La Paracha Reéh commence par les mots : “Vois, Je te donne aujourd’hui une bénédiction et une malédiction. La bénédiction (viendra) si tu obéis aux commandements… La malédiction (viendra) si tu désobéis aux commandements…

” Le mot “vois” indique que l’on doit examiner le sujet attentivement. Pourquoi est-il nécessaire que ce sujet soit scruté afin d’être “vu” ? Apparemment, si l’on pense, même superficiellement, au fait que l’on est béni pour avoir choisi le bien et maudit pour avoir choisi le mal, il semble évident que l’on choisira de faire le bien.
De plus, “Je te donne aujourd’hui” ne semble s’appliquer qu’à la bénédiction. Car le terme “Je” se réfère à l’essence de D.ieu, Qui ne donne que du bien pur, où il n’y a pas du tout de place pour la “malédiction” opposée. Bien plus encore, le terme “donne” comme l’affirment nos Sages, indique une abondance de bien inhabituelle. Il va sans dire que “malédiction” en est l’antithèse même.
Enfin “tu” se réfère à la quintessence du Juif et chaque Juif est dans son essence absolument bon. De plus, lorsque la Torah utilise le terme “aujourd’hui”, elle le fait comme une indication d’immuabilité. Cela ne peut s’appliquer qu’au bien et à la sainteté qui sont éternels. Car le mal est en dernier ressort une “non-entité”; dans le monde futur, il cessera comme l’enseigne le verset: “J’ôterai tout esprit d’impureté du monde”.
Ainsi, comment est-il possible que “Je te donne aujourd’hui” semble se référer à la fois à une bénédiction et à une malédiction? La raison de la “bénédiction” et de la “malédiction” est de permettre à l’homme d’exercer son libre-arbitre, selon le verset: “J’ai placé devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction.
Choisis la vie”. Pour que l’homme puisse choisir librement de faire le bien, D.ieu a donné au contraire de la sainteté, qui en lui-même n’a pas de substance, la faculté de s’opposer à la sainteté.
Puisque la liberté de choix est l’une des qualités primordiales du service spirituel de l’homme, et que l’homme s’élève de degré en degré par son effort, le mal s’oppose à la sainteté à tous les niveaux, à tel point qu’une personne peut choisir n’importe quand d’agir de manière inadéquate, même si le faire peut lui coûter la vie. Car le librearbitre s’applique à tout ce que fait l’homme.
En fait, le désir animal de l’homme peut être même plus fort que son désir pour la sainteté dans la mesure où son âme divine (la partie qui désire la sainteté) est tout d’abord rationnelle alors que l’âme animale (la partie qui désire les sujets matériels) est prioritairement émotionnelle.
Tout comme cela s’applique à l’homme, il en va de même pour D.ieu, pour ainsi dire ; le potentiel du mal existe même dans le niveaux les plus élevés. La négation du mal est seulement le résultat du libre-arbitre de D.ieu. C’est pourquoi le verset déclare: “Car Essav est le frère de Yaakov”, c’est-à-dire que le bien manifeste et le mal manifeste sont tous deux équidistants de Lui. Cependant, exprimant Son libre-arbitre, le verset ajoute: “J’aime Yaakov et Je méprise Essav”.
Le résultat de ce libre-arbitre est que le mal est totalement nié et contesté en Haut. L’homme lui-aussi en choisissant délibérément de faire le bien et de renoncer au mal, supprime la méchanceté en bas. De plus, le choix de faire le bien a pour conséquence la révélation en l’homme de l’attribut qui conduit D.ieu à choisir librement Yaakov plutôt qu’Essav.
Pour que l’homme puisse jouir du librearbitre, D.ieu peut donner le contraire de la sainteté au niveau des “Je”, “te donne” et “aujourd’hui”. Mais puisque cette aptitude n’existe que pour pourvoir une base au choix, le mal cesse dès lors que l’homme choisit le bien.
Puisque le but ultime de la création est de permettre à l’homme d’exercer son librearbitre et d’être récompensé pour ses efforts, D.ieu, en fait, donne le bien d’une manière sans égale.
La connaissance, du fait que le but de ce qui est contraire à la sainteté est d’être surmonté par l’homme qui s’élève ainsi, rend le service spirituel ostensiblement plus facile. C’est pourquoi le verset emploie “vois”, indiquant qu’un regard scrutateur est nécessaire pour prendre conscience que le dessein du mal (“malédiction”) n’est pas de s’opposer à la sainteté mais d’aider l’homme à atteindre un niveau de sainteté encore plus élevé.