Cette lecture de la Torah commence en rappelant comment périrent les fils d’Aharon, lorsqu’ils pénétrèrent dans le Saint des Saints avec un feu étranger. Elle relate ensuite l’ordre du service des sacrifices de Yom Kippour.

Pourquoi est-il fait mention de la mort des fils d’Aharon ? Parce que les circonstances de leur mort apportent deux leçons à appliquer dans notre service Divin.

Il s’agit tout d’abord d’un enseignement positif : chaque Juif a le potentiel de se rapprocher de D.ieu comme ils le firent, et par ailleurs d’une leçon négative : leur service fut considéré comme une faute. Bien qu’ils aient voulu se rapprocher de D.ieu, ils ne pensaient pas investir cette proximité dans une vie qui se déroule dans les limites d’une existence ordinaire.

Ces deux perspectives se reflètent dans le nom de cette Paracha. Certains s’y réfèrent comme à A’haré et d’autres l’appellent A’haré Mot. Il est possible de dire que l’utilisation d’un des noms ou de l’autre dépend de la dimension que l’on veut mettre en valeur.

A’haré veut dire «après». L’élévation du lien qu’atteignirent les fils d’Aharon généra le potentiel d’une proximité similaire dans le Peuple juif «après cela».

A’haré Mot («après la mort»), par contre, met l’accent sur l’issue négative qui résulta de l’échec à compléter cette proximité avec D.ieu par un engagement à développer Sa conscience dans ce monde matériel. Ce concept est également lié au service du Grand Prêtre à Yom Kippour. Il pénétrait alors dans le Saint des Saints, faisant descendre la Présence Divine. Il rappelait à ce moment la leçon des fils d’Aharon, se souvenant de l’importance, non seulement de pénétrer dans le Saint des Saints mais aussi d’en repartir, et par la suite faire durer cette proximité dans la vie de tous les jours.

La coutume ‘Habad veut que l’on appelle cette lecture de la Torah A’haré, mettant en lumière la proximité avec D.ieu que chaque Juif peut atteindre. Car le cœur de chaque âme juive est d’être unie à D.ieu, de façon inaltérable. Ce lien surpasse celui qui s’établit par l’observance des mitsvot. Bien qu’elles aussi créent un lien entre celui qui reçoit le commandement et Celui qui le donne, les deux restent des entités séparées. Mais dans leur essence, les Juifs et D.ieu forment absolument Un. C’est ce niveau de conscience qui fait surface lors du service de Yom Kippour.

A ce niveau de l’âme, l’obéissance du Juif à D.ieu n’est pas une question de choix, il n’y a ni récompense ni punition, mais une réponse purement naturelle, une simple expression du moi profond. Comme le disait Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev, ce n’est pas l’engagement à l’observance qui empêche un Juif de manger à Yom Kippour. A Yom Kippour, quel Juif veut manger ?

Et à partir de Yom Kippour, ce lien peut se poursuivre comme l’indique A’haré : «après», élevant le spectre entier des Mitsvot à un niveau supérieur. Ce lien profond entre le Juif et D.ieu peut imprégner chaque aspect de la vie. Ainsi, le combat de l’existence quotidienne ne peut menacer le dévouement à l’Eternel, car alors, un être mortel est continuellement connecté à D.ieu, sans aucune possibilité de séparation.

Perspectives

Yom Kippour est considéré comme un avant-goût de l’Ere de la Résurrection où nos âmes redescendront dans nos corps et pourtant, il n’y aura aucun besoin de manger ou de boire car l’âme tirera sa nourriture de la Divinité alors révélée.

Les explications précédentes permettent également de comprendre ce qu’affirment nos Sages, à savoir que l’observance des Mitsvot sera annulée dans l’Ultime Futur. Le mot Mitsva signifie «commandement». Cela ne signifie pas, à D.ieu ne plaise, que nous n’observerons pas les Mitsvot dans l’ère future mais qu’alors, notre observance ne viendra pas en réponse à un commandement de D.ieu. Nous le ferons naturellement, presque sans y penser. Puisque la Divinité essentielle de notre âme et du monde sera révélée, aucune autre option ne se présentera. Tout comme nos corps respireront, ils observeront également les Mitsvot.