Le verset Tetsavé 30, 1 dit que : «tu feras un autel pour brûler le sacrifice des encens, tu le feras avec des bois de Chittim». Et, le verset Chemot 27, 1 précise que : «tu feras un autel en bois de Chittim de cinq coudées de longueur et de cinq coudées de largeur. L'autel était carré et il avait trois coudées de hauteur».

Le traité 'Haguiga, explique que : «tous les ustensiles qui se trouvaient dans le Temple requerraient une immersion rituelle, sauf l'autel d'or et l'autel de bronze, car ils sont considérés comme le sol(1). Tels sont les propos de Rabbi Eliézer. Les Sages disent : parce qu'ils sont recouverts(2)».

Dans le Sanctuaire qui se trouve dans le coeur de chaque Juif, se trouvent également différents ustensiles, l'intellect, le sentiment. Tous sont mis à contribution pour le service de D.ieu du coeur, celui de la prière(3).

Tous les instruments qui se trouvaient dans le Sanctuaire pouvaient contracter l'impureté, ce qu'à Dieu ne plaise. Il fallait donc préserver leur pureté(4). De même, les ustensiles moraux peuvent être entachés par la recherche d'un intérêt personnel, ou encore souillés par l'impureté de la faute.

En revanche, l'autel était toujours pur et il ne pouvait pas contracter l'impureté(5). Il est, en effet, la pointe de vérité que l'âme porte en elle, à l'origine du sacrifice de sa propre personne pour D.ieu. Un homme riche qui possède de l'or en abondance et un pauvre qui ne dispose que de quelques pièces de bronze sont, l'un et l'autre, des autels qui ne peuvent pas contracter l'impureté, car l'essence de leur âme reste toujours pure. Elle est, en permanence, au service du Saint béni soit-I1(6).

Rabbi Eliézer, malgré sa grande élévation morale, était profondément humble, car il était pleinement éclairé par son autel intérieur. Il le ressentait profondément. Et, il observait chacun également de cette façon(7). C'est ainsi qu'il formait ses élèves et c'est de cette façon qu'il délivra son enseignement, tout au long de sa vie. Il explique donc que : «ils sont considérés comme le sol(8).

Un Juif, selon lui, est comparable au sol, foulé au pied par chacun. Il n'a pas de volonté propre, pas d'identité personnelle. Il est totalement soumis à D.ieu. C'est pour cette raison que son autel intérieur est pur et immaculé.

Les autres Sages, en revanche, tiennent compte également de l'apparence extérieure. Selon eux, la comparaison au sol ne s'applique pas à tous(9). La soumission n'est pas identique chez chacun. Le riche peut être aveuglé par son or et le pauvre peut être brisé par ses difficultés.

Pour ce qui concerne ces Sages, la raison(10) est donc toute autre : «parce qu'ils sont recouverts». Le feu profond qui anime chaque Juif est identique pour tous. Et, le comportement extérieur(11) n'est qu'une apparence, une fine couche qui recouvre l'autel divin que chacun porte en son âme(12).

(Discours du Rabbi, LikouteiSithot, tome 3, page 910)

Notes :
(1) Sur lequel ils sont posés et ils ne sont donc pas réellement des ustensiles.
(2) Et, ne sont donc pas en contact direct avec les sacrifices déposés sur eux. Rabbi Eliézer et les Sages admettent tous que les autels ne sont pas soumis à une immersion rituelle, mais ils aboutissent à cette conclusion pour des raisons différentes.
(3) Au cours de laquelle il est nécessaire de méditer, par son intellect et de mettre en éveil ses sentiments, l'amour et la crainte de D.ieu.
(4) Notamment grâce à cette immersion rituelle.
(5) C'est pour cette raison que l'immersion rituelle était inutile.
(6) Et, le Tanya précise que : «même au moment de la faute, elle Lui reste fidèle».
(7) Son humilité le conduisait à penser que chacun avait la même stature morale que lui.
(8) Une image qui illustre son humilité.
(9) Il est nécessaire de tenir compte de la diversité qui existe, parmi les hommes.
(10) Pour laquelle l'autel ne contracte pas l'impureté.
(11) Qui peut s'écarter de ce feu profond.
(12) Cette apparence extérieure ne décrit donc pas réellement ce qu'est un Juif.

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