Au second soir de Pessa’h, la nuit venue, a commencé, pour les juifs, un bien étrange voyage. Le compte de l’Omer a commencé. Un voyage vers l’avenir, dans un temps qui devient la trame sensible du mouvement.
Derrière nous, le « temps de notre liberté » qui désigne, dans nos rituels de prière, la Pâque. A l’horizon de sept semaines scintille « le temps du don de notre Torah », Chavouot, fête des semaines.
A Pessa’h, la liberté nous fut octroyée, pure expression de la miséricorde divine. Mais les merveilles de la Sortie d’Egypte, données d’en haut, ne suffisent pas encore : l’Infini, l’altérité absolue qui va se révéler au Sinaï, ne peut être donnée qu ‘à travers le temps c’est à dire à travers l’effort d’en bas, l’effort humain.
Et, du reste la Sortie d’Egypte fut, bien plutôt, une fuite. Non pas, évidemment, que le sort de Pharaon n’ait pas, d’ores et déjà, été irrémédiablement scellé. Mais, dès lors que le moment était venu, il fallait, sans même attendre le « temps d’un clin d’oeil » s’arracher à tout ce que, profondément signifie l’ Egypte de Pharaon, « abomination de la terre ».
La fuite, cependant n’est qu’un premier instant, un commencement. Les fuyards emportent avec eux, en eux, les années de servitude. Ils doivent donc, ayant étés affranchis se libérer vraiment et cela est affaire personnelle, dépend de l’effort de chacun.
Compter les jours, ressentir l’attente et éprouver la durée par laquelle celui qui attend se transforme et progresse, jour après jour, par une démarche ordonnée, une élévation graduelle, pour recevoir la Torah quand, après la quarante-neuvième porte s’ouvre, enfin, la cinquantième.
Car le parcours historique, celui de nos ancêtres, est aussi celui que chacun doit vivre au présent. N’ est-ce pas, en effet, le chemin même de la téchouva, du retour à D.ieu ? On y accède, d’abord, par une fuite : il faut fuir la faute, sans un regard en arrière. Puis, la rupture accomplie, entamer le travail plus patient, l’effort d’introspection et de raffinement.
« Vous compterez pour vous… sept semaines entières », dit le verset. Les âmes sont comparées aux sept branches du grand Chandelier et chacun, en son cœur, possède sept catégories d’ émotions qu’il faut élever vers le divin. Alors, ce travail accompli, au cinquantième jour, le Chandelier brille de tout son éclat et la perfection peut apparaître dans les limites mêmes du temps.
David-Méir KRIEF
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- Publication : 1 novembre 2013