La pierre angulaire d’un mariage réussi est l’empressement de chaque partenaire à accomplir la volonté de l’autre. Si l’un des deux exprime un désir, l’autre fera tout ce qui lui est possible pour donner satisfaction à son conjoint.
Un plus grand amour encore est exprimé quand chacun des partenaires aspire également à accomplir les désirs implicites (non exprimés) de l’autre. Pour le conjoint réellement dévoué, il ne fait aucune différence si le désir a été prononcé à haute voix ou s’il l’a deviné: il investira les mêmes efforts pour apporter satisfaction à son conjoint.
Et en dernier lieu, dans certains mariages, l’allusion la plus discrète n’est même pas nécessaire. Le lien unissant le mari et son épouse est si profond que chacun sait intuitivement ce que l’autre veut de lui ou d’elle. En fait quand les deux personnes éprouvent mutuellement de tels sentiments, la joie la plus grande qu’ils puissent ressentir est d’avoir su deviner et satisfaire le désir de l’autre.

Trois degrés de commandements

Le mois de Tichri est un mois rempli de Mitsvot, d’opportunités pour accomplir la volonté divine. Pendant trente jours, la pensée et l’emploi du temps de chaque Juif sont remplis de prière, de retour à D.ieu, de jeûnes, de danses, de construction de la Soucca, d’acquisition du Loulav , de l’Etrog ou d’un bouquet de Hochaanot et de dizaines d’autres Mitsvot, coutumes et observances.

Ces préceptes de Tichri tombent dans trois catégories générales. Se distinguent tout d’abord les “préceptes bibliques”, commandements statués explicitement dans laTorah. Ils incluent les Mitsvot comme celle de faire résonner le Chofar, jeûner à Yom Kippour ou manger dans la Soucca. Il existe aussi un nombre de “préceptes rabbiniques”, des observances instituées par les Prophètes et les Sages investis d’une telle autorité par la Torah. L’on peut citer en exemple le service des cinq prières qui se tient à Yom Kippour et l’utilisation des “Quatre espèces” tous les jours de Souccot (à l’exclusion du premier jour où la Mitsva est alors un précepte de la Torah).
Enfin le mois de Tichri comprend de nombreux “Minhagim” ou coutumes, comme celles de manger une pomme trempée dans le miel, le premier soir de Roch Hachanah ou faire les Kapparot à l’aube du jour qui précède Yom Kippour. Les Minhagim ne sont pas ordonnés par la loi biblique ou rabbinique mais par la force de la coutume: nous les avons nous-mêmes initiés pour embellir le service de notre Créateur.

L’apogée du mois de Tichri, le point où notre célébration des fêtes de D.ieu atteint le summum de la joie, se vit à Sim’hat Torah pendant les Hakafot, lorsque nous prenons dans nos bras les rouleaux de la Torah pour danser avec eux autour du pupitre dans la synagogue. Ce qui est extrêmement surprenant c’est que ces Hakafot ne sont ni une injonction biblique, ni un précepte rabbinique mais simplement une coutume!
Car c’est par notre observance des coutumes que nous exprimons la profondeur de notre amour pour D.ieu. Le commandement biblique peut être comparé aux désirs exprimés expressément par deux personnes liées par le mariage. Les observances rabbiniques que D.ieu ne nous a pas ordonnées directement mais qui constituent aussi l’expression de la volonté divine* ressemblent aux requêtes implicites entre deux époux. Mais les Minhagim représentent ces domaines dans lesquels nous sentons intuitivement comment nous pouvons apporter à D.ieu du plaisir et c’est alors que s’exprime notre joie la plus grande.

*Avant d’accomplir une Mitsva rabbinique, nous récitons une bénédiction qui commence par les mots: “Béni sois-Tu l’Eternel…Qui nous as sanctifiés par Ses commandements et nous a enjoint de …” Car puisque D.ieu nous a commandé d’accomplir les Mitsvot instituées par les Sages, ce sont des commandements divins; la seule différence entre les Mitsvot bibliques et les Mitsvot rabbiniques est que les premières expriment plus explicitement la volonté de D.ieu. Ainsi, accomplir un commandement rabbinique est une preuve de plus grand engagement car nous exprimons alors une dévotion égale pour ces désirs divins que D.ieu ne nous a pas exprimés ouvertement.

La marchandise de Michaël

Lors d’une réunion tenue à Sim’hat Torah, le Baal Chem Tov raconta l’histoire suivante à ses disciples: le matin de Sim’hat Torah, tout le monde dort un peu tard à cause des Hakafot et des festivités du soir précédent. Néanmoins, les anges célestes ne disent pas “Le’hayim” à Sim’hat Torah si bien que le matin suivant ils se lèvent à l’heure normale pour l’office. 
Mais les anges se retrouvèrent avec rien à faire, comme l’exprime le Talmud: “quand les étoiles du matin chantent ensemble, les étoiles célestes répondent, “les anges ne peuvent chanter les louanges de D.ieu dans le ciel avant qu’Israël ne chante Ses louanges sur terre”. Ainsi décidèrent-ils de faire un peu de “ménage” dans le jardin d’Eden.
Ils le trouvèrent jonché d’objets étranges: des chaussures déchirées, des talons cassés… Les anges étaient accoutumés à trouver des Tsitsit, des Tefilines et des objets similaires mais jamais ils n’avaient rencontré ce type d’objets. Ils décidèrent de demander à l’ange Michael, l’avocat suprême du peuple Juif, s’il savait d’où tout cela provenait.
“ Oui, répondit Michael, c’est ma marchandise. Ce sont les restes des hakafot de la nuit dernière au cours desquelles les Juifs ont dansé avec la Torah ”. Michaël se mit à compter et empiler les chaussures déchirées selon les communautés : tant et tant de Kraminkeh, tant et tant de Mezeritch etc.
“Matat, chantonna Michaël se référant au plus prestigieux des anges de la cour céleste, fait des couronnes pour D.ieu à partir des prières d’Israël. Aujourd’hui, je fabriquerai une couronne encore plus glorieuse pour D.ieu, à partir de ces chaussures déchirées”.