La Sidra de Be'houkotaï (Vayikra 26:3-2:34) s'ouvre avec la promesse de D. ieu d'une prospérité matérielle accordée à celui qui adhère à Ses commandements: "si tu vas selon Mes statuts et gardes Mes commandements et les accomplis, Je te donnerai la pluie en son temps et la terre donnera ses produits et les arbres des champs fourniront leurs fruits..." et elle continue en énumérant les multiples bénédictions qui couleront lorsque nous accomplirons le plan Divin pour la vie sur terre.
De nombreux commentateurs s'interrogent sur l'emphase portée sur la récompense matérielle le pour l'observance des mitsvot. Des récompenses spirituelles attribuées à l'âme une fois qu'elle est libérée des contraintes et des limites du corps ne renverraient-elles pas plus adéquatement à une vie basée sur la volonté de D.ieu?
Le Rabbi approche cette problématique sous un angle législatif. Si nous utilisons la loi de la Torah comme critère, quelles sont les "obligations" de Dieu à notre égard lorsque nous accomplissons la tâche qu'Il nous enjoint? Y a-t-il une base légale à nos prières quotidiennes pour la vie physique, la santé et la subsistance?
Afin de définir les obligations légales de Dieu à notre encontre, il nous faut d'abord définir notre relation légale avec Lui. En fait, il existe trois modèles de cette relation: l'esclave, l'employé et le partenaire.
Auquel de ces modèles notre vie se conforme-t-elle? Cela dépend entièrement de nous. Le Talmud ( Meguilah 12b) déclare: la manière dont l'homme se mesure, il est mesuré". Dieu nous laisse définir notre vision de la vie et notre relation avec Lui et c'est réciproquement qu'Il se lie alors à nous.
Certains tendent à se considérer comme les esclaves d'un maître autoritaire: "Je n'ai pas demandé à naître, je n'ai pas été consulté quand les lois gérant la vie ont été formulées. Tout ceci m'a été imposé, comme les Ethiques de nos Pères le formulent: "contre ta volonté tu es né, contre ta volonté tu mourras". Mon maître est tout puissant, je n'ai qu'à accomplir Ses commandements.
" D'autres adoptent l'attitude moins passive de l'employé. "J'ai un travail à accomplir et j'y investirai tous mes efforts. D.ieu n'a-t-Il pas promis de récompenser mon labeur? Il est vrai que nos Sages ont établi qu'il n'y a pas de récompense dans ce monde, mais il est certain que les récompenses du monde futur feront plus que de simplement rétribuer mes efforts présents." C'est la vison qu'offre Rabbi Tarfon dans ses paroles qui concluent le second chapitre des Ethiques de nos Sages.
Enfin d'autres considèrent la vie comme un partenariat. Eux aussi sont esclaves dans la mesure où ils reconnaissent la domination absolue de Dieu sur leur vie; ils sont également des employés dans le sens où ils sont conscients qu'Il a défini leur tâche dans la vie et a promis de les récompenser pour leurs efforts. Mais ils croient également que l'homme a été pourvu de l'aptitude à faire de sa vie un partenariat avec Dieu. Comme associés de Dieu, ils développent leur personnalité et leur monde en accord avec la volonté divine, non parce qu'ils le doivent, pas simplement pour «faire leur travail» mais comme une entreprise personnelle. La vie est une aventure qu'ils partagent avec Dieu, une aventure conçue et rendue possible par Lui mais nourrie par leurs propres initiatives et ambitions.
L'analyse de la Torah
Comment la Torah ana lyse-t-el le ces trois modèles de la relation entre l'homme et D.ieu?
A première vue, il semblerait que quelle que soit la manière dont nous définissons notre relation avec Dieu, notre labeur pour Lui ne L'oblige en aucune façon vis-à-vis de nous, en tous les cas pas dans nos besoins et désirs matériels.
Mais un regard plus précis révèle une série de lois commandées par Dieu dans la Torah et qui [obligeraient à pourvoir à nos besoins quotidiens dans les trois cas, que nous définissions nos relations avec Lui comme celles d'un esclave, d'un employé ou d'un partenaire.
L'esclave: "le maître a le devoir de rendre son esclave ou sa servante hébreux égaux à lui-même dans l'alimentation, les vêtements et le logis. "Tu ne peux manger du pain raffiné et le faire manger du pain brut, boire du vin vieux et le faire boire du vin nouveau, dormir dans des fibres douces et le faire dormir sur la paille... Ainsi a-t-il été dit que celui qui acquiert un esclave acquiert un maître" ( Michné Torah-Kidouchi n 20a).
Dans Bamidbar 23:24-25, nous lisons: "quand tu pénètres dans le vignoble de ton prochain (comme employé) tu peux manger des raisins à satiété... Quand tu pénètres dans le champ de ton prochain, tu peux ramasser des graines avec tes mains..." Nos Sages expliquent ces versets ainsi: «aux travailleurs employés pour récolter les produits de la terre qui n'a pas encore atteint son état final... l'employeur doit permettre de manger du produit qu'ils travaillent". Cela est indépendant du salaire dû par l'employeur au terme de l'engagement.
Le partenaire: une loi concernant le partenariat correspond à notre relation avec le Tout Puissant: "si une personne donne des oeufs à un fermier pour que ses poules les couvent et qu'il élève les poulets, avec la condition que le profit soit divisé entre eux, elle est aussi obligée de lui payer les frais d'élevage et de nourriture" ( Michné Torah). Ne confier cette tâche que pour la promesse du partage serait une violation de l'interdiction de la pratique de l'usure. Ainsi quand D. ieu nous donne un monde à développer et à perfectionner comme un partenariat, la loi de la Torah Le mandate également pour pourvoir à nos dépenses quotidiennes engagées par ce travail.
Ainsi lorsque nous nous adressons à D.ieu par la prière, nous pouvons le faire, confiants que quel que soit le niveau que nous avons atteint dans notre identification de notre mission sur terre, que ce soit celle de l'engagement d'un partenaire, ou seulement la responsabilité d'un employé ou encore la résignation d'un esclave, Il pourvoira certainement à nos besoins et nous bénira par la santé, la subsistance et la tranquillité.
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- Publication : 26 mai 2016