Les versets Bechala'h 14, 13-15 disent : «Moché dit au peuple(1) : n'ayez pas peur, dressez-vous et observez le salut de l'Eternel, qu'Il accomplit pour vous, en ce jour. Car, vous avez vu l'Egypte, en ce jour, mais vous ne la reverrez jamais(2). L'Eternel combattra pour vous et vous, vous resterez silencieux. L'Eternel dit à Moché : Pourquoi M'implores-tu ? Parle aux enfants d'Israël et qu'ils prennent la route !».

Le Midrash Me'hilta, à cette référence, explique : «Les enfants d'Israël, devant la mer, se répartirent en quatre groupes.
A celui qui disait : 'Jetons-nous dans la mer', on répondit : 'Dressez-vous et observez le salut de l'Eternel'.
A celui qui disait : 'Retournons en Egypte', on répondit : 'Car, vous avez vu l'Egypte, en ce jour, mais vous ne la reverrez jamais'.
A celui qui disait : 'Combattons-les', on répondit : 'L'Eternel combattra pour vous'.
A celui qui disait : 'Prions pour cela', on répondit : 'Et vous, vous resterez silencieux'.»

Les enfants d'Israël quittaient donc l'Egypte et ils parvinrent devant la mer Rouge, poursuivis par les Egyptiens. Le peuple se répartit alors en quatre groupes et chacun d'eux proposait une issue à celle situation. Mais, Moché repoussa les quatre propositions et il ordonna : «Qu'ils prennent la route !»

On peut, toutefois, se poser la question suivante ? En quoi la dernière proposition, celle de prier, était-elle mauvaise ? Est-il quoi que ce soit de plus louable que d'implorer le Tout Puissant d'accorder Son salut (3) ?

On peut répondre à cette question en considérant la sortie d'Egypte dans sa dimension morale. En effet, celui qui se libère de son Egypte personnelle(4), de l'étreinte de son âme animale pour retrouver la largesse divine, peut, néanmoins, commettre un certain nombre d'erreurs, qu'il convient d'éviter. Quatre d'entre elles sont les suivantes :

«Jetons-nous dans la mer» : Consacrons-nous à notre propre personne, plongeons-nous dans la mer de la Torah et oublions ce qui nous entoure.
Cette erreur doit être écartée en premier lieu, car nul ne peut se préoccuper uniquement de sa propre personne. Il est nécessaire de mener également une action en Egypte, afin d'en supprimer l'obscurité.

«Retournons en Egypte» : Nous devons, certes, transformer le monde, mais nous le ferons sans grand enthousiasme, car, pour nous, une telle mission est l'équivalent d'un retour à la servitude de l'Egypte.

Il y a, là encore, une conception erronée, car un Juif doit se réjouir d'avoir le grand mérite d'éclairer le monde et d'y bâtir une demeure pour D.ieu.

«Combattons-les» : Nous sommes six cent mille (5) et nous sommes prêts à attaquer, avec tout le courage et toute la détermination qui seront nécessaires.

Cependant, nul ne peut fixer lui-même les règles de la guerre(6), sans s'en remettre à Celui Qui la dirige réellement(7).

«Prions pour cela» : Nous nous en remettrons pleinement aux cieux. Nous prierons et nous demanderons à D.ieu que l'obscurité devienne lumière.

Là encore, ce n'est pas de cette façon qu'il faut agir, car un Juif doit se servir des forces que D.ieu lui accorde et introduire son propre effort pour éclairer le monde.

L'instruction donnée(8) était : «qu'ils prennent la route», qu'ils aillent de l'avant, en appliquant strictement la Volonté de D.ieu, en multipliant la Lumière de la Torah et des Mitsvot, en se rapprochant du mont Sinaï. C'est de cette façon que la mer put s'ouvrir devant eux.

Dès lors, la force cachée de D.ieu apparut à l'évidence et la mer devint terre ferme(9). Son contenu apparut clairement, pour tous(10).

(Discours du Rabbi, Likouteï Si'hot, tome 3, page 876)

Notes :
 (1) Lors de la traversée de la mer Rouge.
(2) Nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, déduisent de ce verset une interdiction de retourner en Egypte.
(3) Pourtant le verset dit bien : «Restez silencieux»
(4) Comme on le sait Mitsraim, l'Egypte, peut également se lire Métsarim, les entraves.
(5) Hommes adultes, lors de la sortie d'Egypte.
(6) Contre le mal.
(7) Et, Qui est donc Seul habilité à promulguer ces règles.
(8) Par Moché, notre maître.
(9) Le monde caché devint le monde révélé.
(10) Comme ce sera le cas dans le monde futur.