אֲסַדֵּר לִסְעוּדָתָא. בְּצַפְרָא דְשַׁבַּתָּא. וְאַזְמִין בָּהּ הַשְׁתָּא. עַתִּיקָא קַדִּישָׁא:
נְהוֹרֵיהּ יִשְׁרֵי בָהּ. בְּקִידוּשָׁא רַבָּא. וּבְחַמְרָא טָבָא. דְּבֵהּ תֶּחֱדֵי נַפְשָׁא:
יְשַׁדֵּר לָן שׁוּפְרֵהּ. וְנֶחֱזֵי בִיקָרֵהּ. וְיַחֲזֵי לָן סִתְרֵהּ. דְּאִתְאַמַּר בִּלְחִישָׁא:
יְגַלֵּי לָן טַעֲמֵי. דְּבִתְרֵיסַר נַהֲמֵי. דְּאִינוּן אָת בִּשְׁמֵהּ. כְּפִילָא וּקְלִישָׁא:
צְרוֹרָא דִלְעֵילָא. דְּבֵהּ חַיֵּי כֹלָּא. וְיִתְרַבֵּי חֵילָא. וְתִיסַק עַד רֵישָׁא:
חֲדוּ חַצְדֵּי [נ"א: מְחַצְדֵּי] חַקְלָא. בְּדִבּוּר וּבְקָלָא. וּמַלְלוּ מִלָּה. מְתִיקָא כְּדוּבְשָׁא:
קֳדָם רִבּוֹן עָלְמִין. בְּמִלִּין סְתִימִין. תְּגַלּוּן פִּתְגָמִין. וְתֵימְרוּן חִדּוּשָׁא:
לְעַטֵּר פְּתוֹרָא. בְּרָזָא יַקִּירָא. עֲמִיקָא וּטְמִירָא. וְלָאו מִילְּתָא אַוְשָׁא:
וְאִלֵּין מִלַּיָּא. יְהוֹן לִרְקִיעַיָּא. וְתַמָּן מָאן שַׁרְיָא. הֲלָא הַהוּא שִׁמְשָׁא:
רְבוּ יַתִּיר יַסְגֵּי. לְעֵילָא מִן דַּרְגֵּהּ. וְיִסַּב בַּת זוּגֵהּ. דַּהֲוַת פְּרִישָׁא:

(פיוט לסעודת יום השבת)

*****

« Je rendrai grâce durant le repas du Chabat matin et j’y inviterai à présent le saint niveau d'Atik, le Saint Ancien.

La lumière supérieure y brillera, par le grand Kidouch et le bon vin, qui réjouit l'âme.

Puisse-t-Il nous adresser Sa splendeur afin que nous percevions Sa grâce, et qu’Il nous révèle Ses secrets, ceux qui ne se disent qu'à voix basse.

Puisse-t-Il nous dévoiler la raison des douze pains qui symbolisent une lettre de Son Nom, sous une forme doublée et sous une forme simple.

Soyons unis au Très Haut, qui vivifie toute chose, et Il multipliera nos forces et (notre prière) s'élèvera jusqu’à Sa Tête.

Les travailleurs des champs (les érudits de la Torah) se réjouissent par la parole et par la voix ; Ils récitent des mots qui sont doux comme du miel.

Devant le Maitre de tous les mondes, vous dévoilerez les paroles secrètes (de la Torah) et vous y introduirez un nouvel aspect.

Afin d’orner la table par les précieux secrets (de la Torah), profonds et cachés, qui ne sont pas révélés.

Et ces mots deviendront des firmaments. Qui y résidera ? Nul autre que le soleil (symbolisant la Présence Divine).

Il atteindra un niveau plus élevé, au-delà de toute mesure, et s'y unira à Sa fiancée de laquelle Il était séparé (pendant la semaine). »

(Chant du second repas de Chabat)

*****

« Assader Lis’oudata Betsafra Déchabata Vaazmin Ba Hachta Atika Kadicha.

Nehorei Yichrei Ba Bekidoucha Rabba Ouve'hamra Tava Dévé Té'hdé Nafcha.

Yechader Lan Choufré Véné'hézé Bikaré Véya’hazé Lan Sitré Déïtamar Bil’hicha.

Yégalei Lan Taamé Dévitressar Nahamei Déïnoun At Bichmé Kefila Ouklicha.

Tserora Dil’éla Dévé ‘Hayei ‘Hola Véyitrabei 'Heila Vétissak Ad Reicha. ‘Hadou ‘Hatsdei ‘Hakla Bédibour Ouvkala Oumalilou Mila Métika Kédouvcha.

Kodam Ribon Almin Bémilin Sétimin Tégaloun Pitgamin Vétémroun ‘Hidoucha.

Léater Pétora Béraza Yakira Amika Outemira Vélav Milta Avcha.

Véïlèn Milaya Yéhon Lirkiaya Vétaman Man Charya Hala Hahou Chimcha.

Revou Yatir Yisguei Léela Min Darguei Véyissav Bat Zouguei Dahavat Pericha »

(Chant du second repas de Chabat)

assader

« Ce chant est l’une des trois mélodies que composa le Ari"zal pour les trois repas de Chabat : « Azamer Bichva’hin » pour le repas du soir, « Assader Lis’oudata » pour le repas du matin, et « Bnei Hei’hala » pour le troisième repas (Séouda Chlichit). La première lettre de chaque phrase forme le nom du Ari"zal pour chacun des trois chants. Pour « Assader Lis’oudata » les premières lettres forment la phrase : « Je suis Its’hak Louria ».

Dans le Sidour « Torah Or » de l’Admour Hazaken, ce sont les seuls chants du Ari"zal, et dans « Chaarei Tefila » du Rav Avraham David Lavat, le fameux Rav de la ville de Nikolaïev, qui fut imprimé avec le Sidour, il est mentionné au chapitre 18 : « Il est écrit dans le « Peri Etz ‘Haïm » (un célèbre ouvrage de Kabala écrit par le Ari’’zal – ndt), dans sa partie sur le Chabat, au chapitre 17, et dans « Michnat ‘Hassidim », qu’il faut le réciter en chantant. »

Ainsi, il est connu que chez les Rebbéïm, la coutume était de ne pas chanter de « Zemirot » (chants traditionnels de Chabat – ndt) durant les repas de Chabat, excepté à de rares occasions. On chantait plutôt des chants sans paroles : ce nigoun est donc une exception à la règle. Il réveille la joie de l’âme et la gaieté du cœur. Il caractérise les mélodies que les enfants, en Russie, caractérisaient de « Fonké ». »

(Sefer Hanigounim, tome 2, pages 16-17, Nigoun 189)

*****

Au cours du farbrenguen du Chabat Parachat Balak 5716 (1956), le Rabbi parla des habitudes des Rebbéim lors des repas de Chabat. Il évoqua alors qu’il existait un nigoun que l’on chantait en Lituanie et en Ukraine : « Assader Lis’oudata ». Voici ses propos tels qu’ils sont imprimés :

« Nous connaissons la fameuse discussion qui existe, afin de savoir si l’on se rend quitte du troisième repas de Chabat en consommant des fruits et des douceurs, ou s’il faut absolument consommer du pain. Chez nos maîtres, les Rebbéïm, nous avons pu observer qu’après le Kiddouch, ils consommaient des pâtisseries (et se rendaient ainsi quittes du troisième repas de Chabat). Après la prière de Min’ha, ils se lavaient les mains [afin de consommer du pain – ndt], et débutaient ainsi le second repas de Chabat.

On peut donc constater que le Kiddouch se situe entre les deux repas de Chabat. Nous nous tenons donc à présent au cours du second repas de Chabat. Et en ce qui concerne ce repas, il existe un chant que l’Admour Hazaken a intégré dans son Sidour (rituel de prière – ndt) : « Assader Lis’oudata ».

 

Dans les notes du Rabbi Rachab sur le Sidour (qui sont d’ores et déjà imprimées), il est précisé la chose suivante : « Notre grand maître (l’Admour Hazaken – ndt), expliqua que la raison pour laquelle il n’avait pas introduit de « Zemirot » (chants traditionnels de Chabat – ndt), était qu’il pensait que l’on chanterait des mélodies sans parole durant les repas de Chabat. Un chant sans parole est, en effet, plus élevé [qu’un chant limité par des mots]. Il pensait également que l’on discuterait de ‘Hassidout au cours de ces repas. »

Cependant, il subsiste les « Zemirot » inscrites dans le Sidour : « Azamer Bichva’hin » pour le repas du soir de Chabat, « Assader Lis’oudata » pour le repas de la journée de Chabat, et « Bnei Hei’hala » pour le troisième repas de Chabat.

Il existe un nigoun chanté sur les paroles de « Bnei Hei’hala », qui fut transmis par l’Admour Hazaken, et un nigoun de Reb Hillel de Paritch chanté sur les paroles de « Azamer Bichva’hin ». Sur les paroles de « Assader Lis’oudata », il existe un nigoun que l’on chantait en Lituanie et en Ukraine. Ce chant est caractérisé de « Fonyé » (« Fonké »), et ressemble à un air de « marche ». »

Après avoir conclu la si’ha, le Rabbi enseigna ce chant, et le répéta plusieurs fois, jusqu’à ce que la foule le retienne. C’était un nigoun déjà connu depuis longtemps par les ‘Hassidim âgés, qui le chantaient de temps à autre. C’est la raison pour laquelle, lorsque le Rabbi le chanta avec les paroles « Assader Lis’oudata », il fut saisi sans trop de difficulté.

[Le Rav Chalom Feldman raconte : « Après que le Rabbi ait enseigné le nigoun, il remarqua : « Vous voyez ? Je vous avais dit que ce nigoun était amusant (le Rabbi utilisa le mot « funny » en anglais) ! »]

Le Rabbi s’interrompit au milieu du chant et raconta l’histoire suivante :

« Un jour, un Juif rendit visite au Rabbi Israël DovBer, le Tsadik de Villendik, auteur du « Chéérit Israël ». Il lui demanda une bénédiction afin de mériter d’engendrer un fils. Le Rabbi lui répondit qu’il devait étendre un tissu de soie dans sa chambre à coucher, et ainsi, il donnerait naissance à un fils. Lorsque ce Juif s’en alla, les élèves du Tsadik accoururent vers leur maître afin de savoir d’où il savait que la soie était une « Ségoula », une pratique propice pour avoir un fils.

Il leur répondit que cela était écrit dans « Assader Lis’oudata » ! En effet, il y est dit : « Et ces mots deviendront des firmaments. Qui y résidera ? Nul autre que le soleil (qui symbolise ici la Présence Divine) ». « Ces mots » peut aussi se lire « ces choses », et cette expression fait allusion à la soie. En hébreu, « firmament » (« Rakia ») vient de la même racine que le verbe « étendre ». « Ces mots deviendront des firmaments » signifie donc « lorsqu’on étendra de la soie ». « Qui y résidera » ? « Nul autre que le soleil », or le mot « soleil » en Yiddish, se dit « Zoun », qui signifie aussi « un fils », en Yiddish également. »

Lorsque le Rabbi conclut l’histoire, l’ensemble des présents éclatèrent de rire. Mais le Rabbi garda un visage des plus sérieux, et déclara :

« La surprise ne se trouve pas dans la manière dont il expliqua la phrase citée. La surprise se trouve dans le fait que cet homme a bel et bien engendré un fils ! » Le Rabbi revint sur ces mots à plusieurs reprises, et expliqua : « Du fait de l’obscurité redoublée, on ne comprend rien à ce qui est dit, si ce n’est pas formulé de manière explicite… »

L’atmosphère était devenue grave, et chacun comprit qu’il y avait alors un moment propice, dans le Ciel, durant lequel chacun pouvait demander d’avoir des enfants.

Le Rav Berel Motshkin raconte :

« Durant ce farbrenguen, se trouvaient trois ‘Hassidim qui n’avaient pas encore d’enfants. L’un d’eux prit les paroles du Rabbi au sérieux, et lorsqu’il rentra en Terre Sainte, il se rendit à Tel-Aviv pour acheter un tissu en soie, qu’il étendit dans sa chambre à coucher. Dans la même année, il mérita de donner naissance à un fils ! Les deux autres n’avaient pas mis en pratique ce qu’ils avaient entendu, et ce n’est que lui qui mérita cette descendance. »

Le Rav Na’hman Soudak relata également une autre histoire de ce genre :

« Un Juif d’un certain âge entra en yé’hidout (audience privée avec le Rabbi – ndt), et demanda une bénédiction pour avoir des enfants. Le Rabbi lui recommanda de se rendre à l’Ohel du Rabbi précédent, et de formuler sa demande de bénédiction. Ce même Juif était présent lors du farbrenguen au cours duquel le Rabbi enseigna le nigoun. Mon beau-père, le Rav Bentsion Chemtov, se tourna vers lui, et s’écria : « Sache que le Rabbi fait allusion à toi ! ». Immédiatement, il s’approcha du Rabbi et lui souhaita « Lé’haïm ». Un an plus tard, cet homme se rendit chez le Rabbi afin de lui annoncer qu’il avait eu un fils. Au moment même où il entra dans le bureau, le Rabbi lui demanda : « Et bien ? As-tu suivi mon conseil ? ».

Ce farbrenguen eut lieu quelque temps après le terrible attentat contre l’école « Beth Hasefer Limla’ha » à Kfar ‘Habad, juste avant que les chlou’him (les délégués du Rabbi – ndt) ne s’en aillent renforcer le Judaïsme en Terre Sainte. Certains racontent que lorsque le Rabbi expliqua que ce nigoun avait été composé par le Ari"zal, il ajouta que cela donnera de la force aux chlou’him, afin qu’ils puissent remplir leur mission avec une grande réussite.

Une autre fois, au cours d’une réunion ‘hassidique, le Rabbi s’exprima ainsi : « Je ne sais pas si l’on chante « Assader » comme il convient. Mais ce qui est sûr, c’est que j’ai fait en sorte qu’on en dise au moins les paroles… »

Lors d’un repas qui eut lieu dans la maison du Rabbi précédent, l’un des participants se mit à chanter « Assader » avec un autre air. Le Rabbi le reprit, en chantant avec la mélodie du nigoun : « Non, non, Assader Lis’oudata… »

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