Iyar après Nissan. Iyar après le mois des miracles et des merveilles, ça peut paraître un peu dur non ? Et alors ?
Iyar après Nissan, un peu dur, non ? Nissan, c’est le mois des miracles, la sortie d’Egypte et tout ça…
Les grandes merveilles, la libération en marche, triomphante. Tout ce qui se raconte et tout ce qui se chante au soir du Séder après avoir été attendu et préparé pendant de longs jours : la flamboyante fresque pascale, naissance d’un peuple et Révélation.
Quand pareil mois s’achève, on peut avoir un petit coup de spleen. On aurait bien aimé, au fond, que le temps suspende son vol, qu’il s’arrête, juste un peu plus longtemps, sur le temps de la fête. Mais le temps, comme à son habitude, n’a rien voulu entendre. Il a ses raisons qui nous ont fait entrer dans le mois d’Iyar. Bonjour les soucis de la vie qui va, du boulot qui attend au sortir du métro matinal...
Où est-elle, alors, je vous le demande, la gloire du Séder quand, assis comme un roi (comme une reine) à la grande table de la célébration, nous vivions dans l’élévation de Pessa’h, sur une cîme, quelque part vers les hauteurs ? Quand les convives rassemblés, ont chanté la geste éternelle et toujours nouvelle. Que chacun (chacune) a fait son petit saut pascal ?
Attendez une minute : l’enjeu est justement là ! Qui a dit qu’il fallait redescendre ?
Ok boulot, ok métro, mais qui a dit qu’il fallait les vivre la tête dans les chaussettes ? Ce qu'il faut c'est exactement ça: garder toute l’élévation, toute la hauteur, d'un soir de Séder pour les vivre dans les jours du mois d’Iyar avec les préoccupations et les soucis et les contraintes de ce mois là.
La lumière, donnée d’abondance, gratuitement offerte durant le mois des miracles doit, à présent, éclairer le patient effort des jours. Le réveil qui, d’en haut, nous a apporté comme un supplément de vie pendant les jours privilégiés ne peut pas prendre fin en catimini avec eux: il doit demeurer acquis, s’enraciner maintenant ici-bas pour devenir plus qu’un simple don, la rétribution de l’effort.
Pas facile de rester éveillé ? Non, évidemment. Tout dans notre société encourage au sommeil. Pas facile de conserver l’élévation ? Non, dans une époque qui se vautre dans toutes les vulgarités, qui ne semble plus connaître que le spectacle et la distraction, l’oubli de tout, de son prochain et jusqu’au souci de soi, ça ne l’est certainement pas.
Mais, vous le savez bien, on respire tellement mieux dans les hauteurs !
Daniel Cohen
- Détails
- Publication : 1 novembre 2013