L’âne a froid alors que le soleil luit lui ! Et à trop ignorer nos âmes, ne sommes nous pas des ânes ? Explications…

Alors voilà : le soleil brille ! Pas vraiment une info. Par principe, il brille toujours plus en mai qu’en janvier, surtout dans l’hémisphère nord. Le soleil brille et c’est la nature qui nous apparaît dans toute sa généreuse beauté, fleurs et pépiements d’oiseaux compris. Le soleil brille et des hordes sportives envahissent nos parcs, trottinant avec vaillance, suant avec détermination, conscientes de l’impérieux devoir de dynamisme qu’il leur faut remplir.

Faisons un rêve : le soleil est de retour, le soleil brille et les mêmes foules, tout autant qu’elles se préoccupent de leur forme physique s’inquiètent de leur état spirituel. Des mollets performants c’est peut-être bien, mais une âme en éveil c’est certainement beaucoup mieux.

Une étrange phrase du Talmud nous parle des chaleurs du mois de Tamouz (le cœur de l’été) et d’un âne : « L’âne, nous dit-elle, au mois de Tamouz a froid ». Le plus étrange n’est pas cet âne plus bête encore qu’à l’ordinaire, c’est le sens que prend cette phrase si l’on s’arrête à la racine tant hébraïque qu’araméenne à laquelle renvoie le mot âne : celle du mot matière/matérialité !

En lui-même, l’éclat du soleil évoque par sa puissance la Révélation divine, sa lumière chasse les ombres hivernales. Mais notre âme peine à s’éveiller, peut même rester endormie. La gangue de notre matérialisme, de cette épaisse écorce d’habitudes et de conditionnements sociaux, d’appétences qui privilégient le corps sur l’esprit, l’empêche de ressentir vraiment le regain profond du monde, la Présence qui, de manière plus aisément sensible maintenant, s’y manifeste. Elle a froid en dépit de ce grand soleil. Il suffirait pourtant d’un peu d’attention, d’un peu de silence en nous malgré les grossières cacophonies du monde pour qu’il en aille autrement. Quand le soleil luit, soyons nous-mêmes !

Daniel Cohen

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