‘Hanouccah est, à n’en pas douter, une fête merveilleuse. Elle éclate à nos yeux en multiples prodiges qui dansent comme les flammes de lumière au sommet du chandelier de la célébration qui commence cette semaine. L’idée a souvent été relevée : même si elle fut le temps d’une grande et surprenante victoire militaire, la fête de ‘Hanouccah ne marque pas cet événement. Elle souligne paradoxalement une histoire très simple, celle de l’huile qui ne se consuma pas en une seule journée, comme cela aurait été naturel, mais en huit jours, le temps d’en préparer une nouvelle. Et c’est très modestement pour cette raison-là que les Juifs, partout dans le monde, se réjouissent pendant toute une semaine ! Nous sommes bien loin ici du choc des épées, de l’affrontement des héros et des nobles clameurs du combat – même si tout cela exista. D’huile et de lumière : c’est de cela qu’est faite, à présent, notre espérance.

Pourquoi l’huile ? Bien sûr, l’histoire de ‘Hanouccah lui donne un rôle central. Mais, nous le savons, chaque aspect de notre tradition, jusqu’au plus petit, loin d’être l’effet du hasard, est l’expression d’une réalité plus profonde. L’huile est justement un élément chargé de sens. Présent au cœur de l’olive, il en est comme l’essence et n’apparaît que lorsqu’on a pressé cette dernière. N’est-ce pas là l’image même du destin de chacun qui, pris dans les contraintes du monde, est capable de donner ce qu’il y a de meilleur en lui, le profond de ce qu’il est vraiment ? Plus encore, l’huile est ce liquide aux propriétés étonnantes qui, quand il entre en contact avec un corps solide, l’imprègne totalement et profondément. C’est ainsi à elle qu’est comparé l’enseignement du Baal Chem Tov et de ses successeurs, la ‘Hassidout, qui bouleverse tout ce qu’elle touche et constitue une expression d’essence.

Si la fête de ‘Hanouccah est si précieuse à tous – par sa grandeur, sa chaleur, l’appel qu’elle fait retentir jusque dans l’espace public – c’est sans doute aussi pour ces raisons-là. Elle sait dire ce qu’il faut qu’on entende en ces temps de tumulte. Elle sait donner à voir ce qu’il faut qu’on regarde en ces temps d’obscurité. D’une certaine manière, elle nous montre un chemin : celui d’une victoire éternelle, faite de paix et de sérénité, construite sur l’assurance que les forces de la nuit ne peuvent que céder devant l’ampleur du jour qui se lève. Comme l’exil qui recule devant les pas du Machia’h.

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