Semaine 20

Editorial
Retour sur Lag Baomer

Et si l’on parlait encore une fois, avant qu’il s’efface apparemment de nos mémoires, de Lag Bamoer ? Certes, le jour en est déjà passé et, dans la période, des grands événements nationaux ont paru bouleverser le paysage global. Mais, parfois, il faut savoir revenir aux choses fondamentales, celles qui ne disparaissent pas, que le passage du temps n’érode pas et qui ne font jamais que s’enfoncer plus profondément dans nos consciences comme pour les structurer. Lag Baomer et les enfants… Tout, ou presque, a été dit sur la grandeur du jour et ce dont il est porteur. Il nous reste, à présent, à le regarder vivre encore une fois. Partout dans le monde, des enfants se sont réunis en ce jour. Partout, ils ont paradé dans les rues des villes et ont proclamé leur attachement inébranlable à la Torah, leur fidélité éternelle à la tradition juive. En cela, ils ont été les dignes héritiers de tous ces enfants juifs de toutes les générations qui, contre vents et marées, n’ont pas cessé de faire entendre, haut et clair, ces mêmes affirmations.
Peut-être est-ce justement cela qu’il faut, à présent retenir. De fait, Lag Baomer est un jour d’une élévation spirituelle indescriptible. Mais, nous le savons, si l’on n’y prend garde, le spirituel peut rester cantonné à sa sphère, sans influence sur le monde tel qu’il est. Les enfants qui défilent et qui disent ainsi le profond des choses changent la donne. D’une certaine façon, ils sont des héros, comparables à ceux du passé. A l’époque du Lag Baomer historique, lorsque les armées romaines occupaient Israël et que leurs soldats traquaient ceux qui avaient l’audace d’étudier la Torah, enfreignant les ordres de l’empereur, les enfants furent parmi ceux qui assumèrent la nécessaire résistance. Ils se cachèrent et, en secret, poursuivirent l’étude, au péril de leur vie. Ces enfants-là sauvèrent, par leur courage et leur ténacité, le peuple juif. C’est l’écho de leurs actes qui a retenti dans les parades enfantines de notre temps, dans les sorties dans les bois et les jeux. Et les fières affirmations de lien maintenu avec le judaïsme et de beauté de la vie juive ont répondu aux mots de Torah appris dans la clandestinité.
Heureusement, les temps ont changé et, aujourd’hui, aucun garde ne veille qui nous empêcherait de vivre comme nous le souhaitons. Cependant, notre monde confortable demande aussi son courage particulier : celui de la fidélité, de la conviction, de la vision d’avenir. Le Lag Baomer que nous venons de vivre l’a montré : les enfants possèdent tout cela. Ils sont la récompense de l’éducation juive. Une constatation à retenir.
Etincelles de Machiah
La place des portes

A propos du verset «ses portes s’enfoncèrent dans la terre» (Lamentations 2 : 9), les Sages enseignent (Midrach Ei’ha Rabba sur ce verset) que les portes s’enfoncèrent et furent ainsi cachées. Ainsi, quand Machia’h viendra et que le troisième Temple «descendra du ciel», les portes réapparaîtront et seront remises à leur place. L’idée est surprenante : comme le Temple lui-même descendra du ciel, des portes auraient pu déjà s’y trouver ?
Mais, comme l’enseigne le Talmud (Baba Métsia 53b), «L’homme préfère un ‘Kav’ en propre (de son travail) plutôt que neuf ‘Kav’ appartenant à son prochain». Aussi, dans Sa grande bonté, D.ieu laisse à l’homme une part dans l’œuvre d’édification du troisième Temple : les portes qu’il aura à mettre en place.
(d’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch, Chabbat Parcaht Terouma 5744) H.N.
Vivre avec la Paracha
Behar : Le funambule

Deux mots sont souvent associés et communément perçus comme synonymes alors que la réalité est toute autre.
Ces deux mots sont «foi» et «confiance», émouna et bita’hone.
L’une des approches pour expliquer la différence entre ces deux concepts indique que le premier implique la croyance que D.ieu existe, alors que le second en est la connaissance ou plus précisément une connaissance dans l’esprit, le cœur et l’action.
On raconte une histoire à propos du célèbre maître ‘hassidique, Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev, qui, à la surprise de son beau-père, devint un ‘hassid, peu de temps après son mariage.
Incapable de comprendre ce qui avait poussé son gendre à rejoindre les rangs des ‘hassidim, il le somma sèchement de s’expliquer :
«Que possèdes-tu maintenant en tant que ‘hassid et que tu ne possédais pas précédemment ?» «La foi en D.ieu» fut la brève mais honnête réponse qui lui fut donnée.
Incrédule, l’homme s’exclama : «Mais enfin, tout le monde croit en D.ieu !» Et pour prouver la véracité de ses propos, il demanda à la servante de la maison : «Crois-tu en D.ieu ?» «Bien sûr !» répondit-elle. Rabbi Lévi Its’hak rétorqua alors : «Elle dit que D.ieu existe. Je sais qu’Il existe.»
Pour Rabbi Lévi Its’hak, D.ieu représentait plus qu’une idée théorique. Il était concret et réel.
En fait, s’il fallait douter de quelque chose, ce devrait être de notre propre existence et non de celle de D.ieu. La connaissance qu’évoquait Rabbi Lévi Its’hak ne consistait pas en un contenu théorique et abstrait mais elle était pratique et s’exprimait dans une conviction et un engagement tangibles.
Il ne s’agissait pas de ce qu’il approuvait mais pour qui il votait.
Imaginez le voleur évoqué dans le Talmud. Il s’agenouille devant D.ieu, tout à la fois cambriolant et priant pour réussir son forfait. Un tel comportement est, bien sûr, incohérent. S’il croit en D.ieu, comme peut le suggérer sa prière, comment peut-il commettre un acte interdit par D.ieu, et, encore pire, prier pour réussir ?
Parce qu’il a la foi (émouna) mais qu’il manque de confiance (bita’hone). Dans l’esprit de notre pieux voleur, D.ieu existe quelque part, d’une certaine manière, et sa vie personnelle doit continuer. Il doit mettre du pain sur sa table.
Pour celui qui a confiance en D.ieu, cependant, D.ieu est intimement impliqué dans sa vie. Loin d’être absente, Sa Présence se manifeste et Son intérêt pour nous est constant. C’est pourquoi, c’est sur Sa bénédiction et non sur nos efforts que nous comptons pour réaliser nos attentes.
Si croire en D.ieu semble un exercice facile c’est qu’il a été outrancièrement simplifié.
Certains prétendent que croire en un Etre Suprême et en Sa Providence signifie s’engager dans un chemin de la vie facile, comme si l’on utilisait des béquilles au lieu de marcher tout seul. Mais la véritable confiance demande un engagement et des efforts immenses. Mettre véritablement son sort entre les mains de D.ieu, et non exclusivement dans la parole, l’action ou le cœur, va à l’encontre de notre intuition profonde, un peu comme le fait un funambule !
Bien avant que ne se développe l’industrie du spectacle, le funambulisme proposait une forme commune de divertissement.
Un jour, un célèbre maître de cette pratique se rendit dans une contrée particulière. La rumeur de sa venue se propagea rapidement et un très grand public se rendit à la représentation. C’est dans le plus grand silence que l’artiste grimpa sur l’arbre à partir duquel il commencerait son spectacle dangereux.
Mais juste avant de s’y engager, il s’adressa à la foule :
«Qui croit parmi vous que je peux faire la traversée en toute sécurité ?» La foule manifesta bruyamment sa certitude. Il posa une nouvelle fois la même question et recueillit la même réponse, tout aussi tonitruante.
Alors, il sortit des branches une brouette et demanda plus doucement : «Lequel d’entre vous se porte volontaire pour se mettre dans la brouette que je pousserai durant ma progression sur le fil ?» Le silence était tel qu’on aurait pu entendre une mouche voler.
La foi est la réponse bruyante de la foule. La confiance consiste à se mettre dans la brouette.

Chabbat et la Chemita
Deux Mitsvot sont souvent liées, communément perçues comme identiques alors qu’elles ne le sont pas.
Il s’agit de Chabbat et de la Chemita. Le septième jour de la semaine est Chabbat et l’année chabbatique pour l’agriculture et qui a lieu tous les sept ans est la Chemita.
Il est dit, à propos de Chabbat : «Six jours le travail sera fait mais le septième jour sera Saint pour vous, un jour de repos complet pour Hachem.»
A propos de la Chemita, la Torah rapporte : «Six années tu ensemenceras ton champ, six années tu travailleras ta vigne et tu en recueilleras le produit mais la septième année, la terre aura un repos absolu, un Chabbat pour D.ieu.»
S’agit-il de variations sur le même thème ? Pas exactement.
Le Chabbat, nous honorons D.ieu, en tant que Créateur du monde ; durant la Chemita, nous célébrons D.ieu en tant que Maître du monde.
Nous nous reposons, le septième jour de la semaine, pour attester du fait que D.ieu permit (et continue de permettre) à notre monde d’exister. Et nous nous reposons la septième année pour montrer que nous reconnaissons qu’Il dirige tous les détails de la Création.
C’est la raison pour laquelle, le Chabbat nous nous abstenons de toute activité créatrice, comme le fit D.ieu à la fin de la toute première semaine de la Création. Cela met en valeur notre foi qu’il n’existe qu’un seul et véritable Créateur.
Cependant, durant la Chemita, il est permis de se livrer à des activités créatrices. C’est travailler la terre qui ne l’est pas. Car l’année chabbatique vient nous enseigner qu’il n’existe qu’un seul Propriétaire et Administrateur de notre monde.
Selon les mots de Rachi : «D.ieu dit : ‘Je n’ai pas exclus ceux-là [les produits qui poussent seuls] de votre utilisation ou de votre alimentation, mais plutôt que vous ne devez pas agir en tant que leurs propriétaires…»
Chabbat met en valeur le récit de la Création alors que la Chemita est une affirmation de la Providence Divine.

A un niveau personnel
Il est intéressant d’observer que le mot hébreu pour «sécurité» est bita’hone ou confiance. La foi en D.ieu permet des sentiments de ferveur religieuse. La confiance en D.ieu éveille des sentiments de sécurité.
Le Coin de la Halacha
Comment se comporte-t-on durant la lecture de la Torah ?

L’appelé pousse le rideau de l’arche sainte puis en ouvre les portes. L’assemblée reste debout et récite les versets traditionnels : les jours de fête, on ajoute des prières supplémentaires pour le bien-être de sa famille et pour bénéficier de l’intelligence nécessaire à l’accomplissement des lois contenues dans la Torah. C’est un moment propice pour tout demander à D.ieu.
Celui qui prend le rouleau de la Torah dans sa main droite le transmet à l’officiant. Celui-ci le porte devant l’assemblée qui se tient debout avec respect jusqu’à ce que le Séfer Torah soit posé sur le pupitre.
L’officiant ne s’arrête pas pendant la lecture des Dix Commandements qu’il lit à voix haute. L’assemblée reste debout pendant cette lecture, le visage tourné vers le Séfer Torah. Chacun doit alors se représenter comme s’il était debout devant le mont Sinaï et entendait la voix de D.ieu relayée par celle de Moïse.
Un enfant ne peut être appelé pour lire ou bénir la Torah.
L’adulte qui est appelé ouvre le rouleau, vérifie le début du passage pour lequel il est monté, referme le rouleau, récite la bénédiction puis l’officiant commence la lecture. Une fois celle-ci terminée, on recouvre le rouleau avec son manteau de velours et l’appelé récite la bénédiction finale.
L’officiant doit rester debout pendant la lecture et ne peut même pas s’appuyer contre un mur ou un poteau.
Nul ne peut sortir de la synagogue tant que le Séfer Torah n’a pas été rangé dans l’arche sainte.

F. L. (d’après Hamitsvaïm Kehala’ha)
De Recit de la Semaine
Echange de services

C’était le dimanche matin, Roch ‘Hodech Kislev. Mon mari se trouvait à New York à l’occasion du Congrès annuel international des émissaires du Rabbi.
Dans notre Beth ‘Habad, nous avons eu la visite de Rav Yaakov Karp de Cincinnati. Il se trouvait à Detroit pour rendre visite à sa mère. Il réalisa soudain qu’il avait oublié ses clés à l’intérieur de sa voiture.
Par chance, Yaniv qui est serrurier se trouvait justement dans le Beth ‘Habad. Yaniv est un brave garçon qui avance progressivement dans la voie du judaïsme authentique : l’année dernière il a commencé à fréquenter notre Beth ‘Habad et à s’y sentir à l’aise. Cela ne l’empêche pas d’avoir un look disons un peu spécial – cheveux longs avec queue de cheval et tout le reste. Dès que Yaniv comprit le problème de Rav Karp, il se rendit immédiatement sur les lieux de «l’incident» et, en moins de deux, la portière de la voiture était ouverte au grand soulagement de tous. Il avait vraiment été l’homme qu’il fallait au bon moment et au bon endroit. Rav Karp le remercia.
Au vu de l’apparence de Yaniv et de sa longue queue de cheval, Rav Karp lui proposa de mettre les Téfiline.
« Je les ai déjà mis », protesta Yaniv en montrant les traces des lanières encore visibles sur son bras gauche. D’ailleurs je les mets régulièrement depuis quatre ans à cause de quelque chose de très spécial qui m’est arrivé. Il y a quatre ans, mon épouse Liat devait accoucher mais des complications survinrent et, à l’hôpital, les médecins proposèrent chacun différentes solutions. Paniqués, Liat et moi ne savions pas laquelle choisir et ne savions pas du tout en fonction de quoi choisir. J’ai prié silencieusement pour que D.ieu m’envoie une clé, un indice quant à la procédure à préférer.
Juste à ce moment, quelqu’un frappa à la porte : un rabbin barbu entra dans la chambre et me proposa de mettre les Téfiline. J’ai accepté bien entendu et, tout en accomplissant la Mitsva, j’ai ressenti une sérénité bienvenue qui me permit de réfléchir de façon posée. Liat et moi avons alors pu prendre une décision qui s’est avérée judicieuse et, D.ieu merci, tout s’est très bien passé et notre fils Ori est né en parfaite santé !
Depuis ce jour, j’ai décidé de m’acheter une paire de Téfiline et de les mettre tous les jours, sauf Chabbat et les jours de fêtes juives, évidemment.
- Et où cela s’est-il passé ? demanda Rav Karp, très ému lui aussi.
- Oh, à l’époque nous habitions à Cincinnati !
- Alors, si ma mémoire est bonne, je crois bien que c’est moi qui vous ai rendu visite à l’époque à la maternité ! conclut Rav Karp en embrassant chaleureusement son nouvel et ancien ami Yaniv.

Chaya Sarah Silberberg – West Bloomfield, Michigan
N’shei Chabad Newsletter n°7203
traduit par Feiga Lubecki