Se tenant sur la montagne et dominant le peuple juif, Balak, le prophète mal intentionné, l’homme cruel, observait ceux qui étaient l’objet de sa haine amère. Ses malédictions étaient connues pour leur efficacité, pour avoir réduit à néant de puissantes armées.

Et maintenant il voulait maudire les Juifs et déclencher contre eux la colère de D.ieu. Mais son projet ne se réalisa jamais.

Chaque fois qu’il essaya de maudire les Juifs, D.ieu fit en sorte qu’il prononce des bénédictions, leur faisant de généreuses promesses et du bien abondant. Et il prédit le bien ultime, la venue de Machia’h et l’ère où Israël ne craindra plus les défis de ses ennemis.

Ce récit doit servir de leçon pour tous les temps.

Nous devons prendre conscience que D.ieu ne “consentira jamais à écouter Bilaam” (Deutéronome 23:6) et Il “transformera la malédiction en bénédiction car D.ieu...t’aime”

Toutes les situations auxquelles sont confrontés les Juifs, même celles qui apparaissent sombres seront transformées en bénédictions.

Le lion tapi

“Il est tapi et couché comme un lion, comme une lionne; qui oserait le tirer de sa torpeur?”

(de la bénédiction de Bilaam, Nombres 24,9)

Il est toujours agréable de recevoir un compliment de la part d’un ami ou d’un être cher. Mais le compliment que nous savourons le plus est celui qui est prononcé par un adversaire. Quand un rival au travail, un concurrent ou un ennemi déclaré dit à notre propos quelque chose com me “je dois avouer que là, vous avez prouvé quelque chose”, c’est le genre de commentaire que nous apprécions le plus.

Il est alors peu étonnant que nous, Juifs, ayons dans notre coeur un coin privilégié pour les bénédictions de Bilaam. Comme le relate la Torah (Nombres 22-24), le prophète et sorcier Bilaam, l’ennemi archétype du peuple d’Israël, fut convoqué par le roi de Moab, Balak (un ennemi encore plus redoutable) pour maudire les Israélites.

Mais lorsque Bilaam ouvrit sa bouche à la malédiction, ce furent des bénédictions qui en jaillirent. Il tenta à trois reprises de maudire, mais chaque fois, il bénit. Et il finit par prononcer une prophétie décrivant le triomphe d’Israël à “la fin des jours”.

Et combien ces bénédictions sont extraordinaires! Les versets prononcés par Bilaam font partie de la poésie la plus lyrique de la Torah.

Les bénédictions de Bilaam contiennent le Mah Tovou “comme el les sont bel les tes tentes, Ô Jacob, tes demeures, Ô Israël...”, un verset que nous affectionnons tant que trois cent soixante cinq jours par an, c’est avec lui que nous commençons nos prières quotidiennes.
Elles incluent la référence la plus explicite du ‘Houmach (les cinq livres de Moché) à Machia’h qui nous apportera la Rédemption complète et immédiate. Et y est également présent le verset cité:“ Il est tapi et couché comme un lion, comme une lionne; qui oserait le tirer de sa torpeur?” qui est, comme nous l’explique le Rabbi la plus puissante et la plus significative description du Peuple Juif en Galout (exil), un état dans lequel nous nous sommes retrouvés pendant une grande partie de notre histoire.

Il n’est pas rare que des animaux “apprivoisés” dont la place serait certainement plus adéquate dans la brousse ou la savane perdent soudain leurs caractéristiques domestiques et reprennent leur sauvagerie animale naturelle. Il est intéressant de noter que le Talmud et le Choul’han Harou’h indiquent qu’il n’existe pas de chose comme un lion “apprivoisé”.

D’autres animaux peuvent être possédés et entrer légalement dans la catégorie des bêtes domestiquées. Ainsi si votre veau ou votre chèvre deviennent furieux et causent des dommages, de nombreuses stipulations indiquent dans quelle mesure et dans quel domaine vous devez en assumer la responsabilité et ce que vous deviez anticiper du comportement de votre animal dans ces circonstances. Aucune de ces situations ne comprend une législation s’appliquant au lion. Un lion reste par nature un animal libre et n’accepte jamais le joug de la possession ou de l’approvisionnement. Quel que soit le temps écoulé, ces tentatives n’ont pas prise sur lui.

Cela est le sens profond de la métaphore employée par Bilaam à propos du lion tapi appliquée au Peuple Juif. Pendant bon nombre d’années au cours de notre histoire, nous nous sommes retrouvés en exil, exilés de notre terre, asservis par d’autres nations, soumis à des cultures étrangères, “domptés” pour agir en accord avec les dictats du monde qui nous environne.
Parfois la soumission a paru véritable, au moins sous le regard superficiel du public du spectacle de cirque. Mais elle n’est jamais réelle. Le lion peut être tapi ou paraître docile mais il n’est pas conquis. Il reste libre. S’il est docile, c’est par choix et non par nature. Il reste libre et il ne lui faut pas plus d’un instant pour faire preuve de sa liberté innée.

Selon les mots de Rabbi Chalom Dov Ber de Loubavitch (rapportés par son fils Rabbi Yossef Yits’hak alors qu’il se trouvait sur le quai, devant le train qui allait l’emporter en exil. Il avait en effet était condamné par les dirigeants communistes pour son travail de préservation et de renforcement de la foi juive):

“ Nous ne sommes pas partis de la Terre d’Israël par notre propre volonté et nous n’y retournerons pas par les vertus de nos propres aptitudes. D.ieu notre Père et notre Roi, nous a envoyés en exil et c’est Lui Qui nous apportera la Rédemption et rassemblera les dispersés des quatre coins du monde en Israël et fera en sorte que nous soyons ramenés fermement et fièrement par Machia’h, notre juste Sauveur, que cela ait lieu rapidement, de notre temps.

Cependant, les nations du monde do vent savoir cela: seuls nos corps ont été envoyés en exil et soumis au joug étranger; nos âmes, elles, n’ont pas été livrées à la captivité et à la loi étrangère. Nous devons donc proclamer ouvertement et devant tous qu’en tout ce qui concerne la religion juive, la Torah, ses Mitsvot et ses coutumes rien n’est sujet à la coercition d’autrui. Personne ne peut nous imposer sa croyance ou nous forcer à agir contrairement à notre foi...”