La Paracha Tazria s’attache aux lois de pureté spirituelle et d’impureté spirituelle, relatives à l’espèce humaine. Rachi, citant le Midrach statue : « Rav Simlaï dit : ‘ Tout comme la création de l’homme survint après la création de tous les animaux, les bêtes sauvages et les oiseaux, ainsi en va-t-il des lois prévues pour lui qui viennent après celles qui sont relatives aux animaux, aux bêtes sauvages et aux oiseaux ‘. »

L’expression « tout comme… ainsi… » indique que si les lois concernant les hommes sont indiquées en dernier ce n’est pas parce que l’homme fut créé le dernier. En effet, le cas échéant, le Midrach aurait déclaré : « Puisque l’homme a été créé en dernier… donc… ».

La construction de la phrase indique plutôt que les lois relatées en dernier lieu le sont pour la même raison que celle qui explique que l’homme fut créé en dernier.

Quelle est-elle donc ?

Le Midrach poursuit en expliquant : « ainsi si l’homme se comporte de façon inappropriée, il lui est dit : ‘même un moucheron, même un ver t’ont précédé !’ »

Les commentateurs s’interrogent : cette explication s’applique à la création de l’homme mais non à ses lois ! Pourquoi le Midrach utilise-t-il donc l’expression « tout comme l’homme fut créé… ainsi également ses lois » plutôt que « puisque l’homme a été créé le dernier… donc (il s’en suit que) ses lois ont été citées en dernier… » ?

Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi explique que le fait même que l’homme soit capable de pécher, même si concrètement il ne le fait pas, implique un degré d’infériorité par rapport à ces créatures qui sont « incapables de violer la volonté de D.ieu. »

Cette possibilité de pécher explique pourquoi les lois le concernant sont citées après celles de toutes les autres créatures et pourquoi il fut créé après toutes les autres. Le Midrach affirme donc que le même raisonnement s’applique dans les deux cas : celui de la création de l’homme et ses lois.

L’étude de la Torah progresse du simple au complexe. Ce principe s’applique également aux Parachiot. D’abord viennent celles qui sont le plus facilement accessibles puis, par la suite, celles qui sont plus difficiles.

La conséquence en est que la raison pour laquelle l’homme a été la dernière création (la possibilité de pécher et donc de lui dire que les créatures inférieures l’ont précédé) est également la raison pour laquelle les lois le concernant viennent à la fin. Car il est plus simple de purifier et d’élever ce qui est incapable de transgresser la Volonté divine que de purifier et d’élever l’homme, créature complexe, capable de transgresser la Volonté de D.ieu.

Mais selon le même raisonnement, l’homme est également capable d’accomplissements bien plus importants, quand il réussit à vaincre le mal, que s’il n’avait reçu que le bien, d’En Haut, sans nécessité de lutter.

Quand un homme surmonte sa propension à mal agir, il parvient à un plus grand bien par le fait même qu’il n’ait pas été gratifié de cette aptitude à sa naissance et qu’il a dû la gagner.

C’est la raison pour laquelle bien que chaque Juif soit béni d’une âme divine, « véritable partie de D.ieu En-Haut », cette spiritualité ne se révèle-t-elle qu’après qu’il ait combattu ses instincts primaires, ses sensations superficielles. Mais quand l’homme remporte ce combat, il peut être confiant que le bien qu’il possède désormais en lui est quelque chose qui l’a pénétré.

Cela explique également le commentaire de Rav Simlaï. Il ne descendait pas d’ancêtres illustres et ne pouvait donc se reposer sur le mérite de ses aïeux. Son service spirituel soulignait donc l’importance de l’effort et de l’initiative personnels.

Il considérait que la qualité la plus précieuse de l’homme est sa force pour surmonter les côtés négatifs de sa nature. Une nature dont il devait être prévenu des failles et contre laquelle il fallait investir de réels efforts : « même un moucheron et un vers t’ont précédé ».

Mais quand il investit des efforts et de la diligence, rien ne peut se comparer aux réalisations spirituelles d’un homme.