Imaginez un quidam particulièrement chanceux qui à trouvé le job dont chacun d'entre nous pourrait rêver.

Se rendre chaque jour à son travail est, pour lui, un ineffable plaisir, un véritable enchantement. Il déambule plus ou moins nonchalamment dans l'entreprise et y apprend toutes sortes de choses, les unes simplement utiles, les autres réellement passionnantes. Le bonheur!!

Et, par dessus le marché, rien ne lui est demandé en échange. Rien : pas de le moindre effort productif. Pas de fastidieux reportings, pas de réponses aux questions de clients bornés, pas d'analyse de dossiers indigestes, pas même de menus travaux d'entretien. Rien de rien !

Le plus extraordinaire dans tout ça c'est que malgré cette contribution nulle à son développement, l'entreprise pourvoit largement à tous ses besoins.

Et comme si ça n'était pas encore assez elle lui accorde de très généreux congés ! Les années passent dans cette béatitude sans pareille, cet océan de félicité…

Voilà cependant qu'un jour son patron (le cher homme !) le convoque :

" -Alors cher Monsieur , heureux chez nous ?

-Très heureux patron, merci beaucoup ! Ah oui vraiment: merci patron!!

-Et ça fait combien de temps maintenant au juste que vous êtes dans l'entreprise?

-Ben, justement, ça fera 13 ans demain

-C'est bien ce que je pensais. Bon, à partir de demain au boulot ! En sortant d'ici, passez à la DRH qui vous remettra le Recueil des Bonnes Pratiques de l'entreprise. Vous vous y conformerez rigoureusement dans le travail qui sera désormais le vôtre ".

Le recueil en question ? Des milliers de pages dont la lecture demande beaucoup de concentration. Le travail ? Difficile.

Bien sur vous avez bon coeur. Et donc vous plaignez notre homme. Vous l'imaginez, le pauvre, rentrant chez lui, accablé par ce coup du sort, effondré, en proie aux affres d'un profond désespoir... La tête dans les chaussettes quoi! Mais alors là pas du tout : il est heureux, appelle ses amis et organise même une très très joyeuse fête !

Horreur, compatissez-vous, c'est le choc: il est devenu fou! Fou lui ? Que nenni, il n'est pas fou pour un sou! Il est simplement bar-mitsva (ou bat-mitsva si notre garçon avait été une demoiselle âgée de 12 ans).

Un juif est heureux d'entrer dans le club, de savoir que désormais, avec sa majorité religieuse, chacun de ses actes va compter pour de bon, qu'il va avoir lui aussi à travailler vraiment : accomplir toutes les mitsvot en adulte qui sait quelle importance, pour lui comme pour l'univers, est désormais attachée à cet accomplissement.


Daniel COHEN










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