Ce genre d’histoire ne peut arriver qu’aux émissaires du Rabbi, cette grande armée pacifique décidée à rendre le judaïsme aux Juifs même les plus lointains, géographiquement peut-être mais certainement pas intrinsèquement…
En l’année 2000, Rav Wilhelm, émissaire du Rabbi à Jitomir (Ukraine), se rend à Londres à l’occasion d’une fête familiale. Là, l’épouse d’un de ses amis, apprenant qu’il habite en Ukraine, lui demande s’il peut se renseigner sur les origines de sa famille, dans un village inconnu, Tchoraïché.
De retour en Ukraine, Rav Wilhelm se rend dans ce village, accompagné d’un ami fidèle, un ancien de la communauté, Reb Hirsch Schreibman. Le village s’avère être situé à quelques kilomètres de Berditchev, la ville du célèbre Rabbi Lévi Its’hak, celui qu’on appelait «le défenseur du peuple juif», toujours prêt à trouver du mérite à chaque Juif. Le village n’est pas non plus très loin de la ville de Rougine, qui abrita une dynastie ‘hassidique florissante. Une fois sur place, Rav Wilhelm et son accompagnateur localisent le cimetière juif et collectent toutes les informations possibles sur les ancêtres de la dame.
Une fois cette mission accomplie, Rav Wilhelm décide que, puisqu’ils sont déjà là, ils devraient s’informer s’il reste aussi des Juifs vivants dans ce village. Effectivement, on leur indique l’adresse d’une très vieille dame d’origine juive. En arrivant, Rav Wilhelm et Reb Hirsch aperçoivent dans la cour un homme et une femme, jeunes, avec une petite fille. Chacun se présente : les deux jeunes gens sont frère et sœur, les petits enfants de la vieille dame qui, malheureusement, très malade, vit probablement ses derniers instants.
Avec beaucoup d’égards, le frère et la sœur proposent à Rav Wilhelm de lui rendre visite. Dès que la vieille dame aperçoit Rav Wilhelm, elle reconnait qu’il s’agit d’un rabbin et elle exprime sa joie de le voir. Tous deux parlent en yiddish, une langue que la vieille dame n’avait plus pratiquée depuis des années mais qu’elle maitrise parfaitement puisque c’est sa langue natale : Rav Wilhelm lui fait évoquer ses souvenirs d’enfance et elle décrit volontiers la vie d’avant, les fêtes, le Chabbat avec ses parents. Rav Wilhelm lui fait réciter le «Chema Israël», ce qu’elle accepte avec ferveur et émotion.
Pendant ce temps, ses petits-enfants observent la scène avec étonnement et respect. En partant, Rav Wilhelm leur laisse des prospectus sur les fêtes juives et le judaïsme en général, ainsi que ses coordonnées.
Le même soir, Reb Hirsch téléphone à ces petits-enfants et apprend que la grand-mère vient de décéder. Bien vite, il contacte les services adéquats de la communauté et la grand-mère peut ainsi être enterrée dans le cimetière juif.
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En 2006, l’école juive de Zhitomir organisa une soirée pour les dames avec une conférence sur l’importance de la prière.
Madame Rivka Nimoui, épouse d’un des émissaires du Rabbi dans la ville, expliqua, raconta… puis demanda si une des participantes connaissait un cas où la prière avait été exaucée. Une dame se leva, Natalya Pogoroy : elle venait d’inscrire sa fille à l’école juive.
«Mon frère et moi-même avons vécu dans le village de Tchoraïché, notre mère était décédée très jeune et nous avons donc été élevés par notre grand-mère. Dans ce village, il n’y avait pas de Juifs et notre grand-mère ne nous avait jamais parlé de judaïsme.
Elle était née en 1912 ; c’était une femme dévouée et aimante. Elle vivait parmi les non-Juifs et ne semblait pas différente d’eux. Par la suite, je suis partie vivre dans une autre ville, je me suis mariée et j’ai mis au monde ma fille. Mais je restai en contact avec ma grand-mère et nous allions souvent lui rendre visite.
Quelques heures avant son décès, il est arrivé quelque chose de très étonnant et c’est ce que je voudrais raconter maintenant : un matin, mon frère me téléphona et me demanda de venir immédiatement chez notre grand-mère car le médecin et l’infirmière qui s’occupaient d’elle l’avaient prévenu que sa fin était imminente. J’ai pris ma fille, à l’époque âgée de deux ans, avec moi et nous sommes parties. Arrivées à son chevet, nous avons tenté de lui parler mais elle ne répondait que difficilement. Soudain, elle s’est tournée vers nous et s’est mise à parler avec une détermination que nous ne lui connaissions pas. C’était apparemment un sujet qui lui tenait à cœur : «Toute ma vie, j’ai caché le fait que j’étais juive, j’avais peur d’être différente des gens autour de nous. Mais maintenant je ne vous demande qu’une chose : enterrez-moi dans un cimetière juif !»
Puis elle se tut. On sentait que cette requête lui coûtait beaucoup d’efforts mais elle semblait plus calme et reposée ; comme soulagée. Après avoir entendu cela, nous nous sommes regardés, stupéfaits, mon frère et moi et sommes sortis dans la cour pour discuter comment régler cette question. C’est alors que, certainement envoyé par le bon D.ieu, la porte de la cour s’est ouverte et un rabbin est entré !
Il portait un chapeau noir et arborait une longue barbe. Il désirait parler à notre grand-mère !
Au début, nous étions persuadés qu’elle lui avait demandé de venir mais quand nous avons vu combien elle-même était sous le choc de cette visite, nous avons compris que tout ceci était une incroyable «coïncidence». Ils ont parlé dans une langue que nous ne comprenions pas.
A peine une heure après le départ du rabbin, notre grand-mère a rendu l’âme. Le rabbin envoya une équipe s’occuper de l’enterrement et c’est ainsi que la dernière demande de notre grand-mère, sa dernière prière a été exaucée puisqu’elle a été inhumée dans le cimetière juif.
Tout ceci m’a conduit à me poser un certain nombre de questions et à m’intéresser au judaïsme. J’appris que j’étais juive moi-même puisque la mère de ma mère l’était et j’ai décidé d’inscrire ma fille à l’école juive !
En rendant service à une dame de Londres, Rav Wilhelm avait pu honorer la dernière prière d’une grand-mère en Ukraine et, par cela, ramener toute une famille au judaïsme.
Sicha Hachavoua n°1193
traduit par Feiga Lubecki
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- Publication : 18 novembre 2015