Je supervise une petite production de vin cachère Zinfandel appelée Cuvée Chabad qui est distribuée par la marque Covenant. C’est une façon de rendre service à des consommateurs de vins cachères et d’établir des profits pour financer nos activités du Beth ‘Habad.

Cette année, j’avais décidé de participer à la foire annuelle du vin et de la nourriture cachères à New York pour aider mon ami Jeff et rencontrer des gens intéressés par notre vin.

Alors que je déambulais entre les stands, un jeune homme orthodoxe de la ville de Lakewood reconnut que je devais être un Loubavitch et entama la conversation. Il me raconta que, dans les années 80, il avait assisté à des Farbrenguen (réunions hassidiques) du Rabbi au 770 Eastern Parkway et les avait trouvés très intéressants. Il me demanda pourquoi j’étais là ; je répondis que je suis Chalia’h (émissaire du Rabbi) dans la ville de Napa Valley et que je suis associé avec la société Covenant pour la production de vin cachère. Il affirma qu’il était très impressionné par les résultats extraordinaires des Chlou’him de par le monde, combien il était stupéfait par leur dévouement et leurs conditions de vie parfois très difficiles dans certains endroits.

Puis il désira me raconter une histoire :

Rav Shimon Schwab (1908 – 1995) avait passé un Chabbat avec Rav Israël Meir Kagan, plus connu sous le nom de ‘Hafetz ‘Haïm (1838 – 1933). Le ‘Hafetz ‘Haïm demanda au jeune homme d’alors :

- Savez-vous que je suis un Cohen ?

- Oui ! répondit le jeune étudiant de Yechiva.

- Et vous, êtes-vous un Cohen ?

- Non !

- Et un Lévi ?

- Non plus !

- Et pourquoi n’êtes-vous pas un Cohen ? demanda étrangement le ‘Hafetz ‘Haïm.

- Parce que mon père n’était pas un Cohen ! répondit sur le ton de l’évidence Rav Schwab, de plus en plus étonné par ces questions.

- Et pourquoi ? insista le ‘Hafetz ‘Haïm. Mais il répondit lui-même : Savez-vous pourquoi ? Parce qu’il y eut un moment dans l’histoire juive où notre maître Moché (Moïse) appela : «Qui est pour D.ieu ? Qu’il me rejoigne !». Mon arrière arrière… grand-père a répondu à cet appel mais pas le vôtre ! Et c’est pour cela que mon père était un Cohen et pas le vôtre ! Quand Machia’h viendra, avait ajouté le ‘Hafetz ‘Haïm, chacun voudra accomplir le service sacré dans le Temple : moi, je le pourrai mais pas vous ! Parce que mon arrière arrière… grand-père a répondu à l’appel de Moché mais pas le vôtre ! Et à cause de cela, tous les descendants de votre grand-père ont perdu le droit de participer au service dans le Temple ! Pour toutes les générations ! Souvenez-vous, jeune homme, que quand vous entendrez l’appel : «Qui est pour D.ieu, qu’il me rejoigne !», c’est-à-dire : qui va se lever pour défendre l’honneur de D.ieu – même devant une foule hostile ? Vous devrez courir et répondre à l’appel ! Sinon, vous aurez tout perdu – pour toutes les générations !

Et ce jeune homme de Lakewood conclut : «Les Chlou’him, eux, ont répondu à l’appel de Moché et vous, vous êtes l’un d’entre eux !».

Pendant qu’il me racontait cette histoire, je réfléchissais à un passage du Rambam (Maïmonide) à la fin du livre de Zeraïm que je lui citai : «Ce n’est pas que la tribu de Lévi mais n’importe quel habitant du monde dont l’esprit le porte et il comprend avec sa sagesse qu’il doit se séparer et se tenir devant D.ieu pour Le servir et connaître D.ieu, écartant de son cou le joug des nombreux calculs que recherchent les gens – celui-là est sanctifié comme saint des saints ! D.ieu sera son héritage pour toujours…».

Il me regarda, très surpris et appela plusieurs personnes autour de nous pour leur faire remarquer : «Écoutez ce Loubavitch qui connaît par cœur le Rambam !» : en d’autres termes, nous pouvons encore aujourd’hui répondre à l’appel de Moché dans notre génération et nous dévouer pour D.ieu !

Je restai en contact avec lui par email et voici ce qu’il m’écrivit quelques jours plus tard : «Ce fut un plaisir de vous rencontrer ! Pour moi, ce fut la rencontre la plus intéressante que j’ai faite lors de cette foire ! J’espère vous rendre bientôt visite un jour à Napa Valley. Comme vous avez de la chance de compter parmi ceux que le Rambam décrit, encourage et admire!».

Rav Elchonon Tenenbaum – Collive

Traduit par Feiga Lubecki