La Paracha Tetsavé s’intéresse à la description des habits sacerdotaux que portaient les Cohanim, pendant leur service dans le Beth Hamikdach, et notamment de ceux du Cohen Gadol, le Grand Prêtre.

Parmi ces habits est évoqué le Meïl, la longue « robe » qu’il portait. Son extrémité inférieure était décorée de divers objets : les Rimonim, boules rondes de laine teintée et également les Paamonim, clochettes d’or dont le tintement jouait un rôle essentiel dans le service du Cohen Gadol. Le texte précise que leur son doit être entendu quand il pénètre dans le Sanctuaire et quand il le quitte afin de prévenir une mort soudaine. Sans ces clochettes au bas de sa robe, il serait passible de la peine de mort.

La question a été soulevée de savoir pourquoi ces clochettes jouent-elles un rôle si important dans le service du Cohen Gadol ?

De plus, nous constatons que le jour de Yom Kippour, jour le plus saint de l’année, le Cohen Gadol ne porte pas ces Paamonim. Il est vêtu de tous les autres vêtements et son service se fait de manière silencieuse. Pourquoi donc, tout le reste de l’année, cet habit bordé de clochettes est-il si essentiel dans son service ?

L’enseignement ‘hassidique explique la différence entre le service divin d’un Tsaddik, quelqu’un qui ne s’est jamais rendu coupable d’aucune iniquité, et celui d’un Baal Techouvah qui a commis des transgressions dont il se repent et qui revient à D.ieu.

La différence entre les deux services tient à ce qui est principalement ressenti lorsque l’individu sert D.ieu. Sent-il qu’il se rapproche de D.ieu, en s’élevant de plus en plus haut dans son service et sa proximité avec D.ieu, ou bien ressent-il qu’il y a encore quelque chose de négatif qu’il fuit, des influences négatives dont il essaie de se débarrasser ?

Le Baal Techouvah éprouve tout d’abord la distance qui le sépare de D.ieu et c’est pourquoi quand il fait Techouvah, il s’enfuit de ces éléments indésirables comme il fuirait un danger imminent qui le menace. Il fuit en faisant beaucoup de bruit, dans son « affolement ».

Le Baal Chem Tov utilisa un jour ce concept pour expliquer pourquoi ses ‘Hassidim, quand ils priaient, bougeaient tellement, voire même sautaient. Il apporta l’exemple de quelqu’un qui serait en train de se noyer dans l’océan et qui fait des mouvements dans tous les sens pour se débattre dans les eaux et tenter de ne pas couler. Celui qui assiste à cette scène ne se moque pas de ces mouvements et comprend que le pauvre homme essaye de sauver sa vie et de ne pas périr dans l’eau.

Il en va de même pour les ‘Hassidim qui, dans leur prière, faisaient aussi ces mouvements pour tenter de fuir leurs traits inhérents indésirables. Quand bien même il ne s’agissait pas à proprement parler de véritables péchés, tant qu’ils ressentaient des désirs indésirables émanant de leur âme animale, ils devaient lutter pour y échapper. Et c’est pourquoi cette fuite, cette Techouvah, se faisait dans une activité intense et avec beaucoup de bruit.

Quand le Grand Prêtre pénétrait dans le Sanctuaire, il était le porte-parole du Peuple juif dans son intégralité, non seulement des Tsaddikim mais de tous les niveaux des membres du peuple, même de ceux qui avaient désespérément besoin de faire Techouvah.

Et c’est pour que son service les inclut également qu’il avait besoin de Paamonim, de ces clochettes sonores, pour représenter le service des Baalé Techouvah, qui fuyaient leurs penchants négatifs en faisant beaucoup de bruit comme ces clochettes.

Et cela constituait une partie si importante de son service que s’il n’avait pas possédé ces clochettes, il aurait été passible de la peine de mort pour ne pas avoir rempli sa mission de représenter la totalité du le Peuple juif.

Cela concerne le service de l’année entière. Mais quand vient Yom Kippour, tous les Juifs atteignent le niveau des Tsaddikim. En effet, grâce au service de Yom Kippour, nous sommes comparés à des Mala’him, des anges, et nous sommes bien loin, bien supérieurs à ces niveaux où il nous faut fuir tout penchant négatif.

Ainsi, tout comme le service d’un Tsaddik se fait de façon silencieuse, il ne fuit pas le mal mais au contraire ne fait que s’élever dans le bien, que se rapprocher de D.ieu, le service de Yom Kippour s’accomplit sans qu’il ne soit besoin que le Cohen Gadol porte ces clochettes.

La nécessité de porter des clochettes sur le bord de l’ourlet est quelque chose qui est capital dans notre génération. Comme cela ressort des signes donnés à la fin du traité du Talmud Sotah, nous sommes aux « talons de Machia’h », la dernière génération avant l’avènement de l’Ere Messianique, et ainsi semblables au bas de la robe qui devait comporter ces clochettes.

Le Rabbi souligne que puisque nous sommes comparables à ce « bas de la robe », les limites extrêmes avant la venue de Machia’h, il ne suffit pas de diffuser la Torah de façon silencieuse mais il faut le faire dans un Raach Gadol, « un grand tumulte », en accomplissant beaucoup d’activités et en déployant beaucoup d’énergie.

Et cet aspect des Paamanim, ces clochettes représente un niveau de Techouvah qui n’est pas seulement aussi élevé que celui du Tsaddik à Yom Kippour mais bien supérieur encore. Comme le déclare le Talmud : « là où se tient un Baal Techouvah, un Tsaddik parfait ne peut pas se tenir ». Cela tient au fait que les multiples activités et la grande énergie suscitées par la Techouvah montent plus haut encore que le niveau qu’atteint un Tsaddik.

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