Généralement, Techouvah est traduit par repentance. Toutefois, ce terme n'est pas issu du judaïsme. La traduction littérale de Techouvah est : retour. Le contraste entre ces termes nous permet, comme on va le voir, d'aborder une perspective radicalement nouvelle quant au rapport de l'homme à D.ieu.
La repentance implique un renversement de notre conduite antérieure. Elle suppose une conscience suffisamment claire des erreurs contenues dans nos actions passées, et la ferme résolution de les éviter à l'avenir. La repentance est motivée par la conscience de nos fautes, de nos faiblesses, de nos imperfections. Une conscience qui joue alors comme une force motrice et nous impose de modifier et améliorer nos actes.
Le concept de Techouvah comme retour reflète une position différente. Il implique que nous sommes foncièrement bons, que la faute et le mal sont des éléments superficiels qui n'affectent jamais notre moi profond, ni n'entament notre nature foncière. La pensée 'hassidique (Tanya, Ch. 2) enseigne que chacun de nous possède une âme Divine, une étincelle de D.ieu. Ce potentiel Divin infini représente le noyau de nos âmes, notre « moi » véritable.
Faire téchouvah signifie donc découvrir ce moi vrai, établir le contact avec ces forces intérieures, et en faire l'influence prédominante de notre vie. La conscience de ce potentiel Divin, et le contraste entre son infinité et la petitesse de notre existence au jour le jour, tout cela nous conduit sur le chemin de la téchouvah.
Les deux approches sont caractérisées également par des émotions différentes. La première est généralement associée à la tristesse. En effet, les sentiments de regret et de remords jouent un grand rôle dès lors qu'il s'agit de susciter la repentance.
La téchouvah, elle, s'accomplit dans la joie. Un Baal Techouvah, un homme qui actualise l'effort en vue de la téchouvah, éprouve certes chagrin et remords pour ses erreurs passées. Il n'en reste pas moins qu'au total, dans l'ensemble, ses émotions sont dominées par la joie.
Par la téchouvah, il renouvelle en effet son rapport avec D.ieu, établit un lien avec son propre potentiel spirituel. Et l'union avec D.ieu, à pareil niveau, ne peut, elle-même, que produire de la joie. A tel point que l'absence de cette joie révélerait justement que le rapport n'a pas été établi, et qu'un effort supplémentaire est nécessaire pour que la téchouvah soit complète.
Une comparaison entre les deux concepts, repentance et téchouvah, révèle encore d'autres différences. Beaucoup regardent la repentance comme une possibilité offerte à un nombre limité d'individus. Ils considèrent certains de leurs semblables comme saints, et, de ce fait, au-dessus du besoin de se repentir ; et ils en regardent d'autres comme étrangers à l'expérience religieuse de la repentance, et incapables de l'accomplir.
La définition de la téchouvah comme un « retour » établissant un contact avec notre nature Divine intérieure efface de tels présupposés. La même étincelle Divine existe à l'intérieur de l'âme de tous les juifs. Ce potentiel Divin est infini et chacun, quel que soit son niveau, peut faire téchouvah. Quelque bas qu'il soit tombé, aucune barrière ne peut s'opposer à son ascension spirituelle. Quand les forces de son âme intérieure se seront éveillées, il surmontera tous les obstacles, et fera apparaître les forces Divines fondamentales qu'il possède.
Telles qu'en elles-mêmes enfin!
David-Méir Krief
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- Publication : 1 novembre 2013