Rambam 1 Chapitre

Notons que bon nombre de ces lois ne sont pas la halakha, c'est-à-dire la pratique observée dans les communautés juives. Elles ne sauraient donc en aucun cas être prises comme référence. Veuillez noter également que cette version est un premier essai qui fera l'objet de corrections ultérieures.

10 Mena'hem Av 5781 / 07.19.2021

Lois relatives aux dons dus aux pauvres : Chapitre Dix

1. Il est un devoir d’être attentif au précepte de la charité plus qu’à tous les commandements positifs, car la charité est le signe des justes, descendants d’Abraham notre père, ainsi qu’il est dit : « si je l’ai distingué, c’est pour qu’il prescrive à ses fils […] en pratiquant la charité » ; le trône d’Israël et la foi authentique ne subsistent qu’en vertu de la charité, comme il est dit : « tu seras affermie par la charité ». Et les juifs ne seront délivrés que par la charité, ainsi qu’il est dit : « Sion sera rachetée par la justice et ses rapatriés par la charité ».

2. Un homme ne s’appauvrit jamais du fait de la charité, et aucun dommage n’est causé par la charité, ainsi qu’il est dit : « et l’œuvre de la charité sera la paix » ; quiconque a compassion [pour les pauvres] est traité avec compassion , comme il est dit : « qu’il te prenne en pitié et te dédommage en te multipliant ». Et celui qui est insensible et n’a pas pitié [des pauvres], sa filiation est à remettre en cause, car la cruauté n’existe que chez les non juifs, comme il est dit : « ils sont cruels et n’ont pas de pitié », et tous les juifs et ceux qui les accompagnent sont comme des frères, comme il est dit : « vous êtes des enfants pour l’Eterne-l votre D.ieu » ; si un homme n’a pas pitié de son frère, qui aura pitié de lui ? Et vers qui est-ce que les indigents d’Israël peuvent lever leurs yeux ? Est-ce vers les non juifs qui les détestent et les poursuivent ? Leurs yeux ne sont tournés que vers leurs frères.

3. Quiconque ferme les yeux devant la charité est qualifié de pervers, comme un idolâtre est qualifié de pervers. Et à propos de l’idolâtrie, il est dit : « que des hommes pervers, né en ton sein ». Et concernant celui qui ferme les yeux devant la charité, il est dit : « garde-toi de nourrir une pensée perverse en ton cœur » ; il est qualifié d’impie, ainsi qu’il est dit : « mais les entrailles des méchants ne connaissent pas la pitié », et de pêcheur, comme il est dit : « il se plaindrait de toi au Seigneur, et tu te rendrais coupable d’un péché ». Et le Saint béni soit-Il est proche de l’appel des pauvres, comme il est dit : « Tu entends le cri de détresse des pauvres ». C’est pourquoi, il faut prêter attention à leur plainte, car une alliance a été conclue avec eux, ainsi qu’il est dit : « Or, s’il se plaint à Moi, Je l’écouterai, car Je suis compatissant ».

4. Celui qui donne la charité à un pauvre avec un mauvais visage, la face inclinée vers le sol, même s’il lui donne mille pièces d’or, annule son mérite et le perd ; plutôt, il doit lui donner [la charité] avec un visage bienveillant et avec joie, en prenant part à sa douleur, ainsi qu’il est dit : « moi-même, n’ai-je pas pleuré sur les victimes du sort ? Mon cœur ne s’est-il pas serré à la vue du malheureux » et lui adresser des paroles de supplications et de consolations, comme il est dit : « et je mettais de la joie au cœur de la veuve ».

5. Si un pauvre demande [la charité] et qu’on n’a pas de quoi lui donner, on le console par des paroles. Et il est défendu de s’emporter contre un pauvre ou de lever la voix sur lui, parce que son cœur est brisé et contrit, et il est dit : « un cœur brisé et abattu, ô, D.ieu, tu ne dédaignes point », et il est dit : « pour vivifier l’esprit des humbles, pour ranimer le cœurs des affligés ». Malheur à celui qui fait honte à un pauvre, malheur à lui. Plutôt, il doit être pour lui comme un père dans sa miséricorde et dans sa manière de lui parler, comme il est dit : « J’étais un père pour les indigents ».

6. Celui qui fait pression sur les autres, et leur fait donner la charité a une récompense plus grande que celui qui donne, comme il est dit : « et l’œuvre de la charité sera la paix ». Et concernant les administrateurs de la charité et ce qui est semblable, il est dit : « et ceux qui s’occupent de la charité du public resplendiront comme les étoiles ».

7. Il y a huit degrés de charité, l’un supérieur à l’autre ; le plus haut degré est celui qui soutient un juif qui s’appauvrit et lui fait un don ou un prêt, ou conclut une association avec lui ou lui trouve un travail pour le soutenir avant qu’il n’ait besoin des gens. Et à ce sujet, il est dit : « soutiens-le, fût-il étranger ou nouveau venu, et qu’il vive avec toi », c'est-à-dire soutiens-le avant qu’il ne tombe dans le besoin.

8. [Le degré de charité] en dessous est celui qui donne la charité aux pauvres sans savoir à qui il donne et sans que le pauvre ne sache de qui il reçoit [cet argent], car ceci est une mitsva [accomplie] pour elle-même [sans intérêt personnel], comme la chambre des muets qui était dans le Temple où les justes donnaient discrètement [la charité] et les pauvres de bonne souche étaient ainsi entretenus discrètement. [Un degré de charité inférieur mais] proche [du précédent] : celui qui donne [la charité] dans la boîte assignée à la charité ; et un homme ne doit donner [la charité] dans la boîte [assignée à la charité] que s’il sait que le responsable est digne de confiance, sage, et sait gérer [la caisse] comme il se doit, comme Rabbi Hanina fils de Téradione.

9. [Le degré de charité] en dessous [est le suivant] : le donateur sait à qui il donne mais le pauvre ignore de qui il reçoit, comme les grands sages qui allaient et déposaient de l’argent discrètement aux portes des pauvres ; c’est un bon niveau et c’est ainsi qu’il convient d’agir si les personnes assignées à [la gérance de la caisse de] la charité n’agissent pas correctement.

10. [Le degré] en dessous est que le pauvre sait de qui il reçoit mais le donateur ignore [à qui il donne], comme les éminents sages qui enveloppaient leurs pièces dans leurs draps qu’ils mettaient sur leur épaule, et les pauvres venaient et prenaient [l’argent qu’ils y trouvaient], de sorte qu’ils n’aient point de honte..

11. [Le degré] en dessous est que l’on donne [au pauvre] dans sa main avant qu’il demande.

12. [Le degré] en dessous est qu’on lui donne après qu’il ait demandé.

13. [Le degré] en dessous est qu’on lui donne moins que ce [la somme] qu’il convient avec un visage bienveillant.

14. [Le degré] en dessous est qu’on lui donne avec tristesse.

15. Les grands sages donnaient une pièce à un pauvre avant chaque prière, et suite à cela, priaient, comme il est dit : « puissé-je, grâce à la droiture, contempler Ta face ».

16. Celui qui nourrit ses enfants et ses filles adultes, qu’il n’est pas obligé d’entretenir, afin d’enseigner la Thora aux garçons et d’éduquer les filles de manière à ce qu’elles ne soient pas méprisables, et de même, celui qui entretient son père et sa mère, cela est considéré comme une charité, et c’est une grande charité, car un proche parent a priorité, et quiconque donne à manger et à boire aux pauvres et aux orphelins sur sa table [est considéré comme quelqu’un qui] s’adresse à D.ieu et Il lui répondra et prendra plaisir, ainsi qu’il est dit : « alors tu appelleras et D.ieu répondra ».

17. Les sages ont conseillé que ses servants soient plutôt des pauvres et des orphelins plutôt que par des esclaves [cananéens] ; il vaut mieux pour lui que l’homme soit servi par ceux-ci et que des descendants d’Abraham, Isaac et Jacob profitent de ses biens plutôt que n’en profite la descendante de Ham. Car toute personne qui multiplie les serviteurs jour après jour multiplie la faute et le péché dans le monde. Et si ses serviteurs sont des pauvres [juifs], à chaque instant, il rajoute des mérites et des bonnes actions.

18. Un homme devra toujours se restreindre et accepter la souffrance plutôt que d’en appeler à la charité des créatures et il ne dépendra pas de la communauté. De même, les sages ont recommandé et ont dit : « fais de ton chabbat un jour [comparable à] un jour profane [en ne marquant pas le chabbat trois repas] plutôt que d’en appeler à la charité ». Même si c’était un homme sage et honorable et qu’il s’et appauvrit, il s’investira dans un artisanat, et même dans un artisanat dégradant plutôt que d’en appeler à la charité ». Il est préférable de tanner la peau d’animaux de cadavre plutôt que de dire aux peuples : « je suis un grand sage, je suis un cohen, entretenez-moi », et c’est à ce propos que les sages ont donné la recommandation [ci-dessus]. Parmi les grands sages, il y avait des bûcherons, des porteurs de poutres, des puiseurs d’eau pour les jardins et ils travaillaient le fer et le charbon et ils n’ont pas demandé à la communauté [la charité] et n’ont pas accepté lorsqu’on leur a donné.

19. Toute personne qui n’est pas dans le besoin et qui trompe le peuple en prenant [la charité] ne mourra pas de vieillesse avant d’être dans le besoin et il rentre dans la catégorie [décrite par le verset] : « maudit soit l’homme qui place sa confiance dans l’homme », et toute personne qui est dans le besoin et qui ne peut pas vivre sans prendre la charité, comme une personne âgée, un malade, des personnes frappées par le malheur, et fait preuve de fierté et de prend pas (la charité], il est considéré comme un meurtrier et il est responsable de sa vie et sa souffrance ne constitue que des fautes et des culpabilités. Et toute personne qui est dans le besoin mais qui accepte la souffrance et qui se restreint et vit une de souffrance afin de ne pas imposer une charge à la communauté ne mourra pas de vieillesse avant d’en arriver à entretenir les autres de ses propres moyens, Et à son propos et à propos de toute personne semblable, il est dit : « Béni soit l’homme qui place sa confiance en D.ieu ».


FIN DES LOIS DES DONS DUS AUX PAUVRES, AVEC L’AIDE DE D.IEU