Nous vivons un temps de tumulte, de fureur, de violence et parfois d’affrontements. Nous sommes abreuvés d’images qui nous racontent, jour après jour, toutes les formes du malheur et de la détresse des hommes. Face aux nouveaux conforts procurés par des technologies conquérantes se lèvent trop souvent de profondes inquiétudes que la perte de repères solides rend encore plus présentes. Et l’homme dans tout cela ? Que devient-il ? Mais peut-être est-ce la nature même du monde que de produire du tumulte ? Peut-être tout cela est-il fait justement pour qu’on le dépasse ? C’est alors que se pose la question éternelle : comment ? De la réponse dépend sans doute largement notre façon de vivre voire notre vie.

Voici Chavouot, le « temps du Don de notre Torah ». Laissons nos Sages décrire l’événement : lorsque fut venu l’instant où D.ieu Se révéla sur le mont Sinaï pour y donner la Torah au monde, une Loi qui le conduirait pour toujours, de l’obscurité vers la lumière, l’univers entier fit silence. Les animaux cessèrent leurs cris, toute la création se tut, comme en attente. Il est difficile d’imaginer un tel silence, présent, non comme une absence mais comme une existence active. Le Don de la Torah ou le jour où la sérénité apparut, invincible. Car imposer silence au monde, même si cela semble une prouesse, ne peut être un but en soi. Ce silence inespéré n’a de sens que s’il est le signe d’un autre événement : l’apparition de la Sagesse ultime. C’est ainsi que, d’année en année, nous vivons la fête de Chavouot : loin des clameurs éphémères, à l’écoute des vérités essentielles, celles que nous savons détenir profondément en nous, parfois étouffées par le bruit du dehors, enfin révélées.

« Et D.ieu descendit sur le mont Sinaï » nous dit le Texte, établissant, pour qu’il ne disparaisse plus jamais, un lien entre le spirituel et le matériel, entre le Créateur et Sa création. C’est de cela que nous sommes aujourd’hui les héritiers. Dans notre vie quotidienne, dans notre manière de voir et de vivre les choses, dans l’éducation que nous donnons à nos enfants, et à nous-mêmes, dans tout ce que nous sommes, nous incarnons cette idée prodigieuse. L’homme, être libre par essence, ne se laisse pas imposer ses choix par quelque élément que ce soit. Il les détermine avec toute l’assurance de la conscience, toute la certitude de l’Histoire. Chavouot, le jour où D.ieu Se révéla et donna Sa Sagesse, est parmi nous. Il nous revient de le vivre. Les Dix Commandements retentissent en ce jour dans toutes les synagogues. Faisons plus que les entendre, écoutons-les de tout notre cœur et de toute notre âme, tous, hommes, femmes et enfants. Ils ne nous parlent ni de passé ni d’avenir – seulement d’éternité.