Rambam 1 Chapitre

Notons que bon nombre de ces lois ne sont pas la halakha, c'est-à-dire la pratique observée dans les communautés juives. Elles ne sauraient donc en aucun cas être prises comme référence. Veuillez noter également que cette version est un premier essai qui fera l'objet de corrections ultérieures.

8 Nissan 5786 / 03.26.2026

Lois du repentir : Chapitre Quatre

1. Vingt-quatre choses entravent le repentir : quatre sont de graves fautes, et celui qui fait l’une d’elles, D.ieu ne lui donne pas l’opportunité de se repentir, du fait de la gravité de sa faute. Ce sont : a) celui qui fait fauter une collectivité, y compris celui qui empêche une collectivité d’accomplir une mitsva, b) celui qui dévoie autrui du bon au mauvais chemin, comme le messit et le madiah, c) celui qui voit son fils prendre un mauvais chemin et ne l’en empêche pas ; [en effet,] étant donné que son fils est sous son autorité, s’il le réprimandait, il s’écarterait [du mal], il [le père] est donc considéré comme s’il l’avait fait fauter. Cette faute inclut également celui qui a la possibilité d’empêcher un particulier ou une collectivité [de fauter], mais ne le fait pas, et les laisse dans leur défaillance, d) celui qui dit : « Je vais fauter, et je me repentirai », y compris celui qui dit : « Je vais fauter, et le jour de Kippour fera expiation ».

2. Cinq autres [fautes] ferment les voies du repentir pour ceux qui en sont coupables : a) celui qui se sépare de la communauté, parce que lorsqu’ils [les juifs de la communauté] se repentiront, il ne sera pas avec eux, et ne méritera pas de partager leurs mérites, b) celui qui contredit les paroles des sages, parce que la controverse le conduit à s’écarter d’eux ; il ignore donc les voies du repentir, c) celui qui se joue des commandements ; étant donné qu’il les considère avec mépris, il ne les recherche pas et ne les accomplit pas. [Or,] s’il ne les fait pas, en quoi sera-t-il méritant ? d) celui qui déshonore ses maîtres ; une telle [conduite] aura pour conséquence qu’il soit rejeté et chassé, comme Gué’hazi. Et lorsqu’il sera renvoyé, il ne trouvera pas de maître et de guide pour lui montrer le chemin de la vérité, e) celui qui hait les réprimandes ; il ne lui reste pas de voie pour le repentir. En effet, les réprimandes provoquent le repentir, car lorsqu’un homme est avisé de ses fautes, et en rougit, il se repent, comme il est dit dans la Thora : « Rappelle-toi, n’oublie jamais, combien tu as mécontenté l’Eterne-l, etc. », « vous avez été rebelles », « l’Eterne-l ne vous a pas donné un cœur », « peuple insensé et peu sage ». De même, Isaïe réprimanda Israël, disant : « Oh, nation pécheresse », « Un bœuf connaît son possesseur », « parce que je savais que tu es opiniâtre ». D.ieu lui a également ordonné de réprimander les pécheurs, comme il est dit : « Crie à plein gosier, ne te ménage point ». Tous les prophètes ont ainsi semoncé le peuple juif jusqu’à ce qu’il se repente. C’est pourquoi, il faut nommer dans chaque communauté juive un sage éminent, ancien, et craignant D.ieu depuis sa tendre enfance, aimé de [la communauté] qui admonestera la communauté et la fera se repentir. Celui qui hait les réprimandes ne vient pas vers le prêcheur et n’écoute pas ses paroles. Il persévérera donc dans ses fautes, qui sont à ses yeux comme de bonnes actions.

3. Cinq [fautes] sont telles que celui qui commet celles-ci ne pourra jamais pleinement se repentir, car ce sont des fautes commises envers autrui, et il [le pécheur] ignore la victime [de ses actes] pour lui restituer [ce qu’il lui doit] ou lui demander pardon, ce sont : a) celui qui maudit une collectivité, et non un homme défini pour lui demander pardon, b) celui qui partage avec un voleur, car il ignore l’identité du propriétaire de l’objet volé. En effet, le voleur vole plusieurs personnes et lui apporte [ce qu’il a volé], et il prend [ce qui a été volé]. De surcroît, il soutient ainsi le voleur et le fait fauter, c) celui qui trouve un objet perdu, mais ne fait pas d’annonce, pour que celui-ci puisse être restitué à son propriétaire ; après coup, quand il se repentira, il ne saura pas à qui le restituer, d) celui qui prend un gage aux pauvres, aux orphelins ou aux veuves ; ce sont des gens démunis, qui ne sont pas connus, qui s’exilent de ville en ville, sans avoir de connaissance, pour qu’il sache à qui appartient ce gage et lui restitue, e) celui qui accepte un pot-de-vin pour faire pencher le jugement ignore à combien il a fait pencher [jugement] il ignore quelles en sont les conséquences pour pouvoir restituer, car il y a un fondement [à son jugement]. De plus, il encourage celui [qui lui a donné le pot-de-vin] et le fait fauter.

4. Il y a cinq [fautes] dont on peut présumer que celui qui fait celles-ci ne se repentira pas, car ce sont des choses légères aux yeux de la majorité des gens ; il fautera, et pensera que cela n’est pas une faute. Ce sont : a) celui qui prend part à un repas qui est insuffisant pour son hôte. Ceci est de la « poussière de vol », et il imagine ne pas avoir commis de faute, et dit : « J’y ai pris part avec son autorisation », b) celui qui fait usage du gage d’un pauvre . [Le gage d’un pauvre] est une hache ou un soc, et il pense en son for intérieur : « Ceux-ci ne s’usent pas, je ne l’ai donc pas volé », c) celui qui regarde des femmes qui lui sont interdites. Il imagine qu’[un tel acte] n’a pas de conséquence, car il se dit : « Ai-je eu des rapports ou un contact avec elle ? », mais ignore que la vue même est une grave faute, car c’est cela qui provoque les rapports interdits, comme il est dit : « et ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux », d) celui qui se fait honorer par le mépris d’autrui se dit en son cœur que cela n’est pas une faute, car ce dernier n’est pas présent, et n’est pas humilié. Il compare simplement ses bonnes actions et sa sagesse aux actions ou à la sagesse d’autrui, afin de montrer à travers celles-ci qu’il est respectable et que son ami est méprisable, e) celui qui soupçonne des personnes honorables imagine que cela n’est pas une faute, car il se dit : « Que lui ai-je fait ? Il ne s’agit que d’un doute s’il a fait ou non [telle chose]. Il ignore que cela est une faute, car il considère dans son esprit une personne respectable comme un pécheur.

5. Cinq [actions] sont telles que celui qui les fait sera toujours entraîné par celles-ci et verra des difficultés à s’en écarter. Aussi convient-il de prendre garde à ne pas s’attacher à cela. Ce sont toutes de très mauvais traits de caractère. Ce sont : le colportage, la médisance, l’irascibilité, les mauvaises pensées [c'est-à-dire penser faire du mal à autrui], s’associer à un méchant, car on apprend de ses actions, et celles-ci s’impriment en son cœur. C’est ce que dit [le roi] Salomon : « fréquenter les sots, c’est devenir mauvais ». Nous avons déjà expliqué dans les lois sur la conduite morale les pratiques qu’un homme doit toujours observer, a fortiori pour un repenti.

6. Toutes ces actions et [actions] semblables, bien qu’elles entravent le repentir, n’empêchent pas celui-ci. Si l’homme se repentit de celles-ci, il est un repenti, et a part au monde futur.