Pour elles, c’est la première fois et elles sont si fières…
L’une après l’autre, elles vivent un moment très spécial.
L’une allume sa bougie, couvre son visage de ses mains potelées, se balance d’avant en arrière dans sa charmante robe rose. Elle récite la bénédiction, doucement mais à voix haute. Et si fièrement !
Elle accueille Roch Hachana, la nouvelle année. Elle sait qu’elle peut tout demander et elle prie en ce moment tant attendu. Puis elle regarde sa sœur jumelle qui fait de même et, toutes les trois, nous nous embrassons.
Mes filles viennent d’avoir trois ans. Elles ont rejoint toutes les femmes et jeunes filles qui, dans le monde entier, allument les bougies de Chabbat et Yom Tov pour accueillir la nouvelle année avec davantage de lumière.
J’aime les bougies de Chabbat. J’aime cette pause, cet arrêt du temps, ce contraste entre le chaos d’avant Chabbat et la sérénité silencieuse de ce moment unique. Je me sens liée à toutes les femmes juives, où qu’elles soient : nous sommes liées par la prière et un sens indéfinissable de fierté féminine juive.
Allumer les bougies a pris de plus en plus de sens pour moi au cours des années. Quand j’avais trois ans, j’allumais une bougie et cela signifiait ressembler à Maman. A l’âge de douze ans, je devenais Bat Mitsva, adulte en quelque sorte. Jeune fiancée, j’attendais avec impatience de pouvoir allumer une bougie supplémentaire après mon mariage ; et jeune mariée, je priais pour pouvoir bientôt allumer encore d’autres bougies au fur et à mesure que notre famille grandirait. J’ai toujours prié à ce moment-là, comme toutes les femmes et filles. Pour la santé, le bonheur, la prospérité, l’harmonie dans le foyer ; pour moi, pour nous et pour les autres. Pour nos amis, leurs familles… Et surtout, le plus important : pour avoir des enfants.
Je me souviens si bien, il y a presque quatre ans, le 25ème anniversaire de mon mari et un des jours les plus horribles de ma vie.
Toute une équipe de spécialistes était réunie à mon chevet pour me donner le choix entre trois options, plus insupportables l’une que l’autre : nous avons choisi la moins mauvaise mais qui était aussi très risquée ; et nous avons prié.
D.ieu a entendu nos prières.
Après l’opération, chaque partie de mon corps me faisait mal. Je mis longtemps à me remettre, je ne pus évidemment pas jeûner à Yom Kippour. Le jour de Sim’hat Torah, mon corps expulsa naturellement la masse qu’on projetait de m’enlever avec une opération. Un vrai miracle.
Mais je crois que le plus grand miracle fut que les médecins comprirent mon désir de mettre au monde des enfants. La grossesse fut compliquée, je dus rester au lit durant de longs mois, sans famille ou amies à mon chevet, cherchant simplement à évacuer mon stress le plus naturellement possible.
Je refoulais mes larmes en me souvenant que, la veille de Roch Hachana, j’étais allée avec Avi, mon mari, pour prier au Ohel du Rabbi de Loubavitch pour la naissance d’un enfant… ou deux. C’est si facile pour D.ieu, juste une bénédiction, nous serons de bons parents, nous les élèverons dans la voie de la Torah et ils donneront beaucoup de satisfaction à tout le peuple juif…
Si vous avez déjà dû faire face à une épreuve, vous savez ce que c’est : vous mettez comme un masque sur votre visage, vous souriez, vous dansez dans les mariages… Tout ce que vous espérez, c’est que personne ne vous surprenne en train de pleurer. Je sortis du Ohel, tentant d’effacer les traces de pleurs de mon visage et là, sur l’écran transmettant en continu des vidéos du Rabbi, je le vis alors qu’il s’adressait à une assemblée de femmes, de Chlou’hot plus exactement, ces épouses d’émissaires du Rabbi qui sont elles-mêmes des émissaires à temps plein. Venues des quatre coins du monde, elles écoutaient le Rabbi qui les bénissaient, elles et leurs enfants…
J’avais ma promesse, j’avais mon réconfort.
C’est quand j’arrivais au Congrès international des Chlou’hot, le 22 Chevat, le jour anniversaire de la Histalkout de la regrettée Rabbanit ‘Haya Mouchka que je me rendis compte que j’étais enceinte… de jumeaux. Un an après avoir prié au Ohel avant Roch Hachana, je mis au monde mes jumelles : la première s’appelle Cheina Mouchka (je n’ai pas pu la nommer ‘Haya Mouchka car ma belle-mère s’appelle ‘Haya Sara).
Mes filles ont grandi, elles m’ont vu allumer mes bougies de Chabbat. Je prie pour elles à chaque instant.
Je continue de prier pour elles ; et pour mes amies qui ont besoin de cette même bénédiction : je n’oublie pas leur peine.
Mes filles allument aussi et elles prient aussi. Peut-être pour des sucettes, ou une nouvelle poupée, ou pour passer plus de temps avec maman ou pour une petite sœur… Je ne le saurai jamais.
Mais pour un enfant, le plus important est de savoir qu’il a un lien avec D.ieu et qu’il peut tout Lui demander.
Chaque enfant est un miracle. Mais pour certains, ce miracle prend plus de temps et d’efforts.
Merci infiniment oh mon D.ieu pour ces miracles vivants !
Mina Richler – Chlou’ha à Gloucester County – New Jersey
Traduite par Feiga Lubecki
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- Publication : 8 février 2018