Le Chabbat des sicles : c’est la première des quatre sections (les Arba parachiyot) qui s’échelonnent de la fin du mois de Chevat à la fin du mois d’Adar ou, pour les années qui en comportent deux, de la fin du premier à la fin du second mois d’Adar.

Ce Chabbat donc, deux rouleaux de la Torah seront sortis. Dans le premier sera lue pour les sept appelés la paracha de la semaine. Dans le second on lira pour le maftir le texte se trouvant dans Chemot (Exode) 30-11 à 16.

Pourquoi ? Au temps du Temple, une contribution d’un demi-sicle (ma’hatsit hachékel) était demandée à chaque homme en Israël comme participation au culte dans le Sanctuaire. Chaque année, c’est avant le premier Nissan que cette contribution devait être remise au trésorier du Temple. Ainsi dès Roch ‘Hodeche Adar on annonçait le paiement prochain à effectuer. Et nos Sages ont ordonné que, de surcroît, la lecture soit faite  le Chabbat précédant Roch Hodèche (ou lors du Chabbat qui coïncide avec le Roche ‘Hodèche) du texte de l’Exode ordonnant le « prélèvement pour l’Eternel d’un demi-sicle » pour chaque homme à partir  de l’âge de vingt ans. Malgré la destruction du Temple, l’usage de cette lecture est demeuré.

Etrange commandement pourtant que celui-ci dont le texte même de l’Exode (30-15) nous dit que : « Le riche n’augmentera rien et le pauvre ne diminuera rien de la moitié du sicle pour donner le prélèvement de l’Eternel, pour obtenir expiation pour vos âmes ».

De quelle expiation s’agit-il à ce moment du récit biblique ? De rien moins que du péché de l’adoration du veau d’or ! Comment le simple don d’une pièce  pouvait-il permettre d’atteindre pareil résultat ? Comment,  alors qu’une faute aussi grave avait, par nature, affecté l’essence même de l’âme de ceux qui y avaient succombé ? Et pourquoi un demi-chekel, la moitié seulement d’une unité monétaire, quand on nous enseigne traditionnellement qu’il faut réserver le meilleur pour D.ieu ? Moïse notre Maître en fut si surpris que, nous dit le Talmud, il lui fut montré « comme une sorte de pièce de monnaie de feu » pour illustrer le commandement.

Mais l’incomplétude de cette moitié de sicle est à l’image de notre propre incomplétude. Notre union avec D.ieu ne peut pas être l’union de deux entités d’abord séparées et autonomes. Hors de cette union un juif est incomplet, inaccompli. Hors d’elle, nous ne sommes pour ainsi dire que la « moitié » d’un tout.  C’est seulement en étant réuni à Lui, dans l’unité parfaite qui ne peut pas résulter de la simple addition de deux entités distinctes, en retrouvant l’unité fondamentale qui nous lie à notre Créateur, que nous parvenons à la plénitude véritable d’êtres entiers. Pareille recherche est menée à travers l’accomplissement des mitsvot et l’étude de la Torah animés par l’incandescent amour évoqué par la flamme dont brulait le demi-chekel montré à Moïse.