Notre paracha Beaalote’ha commence par le commandement que D.ieu adresse à Aharon, le Grand Prêtre, d’allumer la Menorah, le Candélabre, qui se trouvait dans le Tabernacle du désert. Il fut dit à Aharon que les sept branches de la Menorah devraient être allumées jusqu’à ce qu’elles brillent par elles-mêmes. La Torah poursuit par les mots : « et Aharon fit ce qui lui avait été demandé ».

Les commentateurs expliquent que ces derniers mots indiquent qu’Aharon fut félicité pour avoir accompli l’injonction exactement comme elle lui avait été adressée, sans rien y changer.

Cela paraît difficile à comprendre. Comment Aharon, le grand et saint Prêtre, aurait-il pu faire autre chose que ce qui lui avait été ordonné ? D’habitude, lorsque la Torah évoque un commandement adressé à Moché ou à Aharon, elle ne précise pas par la suite qu’ils l’ont accompli parfaitement. S’ils y ont été enjoints, nous supposons qu’ils s’en sont acquittés correctement.

La déclaration que l’on rencontre ici semble donc superflue.

La ‘Hassidout explique que ce commandement possède également un sens spirituel plus profond.

Comprendre sa signification nous permettra de saisir pourquoi Aharon fut loué de l’avoir accompli, sans l’altérer.

La Menorah représente toutes les âmes juives dont il existe sept types. C’est pourquoi la Menorah a sept branches, chacune représentant un type d’âme différent.

Mais d’une façon plus générale, il existe deux grandes catégories d’âmes. L’âme de la catégorie supérieure ressent une attirance naturelle pour le Divin. Quand bien même elle incorpore, sur terre, un corps physique, elle n’en reste pas moins attachée à la Divinité, elle est toujours attirée par des aspirations spirituelles dans lesquelles elle trouve son plaisir et qui constituent sa quête.

La catégorie inférieure des âmes n’est pas si bien lotie. Sa perception de la spiritualité ne survient qu’après un labeur important, après qu’elle se soit plongée profondément dans les concepts spirituels, qu’elle a peiné, étudié, prié, pour parvenir à une certaine sensibilité spirituelle. Avant cela, elle est seulement attirée par la matérialité du monde physique à laquelle elle ne peut s’arracher.

C’est de ce second type d’âmes dont Aharon était chargé, pour les élever et leur révéler la beauté de la spiritualité du monde. Il avait une telle sainteté que lui seul avait la possibilité d’y parvenir et de les y attirer.

Cependant, il avait le choix entre deux approches différentes.

Pour les comprendre, nous pouvons réfléchir à l’enseignement d’un maître à son élève.

Il peut lui enseigner un nouveau concept que l’élève découvre alors.

La seconde démarche l’affecte plus profondément. Non seulement le maître lui apporte un nouvel élément de connaissance mais il lui enseigne également comment étudier et comment développer des concepts par lui-même. L’élève devient alors à la fois un réceptacle de savoir et également une nouvelle source de savoir.

Aharon avait deux moyens de développer la sensibilité spirituelle dans ces âmes.

D’une part, il pouvait leur donner une révélation extraordinaire d’En Haut, leur révéler une spiritualité prodigieuse à laquelle elles deviendraient sensibles.

Mais il pouvait également adopter une approche différente où il ne la leur donnerait pas mais les guiderait pour qu’elles parviennent par elles-mêmes à cette appréciation et cette attirance pour le Divin.

Et c’est cette seconde démarche qui fut commandée à Aharon. Comme l’exprime la Torah et le commente Rachi : les lumières de la Menorah devaient être allumées jusqu’à ce qu’elles brillent par elles-mêmes.

Et là est la raison des louanges adressées à Aharon : il ne changea pas le commandement. Vu son immense sainteté, il aurait pu élever les âmes lui-même, mais il suivit la prescription à la lettre et travailla sur les âmes jusqu’à ce qu’elles changent par elles-mêmes et parviennent de façon autonome à la perception de la spiritualité, de la Divinité.

Aharon méritait ces louanges non seulement pour ce qu’il accomplit mais aussi pour la manière dont il le fit.