La Torah nous ordonne d’aimer chaque Juif, de veiller à son honneur et à son argent exactement comme on le ferait pour soi-même. Il est interdit de haïr un autre Juif comme il est dit : «Tu ne détesteras pas ton prochain dans ton cœur» (Vayikra – Lévitique 17).
Maïmonide affirme dans Hil’hot Deot (6. 6 à 9) : «Si un homme faute envers un autre, celui-ci ne devra pas le haïr et se taire ; au contraire : il devra lui en faire prendre connaissance et lui demandera : «Pourquoi as-tu agi ainsi envers moi ?» comme il est dit : «Tu adresseras des reproches à ton ami». Si son ami s’excuse et demande pardon, on ne devra pas se montrer cruel et on pardonnera sincèrement».
Cependant, si l’on sait que celui qui a vexé ou blessé (par des mots ou des actes) n’est pas très intelligent ou pas très bien élevé… il convient de ne pas lui adresser des remontrances qu’il ne comprendra pas (ou ne voudra pas comprendre) et de lui pardonner dans son cœur sans garder de rancune : telle est «Midat ‘Hassidout», la qualité de celui qui veut servir D.ieu au maximum de ses possibilités.
Par contre, la «haine gratuite» n’est fondée sur aucun grief ; elle résulte d’un préjugé et ne repose sur aucune donnée objective. Celui qui hait gratuitement ne peut supporter la présence de l’autre, ne peut agir de concert avec lui ou même écouter son opinion car il voit en lui un concurrent (dans son métier, dans son étude de la Torah etc.). Cette haine est plus grave que toute autre et c’est elle qui a causé la destruction du Beth Hamikdach, du second Temple.
La seule manière de réparer cette faute est de procéder à l’autre extrême, d’aimer un autre Juif «gratuitement», même si objectivement, il n’y a aucune raison de l’aimer – parce qu’il a été créé par D.ieu, parce qu’il fait partie du peuple juif et parce que c’est le moyen de faire venir plus rapidement Machia’h.

Rav Yossef Ginsburgh
Si’hat Hachavoua n°1125
traduit par Feiga Lubecki

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