme le stade parfait du service de D.ieu pour celui qui n’est pas un Juste.
(8) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir la séquence de discours ‘hassidiques Veka’ha de 5637, au chapitre 60 ”.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “ Une longue explication sur ce sujet figure dans le Chaar Haémouna de l’Admour Haémtsahi ”.