L’un des aspects fondamentaux de notre foi consiste en la croyance en l’imminence de la venue de Machia’h. Nous devons « toujours attendre son arrivée », ce qui ne signifie pas seulement que nous devons patienter jusqu’à sa venue ultime mais que, chaque jour, nous devons nous attendre à ce qu’il arrive en ce jour-même.

Tout cela est encore plus adéquat au temps présent où tous les signes mentionnés par nos Sages, en relation avec la Rédemption, se manifestent. Les jours présents sont particulièrement appropriés pour la venue de Machia’h. Car nos Sages ont déclaré :

« Un lion (Nabuchodonosor) viendra au cours du mois dont le signe est un lion (Av) pour détruire Ariel (« le lion de D.ieu », le Beth Hamikdach (le Temple de Jérusalem)) de sorte qu’un lion (D.ieu) viendra au cours du mois dont le signe est le lion et construira Ariel ».

Cela va encore plus loin : le nom du mois Mena’hem Av, met l’accent sur le fait qu’il y aura Mena’hem, un acte de réconfort, pour tous les facteurs négatifs associés au jour présent. Cela s’applique plus précisément au Chabbat présent qui tombe le jour de Ticha beAv lui-même.

Nos Sages expliquent que Machia’h est né à Ticha beAv. Cela ne peut se référer à sa naissance réelle car Machia’h ne sera pas un enfant quand il sauvera notre peuple. Cela signifie plutôt qu’en ce jour, son influence se renforce. Car nos Sages se réfèrent à l’anniversaire comme au jour où Mazalo Govèr, « la source spirituelle de son âme irradie avec force ». Le jour où la source spirituelle de Machia’h est puissamment révélée existe un fort potentiel pour qu’arrive la Rédemption.

Le Ari Zal explique que c’est dans l’après-midi de Ticha beAv qu’est « né » Machia’h et que c’est pour cette raison que nous récitons alors la prière de Na’hem. Bien que cette année, cette prière ne soit pas récitée lors de Ticha beAv, puisqu’il tombe Chabbat, il est sûr que les influences positives de ce jour ne s’en exercent pas moins. Et d’ailleurs, non seulement le Chabbat fait-il reculer les facteurs négatifs associés à Ticha beAv mais embellit-il et amplifie-t-il la force des influences positives de la date.

Cela apparaît dans le nom qui a été donné à ce Chabbat : Chabbat ‘Hazone, « le Chabbat de la vision ». Le Rabbi de Berditchev explique que lors de ce Chabbat, chaque Juif mérite une vision du troisième Beth Hamikdach. Et par le même biais, la Haftara que l’on récite en ce Chabbat se conclut avec un verset qui souligne la Rédemption : « Tsion sera sauvé par le jugement et ses captifs, par la Tsedaka ».

En outre, le fait-même que Ticha beAv tombe Chabbat et que donc, au lieu de jeûner, nous soyons obligés de prendre du plaisir dans les aliments et les boissons, fait allusion à la Rédemption. Car chaque Chabbat est un microcosme de « l’Ere où tout sera Chabbat et repos pour l’éternité » et le repas de Chabbat est un reflet du repas qui sera servi en ce jour.

C’est pour cette raison que lorsqu’un jeûne tombe Chabbat, il faut ajouter dans la joie. Cela se manifeste surtout lors du troisième repas de Chabbat. Bien qu’il s’agisse de Seoudat Mafsékèt, le repas qui précède immédiatement le jeûne de Ticha beAv, associé d’ordinaire à certains rites de deuil, cette année, l’on peut servir « un repas comparable aux festins de roi Chlomo ».

En fait, en ce qui concerne Ticha beAv qui tombe Chabbat, nos Sages utilisent le dicton : « Puisqu’il a été repoussé, qu’il soit annulé ». A un niveau simple, cela signifie que puisque le jeûne n’est pas observé à la date appropriée, il y a matière à supposer que cette année, nous n’ayons pas du tout besoin de jeûner.

Cependant, à un niveau plus profond, cela évoque le potentiel que le jeûne soit définitivement et complètement annulé, avec la venue de la Rédemption.

L’un des aspects particuliers de l’observance de Ticha beAv, cette année, est une ressemblance avec Yom Kippour. En ce qui concerne Yom Kippour, il est dit : « celui qui mange et boit le 9 est considéré comme s’il jeûnait le 9 et le 10 » (le 9 Tichri est la veille de Yom Kippour, le 10, c’est Yom Kippour). Manger « de la viande succulente et du vin vieux » le 9 du mois fait en sorte que D.ieu considère ces gestes comme un mérite particulier. Ce concept peut également s’appliquer aux 9 et 10 Av de cette année, puisque nous mangeons le 9 en préparation du jeûne du 10.

Un lien intrinsèque lie les deux. Les Mitsvot que nous ont enjointes les Rabbanim, y compris les jeûnes communautaires, ne sont pas des conceptions tout à fait nouvelles mais plutôt une extension des Mitsvot de la Torah. La Mitsva de jeûner est-elle donc associée au seul jeûne ordonné par la Torah, Yom Kippour ? Ce lien est unique en ce que les interdictions de Ticha beAv sont parallèles à celles de Yom Kippour.

Un autre rapprochement peut s’établir entre les deux dates. Les dimensions positives de Ticha beAv se révèlent le 15 Av, jour où « la lune brille entière », c’est-à-dire qu’en ce jour toutes les influences associées au mois sont révélées dans leur entièreté. Le 15 Av, « la révélation de l’Ere de la Rédemption » brille incessamment. Et c’est pour cette raison, nous enseignent nos Sages, que « le Peuple juif ne se réjouit jamais autant qu’aux fêtes du 15 Av et de Yom Kippour ».

L’imminence de la Rédemption mentionnée précédemment permet la possibilité de tirer un autre parallèle encore entre Ticha beAv et Yom Kippour. Lors de l’inauguration du premier Beth Hamikdach, le 10 TichriYom Kippour, les Juifs burent et mangèrent pour marquer la célébration. Et cela leur fut considéré comme un mérite unique.

Puisqu’aujourd’hui nous attendons la venue de Machia’h, il est possible que demain, le 10 Av, soit consacré à l’inauguration du troisième Beth Hamikdach. Car il est d’ores et déjà construit, dans les mondes spirituels et ne doit que descendre sur terre. Si cela se produit, le parallèle entre Ticha beAv et Yom Kippour se révélera de la façon la plus entière et la plus positive.