« Ein od milvado » : il n’est rien d’autre que Lui. Trois mots qui expriment la quintessence de la foi juive. Encore faut-il ne serait-ce qu’entrevoir la profondeur de leur sens : il n’existe vraiment rien d’autre à part Lui !

Mais alors, qu’en est-il de ce monde, de tout ce qu’il semble contenir et des humains qui paraissent l’habiter? Ce que nos yeux croient voir ne serait donc qu’illusion ?

Non bien sûr : parce que la Torah nous enseigne « Au commencement D.ieu créa le ciel et la terre », nous savons que le monde est réel, que, dans leur profusion, les choses et les êtres que saisit notre regard sont bien là.

Pourtant ces deux affirmations ne sont-elles pas contradictoires ? S’il n’est rien d’autre que Lui, comment un monde réel est-il possible ?

Dans le Tanya (Porte de l’Unification et de la Foi §3 ) le fondateur du ‘Hassidisme ‘Habad, Rabbi Schnéour Zalman écrit :

« S’il avait été permis à l’oeil de percevoir la vitalité et la spiritualité qui, au sein de chaque créature, proviennent de la «bouche de D.ieu », « du souffle de Sa bouche », la matérialité de la créature, sa concrétude n’apparaîtraient aucunement à nos yeux. Car elles sont littéralement annulées par rapport à la vitalité et à la spiritualité sans lesquelles elles seraient à proprement parler néant véritable, exactement comme avant les six jours de la Création. Seule, la spiritualité que la créature reçoit de « la bouche de D.ieu », « du souffle de Sa bouche », la fait émerger en permanence du vide et du néant ».

Oui, le monde existe. Mais cette existence ne se peut que dans la volonté de son Créateur de la perpétuer. Que cette volonté (à D.ieu ne plaise) s’absente et le monde non pas cesserait d’exister mais n’aura jamais existé (le temps lui-même n’est-il pas une création ?).

Etre juif, c’est aussi s’efforcer de regarder le monde autrement, d’abandonner la gangue d’empirisme grossier qui nous fait croire que le monde et ses objets sont intangibles simplement parce que, jour après jour, nous les voyons. Ils n’ont pas, et nous n’avons pas, d’existence autre que celle que renouvelle en permanence Celui vers Qui nous nous tournons, dont nous proclamons la Royauté : il n’est rien d’autre que Lui.

B. Ziegelman.

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