Pendant cette année. si nous partons en voyage, il ne suffit pas de réserver les places d'avion, et de commander un repas strictement cacher. Il faut voir comment nous pourrons respecter la Chemita une fois arrivés à destination. Nous avons l'habitude de donner beaucoup d'importance et de solennité aux fêtes annuelles. La Chemita est une Mitsva que nous ne rencontrons qu'une fois tous les sept ans Efforçons-nous de lui donner toute son importance.
Dans ce dossier, nous vous proposons un aperçu trés succinct des lois de la Chemita. En tout état de cause, le lecteur devra consulter une autorité rabbinique pour avoir un avis éclairé sur la consommation des fruits et légumes d'Israël durant l'année de Chemita 5775.
Les travaux interdits
Il est important de noter que l'interdiction s'appliquant à ces travaux commence à Roch Hachana de l'année en question et se termine le dernier jour de l'année à la tombée de la nuit. Les travaux suivants ne concernent que la Terre d'Israël : disperser, aroser, couper des branches, élaguer, semer, vendanger, récolter, planter, labourer. quant aux jardins. tout travail tel qu'élagage, émondage, etc est interdit, y compris tondre le gazon. Ces interdictions concernent autant un Juif que son employé non-juif.
La sainteté des produits agricoles de la Chemita
Durant l'année de la Chemita, les produits de la terre sont investis d'une sainteté -Kédoucha- qui nous oblige à les traiter et à les utiliser d'une façon particulière.
Cela concerne les fruits, les légumes, les céréales, les épices et toutes les graines qui peuvent être consommés par l'homme ou par l'animal.
Il sera donc interdit :
• De les abîmer ou de les jeter.
• De les commercialiser.
• De les utiliser d'une manière inhabituelle.
• D'en faire consommer à un non-juif.
• De les donner à un animal s'ils sont encore consommables.
• De les faire sortir d'Erets Israël.
Nous apprenons cela du verset : Cette année doit être pour vous une chose sainte» (Vayikra 25/12) D'après certains décisionnaires, il faut inclure également certaines fleurs et plantes d'intérieur que l'on utilise par exemple pour leur parfum.
La consommation des produits agricoles de la Chemita
■ Définition des fruits de la Chemita
Ce n'est pas obligatoirement le moment de la récolte qui définit l'appartenance à l'année de la Chemina. Nos Sages nous ont transmis dans le Talmud (Roch Hachait 13b) des dates et des périodes bien précises pour chaque catégorie de fruits.
Il faut distinguer trois catégories de produits : les fruits de l'arbre, les légumes et les céréales.
■ Les fruits de l'arbre
Pour les arbres, c'est le moment du bourgeonnement ('Hanata) qui déterminera l'année des fruits. Si la 'Hanata a lieu pendant l'année de la Chemita, les fruits seront investis de kédoucha. Un fruit qui aurait atteint le tiers de son développement durant l'année de Chemita, avant le 1er Tichri 5776, c'est le cas en général de certains agrumes, même s'il est cueilli seulement durant l'hiver 5776, sera néanmoins considéré comme étant de la septième année, et il faudra se comporter en conséquence.
Cela signifie que l'année prochaine, en 5776, il faudra encore être vigilant quant aux fruits de la Chemita de 5775.
■ Les légumes
Pour les légumes c'est le moment de la cueillette effective qui en déterminera l'année. Car les légumes ne se suffisent pas des eaux de pluie, il faut compléter leur alimentation en eau par un arrosage régulier. Leur année est donc fixée en fonction du moment où ils sont arrivés à maturité, lorsqu'ils n'ont plus besoin d'eau. (Talmud Roch Hachana 13-14).
■ Les céréales et autres grains
Pour cette catégorie de faits. c'est le moment où Ils ont atteint le tiers de leur volume final.
■ Les olives et les raisins
Les olives et les raisins ont un statut spécial : ce n'est pas la 'Hanata (bourgeonnement) qui sera déterminante dans leur cas, mais le tiers du développement ou du mûrissement.
Pour chaque fruit et légume existe un calendrier variable quant aux dates d'expiration des interdictions. Dans tous les cas, il faudra consulter une autorité rabbinique pour connaître ces dates. Les lois de la Chemita s'appliquent aux produits agricoles qui poussent en Israël mais aussi à ceux qui sont exportés en Diaspora.
■ Les conséquences pratiques pour les agriculteurs et les consommateurs
Tout propriétaire a l'obligation de laisser libre accès (hefker) à ses champs. Aucun paiement n'est dû et en cas d'infraction l'argent sera traité comme les fruits eux-mêmes. Il est interdit de jeter un aliment encore bon à consommer.
La coutume est de laisser les épluchures et les restes dans un sachet plastique jusqu'à ce qu'ils pourrissent. Les fruits de la Chemita sont réservés uniquement à la consommation et ne pourront servir à d'autres fins. Il est interdit de les cueillir avant qu'ils arrivent â maturité car ceci est considéré comme une forme de détérioration des fruits.
Un légume consommé cuit ne pourra pas être consommé cru. De même, un légume ou un fruit consommé cru ne pourra pas être cuit.
Héter Mé’hira ou l'autorisation de vente des terres à des non juifs
Les avis des décisionnaires restent partagés sur la question suivante : certains permettent de vendre des parcelles de terre à des non-juifs et dans ce cas, la production fruitière d'Erets Israël se trouve soustraite aux lois de la Chemita. D'autres rabbins aussi bien séfarades qu'ashkénazes s'opposent formellement à cette vente.
A l'étranger où les produits "made in Israël", garnissent les étalages, quelle conduite adopter ?
Il vaut mieux éviter d'acheter tous les produits en provenance d'Israël et se suffire des productions locales. Il faudra donc se faire à l'idée que les oranges de Jaffa ou les avocats Carmel ne seront pas sur nos tables durant cette année et une partie de l'année prochaine.
La rémission des dettes
L'année de la Chemita annule les dettes que l'on a contractées vis-à-vis de son créancier, comme il est dit : "Tout créancier fera remise de sa créance ; il n'exercera pas de contrainte sur son prochain " (Deut. 15/ 2) La Mitsva d'annuler les dettes se divise en deux parties. 1) Une Mitsva positive pour celui qui aurait prêté de l'argent à un autre juif, dés lors qu'il renonce à ses dettes. 2) Une Mitsva négative qui consiste à ne pas réclamer sa dette à l'emprunteur.
Le Prozboul
L'annulation des dettes ne s'applique que sur une dette due à un particulier et non pas aux tribunaux. Le tribunal Rabbinique n'est pas considéré comme étant "ton prochain" et toute réclamation monétaire pourra être effectuée par son intermédiaire.
A une certaine époque. les gens refusèrent d'accorder des prêts à l'approche de l'année de la Chemita, de peur de voir leurs dettes s'annuler. Ils transgressaient donc la Mitsva de la Torah qui nous met en garde contre le refus de prêter aux nécessiteux.
Le Sage Hillel Hazaken instaura donc l'écriture d'un contrat permettant au prêteur de transférer la créance au tribunal local afin qu'il puisse récupérer l'argent en son nom.
Voici la teneur du Prozboul :
"Moi, un tel, je vous remets à vous. juges, tel et tel de tel endroit, toutes mes créances de façon â ce que je puisse encaisser toute dette qu'un tel me devrait en tout temps que je désirerai "
Les juges ou les témoins contresignent l'acte.
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- Publication : 4 novembre 2014