C’est une belle habitude. On vous demande de vos nouvelles, vous répondez : « Barou’h Hachem, ça va » ou « Tout va bien, grâce à D.ieu ».

Ces expressions de louanges, prononcées presque machinalement, ça n’a l’air de rien. Peut-être, mais la Tradition nous enseigne qu’elles causent En-Haut un plaisir si grand qu’il nous est impossible de le mesurer.

Que manifestent-elles, qu’expriment-elles ces expressions si quotidiennes pour qu’on leur accorde pareil statut ? Elles nous disent quelque chose d’essentiel : la Présence de D.ieu au monde, l’action de Sa providence. Car rien n’existe que par la vitalité émanant du Créateur et notre univers tout entier appartient au divin. Il n’y a donc pas en lui la possibilité même d’une force étrangère ou de ce que, par facilité, on appelle le hasard.

Le Baal Chem Tov disait même que les circonvolutions d’une feuille, tombée de l’arbre et planant au gré du vent sont l’effet de la Providence divine. Et Rabbi Schnéour Zalman de Liady, dénonce l’erreur des théoriciens de l’absence, de ceux qui imagine l’autonomie de la « nature » après que lui furent données ses lois. C’est la confondre grossièrement la création d’un existant à partir d’un autre existant et la création ex-nihilo.

L’objet façonné par l’artisan lui échappe quand il l’a achevé et existe alors indépendamment de lui. La création ex-nihilo est d’une essence irréductiblement différente. On peut, métaphoriquement, la figurer par le mouvement d’une pierre projetée dans les airs grâce à l’énergie communiquée par le lanceur. Dès que cette énergie a disparu, le mouvement ascensionnel cesse.

De même la Création est en quelque sorte remise à chaque instant en question. Car elle ne se perpétue que par l’attention et la bonté infinies du Créateur. On semble ici contredire une autre affirmation forte du judaïsme, celle du libre-arbitre. Résoudre vraiment ce paradoxe est sans doute au-delà de notre entendement. Notre liberté se produit dans la dimension du temps dont D.ieu est le Créateur…

Quel était notre point de départ ? Une simple coutume, figure apparemment banale de la conversation. Mais c’est la force d’une coutume juive : elle contient tout un monde, tout un savoir, toute une sagesse.

Barou’h Hachem !

B.Ziegelman