La vie est semée de frontières et de barrières. Certaines sont très importantes pour mener une existence saine et sont établies et promues par la Torah. D’autres sont plus ambigües et la Torah elle-même nous dit qu’il faut les franchir pour réaliser des idéaux plus élevés.
Notre Paracha évoque le fait de franchir des barrières. Pin’has, le petit-fils d’Aharon, nous fournit l’exemple le plus élevé de celui qui est «zélé». A la fin de la Paracha de la semaine passée, Moché et Aharon se trouvaient confrontés à une situation face à laquelle ils se sentaient désarmés. D’une façon très publique, un chef juif, la tête de l’une des douze tribus, traînait dans la boue le concept même de l’identité juive, en se liant ouvertement avec une femme de Midian. Moché sanglotait. Etait-ce là la fin du Peuple Juif ?
C’est alors que Pin’has s’avança, un glaive à la main et géra, apparemment à sa manière, la loi (il les exécuta tous deux). Nous le voyons sembler briser les lois juives qui exigent un procès soigneux avec la recherche de preuves irréfutables et un jugement. Et pourtant, au début de notre Paracha, D.ieu le loue pour cette action.
Les Sages discutent sur cet événement et nous en présentent une image quelque peu différente. Il est vrai que Pin’has outrepassa certaines frontières. Mais il n’en resta pas moins à l’intérieur de la loi de la Torah. Dans la pensée juive, certaines actions sont décrites comme restant dans les limites de la loi sans, toutefois, pouvoir être prononcées par une cour de justice. («C’est réellement la loi mais on ne peut en donner l’instruction»). L’action de Pin’has appartient à cette catégorie. Il s’agissait alors d’une situation désespérée qui requerrait un remède désespéré et Pin’has fit ce qu’il fallait. C’est pourquoi D.ieu l’en félicite d’une façon si remarquable.
Que peut-on apprendre de ces faits pour notre propre vie ? Le Rabbi suggère que transférer ce concept de «briser les frontières» dans le royaume du positif, c’est exprimer l’Ahavat Israël, l’amour idéal du prochain.
Il existe tout d’abord la structure normale d’une vie juive idéale : une communauté chaleureuse, proche, un cercle familial intime, une vie baignée dans des activités juives typiques. C’est là le but de tout couple engagé, observant et conscient.
Le Rabbi suggère de suivre l’exemple de Pin’has : rester dans la loi de la Torah mais de briser certains aspects de sa structure, parce que, parfois, un Juif est dans le besoin. Invitez une personne à votre table du Chabbat, peut-être n’a-t-elle jamais vécu cette expérience ! Passez du temps avec elle, aidez-la à ressentir un sentiment d’appartenance plutôt que de vous occuper à remplir vos devoirs conventionnels. Peut-être même abandonnez votre communauté confortable et partez vivre là où il y a des Juifs mais pas de Cacherout, pas d’école juive, aucun des avantages de la vie communautaire juive. Et instaurez la Cacherout, construisez des écoles, aidez les autres Juifs à découvrir le sens d’être Juif. Et parce que vous aurez brisé des barrières, poussé par votre amour, vous réussirez à faire renaître la véritable identité juive.

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