Les versets Terouma 25, 2-3 disent : «Qu’ils prennent pour Moi un prélèvement... Tu prendras Mon prélèvement. Voici le prélèvement que vous prendrez». C’est ainsi que le mot : «prélèvement» est répété, à trois reprises, au début de cette Parchat Terouma. Il s’agit, en l’occurrence, d’énumérer ce que les enfants d’Israël devaient prélever pour l’édification du Sanctuaire.

Nos Sages, expliquent(1) que ces trois termes désignent, plus exactement, trois sortes différentes de prélèvement(2), celui qui permit de confectionner les socles du Sanctuaire(3), celui des Shekalim qui servait à financer les sacrifices publics(4) et celui du Sanctuaire proprement dit, qui fut utilisé pour sa construction(5).

L’Injonction de bâtir un Sanctuaire pour D.ieu est éternelle(6). A l’heure actuelle, il est encore possible de bâtir un Sanctuaire moral, de faire résider le Saint béni soit-Il dans la personnalité de l’homme et dans le monde entier.

Dans le désert, trois sortes de prélèvement furent nécessaires pour édifier le Sanctuaire. On peut donc penser qu’il en est de même pour la construction du Sanctuaire que chacun porte en lui. On doit, pour cela, faire intervenir trois manières d’agir.

Le service de D.ieu d’un Juif doit être basé sur les trois piliers de soutènement du monde(7), qui correspondent aux trois prélèvements du Sanctuaire, la Torah, les sacrifices qui, de nos jours, ont été remplacés par la prière et les bonnes actions.

L’étude de la Torah remplace le prélèvement pour les socles, la prière fervente est le prélèvement des Shekalim et les bonnes actions, qui sont toutes les Mitsvot de la Torah, sont le prélèvement pour le Sanctuaire. Bien plus, le lien avec ces trois éléments concerne leur nature profonde.

C’est le cas pour le lien qui existe entre les socles et la Torah. Les socles étaient le fondement de tout le Sanctuaire, dans lequel se révélait la Présence divine. De la même façon, la Torah est la base et l’origine de la révélation du domaine de la sainteté dans le monde, de tous les domaines du Judaïsme, des Mitsvot et des bonnes actions(8).

Selon la même analogie, les Shekalim sont liés aux Mitsvot. Ils servaient à financer les sacrifices publics et : «les prières ont été instaurées pour remplacer les sacrifices»(9). En effet, Korban, le sacrifice, est de la même étymologie que Kirouv, proximité. Il a pour but de rapprocher l’homme de D.ieu(10). Et, il en est de même également pour la prière, qui est un lien, un attachement de l’homme avec le Saint béni soit-Il, lui permettant de s’élever vers Lui.

Enfin, le Sanctuaire est lié aux Mitsvot. Il fut bâti parce que les enfants d’Israël réunirent, pour cela, des matériaux physiques, de l’or, de l’argent, du bronze. C’est de cette façon que la Présence divine se révéla. De même, les Mitsvot sont mises en pratique au moyen d’objets matériels(11). C’est grâce à cela que la sainteté de D.ieu apparaît à l’évidence dans l’existence du monde.

Ces trois piliers, la Torah, la prière, les bonnes actions, représentent ce qui constitue l’existence, le Saint béni soit-Il, l’homme et le monde. La Torah est la Sagesse du Saint béni soit-Il. Elle précéda le monde et, descendue ici-bas, elle reste la Parole de D.ieu(12), ainsi qu’il est dit : «Ma Parole est comme le feu»(13).

La prière et le service de D.ieu des sacrifices sont le moyen pour l’homme de se rapprocher de D.ieu. Les Mitsvot ont pour objet d’introduire la sainteté de D.ieu dans le monde matériel, afin qu’il soit Sa Résidence parmi les créatures inférieures(14).

Ce sont donc là les trois piliers sur lesquels le monde repose et, de ce fait, il y eut trois prélèvements, quand le Sanctuaire fut édifié, qui correspondent à ces trois piliers, grâce auxquels le monde atteint la perfection. En effet, le Saint béni soit-Il, grâce à l’action de l’homme, peut apparaître à l’évidence dans le monde(15).

(Discours du Rabbi, Likouteï Si’hot, tome 16, page 292)

Notes :
 (1) Dans le Yerouchalmi, traité Shekalim, chapitre 1, au paragraphe 1, qui est cité par le commentaire de Rachi, au début de la Parchat Terouma.
(2) Bien entendu, les enfants d’Israël pouvaient apporter leur contribution aux trois prélèvements à la fois.
(3) Qui avait un montant fixe et qui ne fut donné qu’une seule fois, lors de la confection de ces socles.
(4) Qui avait également un montant fixe et qui, par la suite, était donné, de nouveau, chaque année, pendant le mois d’Adar, afin de contribuer aux sacrifices publics depuis le Roch ‘Hodech Nissan jusqu’à la fin du mois d’Adar suivant.
(5) Qui n’avait pas de montant fixe, mais dépendait de : «la générosité du coeur» de chacun. Il ne fut donné qu’une seule fois, lors de l’édification du Sanctuaire.
(6) Y compris en la présente époque, au moins dans sa dimension morale.
(7) Qui sont définis par le traité Avot, chapitre 1, à la Michna 2.
(8) C’est le rôle fondamental de l’étude de la Torah. De fait, celle-ci est indispensable pour savoir comment mettre en pratique les Mitsvot de la meilleure façon et, notamment, comment prier avec la ferveur qui convient.
(9) Selon le traité Bera’hot 26b. On consultera aussi le commentaire de Rabbénou Yona sur le traité Avot, à la référence précédemment citée.
(10) La prière est elle-même, étape par étape, un chemin vers la proximité du Divin.
(11) D’une manière systématique.
(12) Sans le moindre changement.
(13) Yermyahou 23, 29. Nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, expliquent, à ce propos, que: «tout comme le feu ne peut pas contracter l’impureté, les paroles de la Torah ne peuvent pas non plus contracter l’impureté». On consultera, à ce propos, le traité Bera’hot 22a.
(14) Ce qui est la finalité de la création du monde, «l’envie» de D.ieu de posséder cette Résidence, au sein de ce monde inférieur, le plus bas qui soit.
(15) C’est alors que le monde est parfait.

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