Boris et Luba ont quitté la Russie il y a quelques années pour s’installer en Israël. Ils habitent à Holon. Quand le mouvement Loubavitch annonça pour la première fois qu’un programme spécial relayé par satellite retransmettrait un allumage de ‘Hanouccah intercontinental, ma femme suggéra que nous leur rendions visite pour suivre avec eux cet événement. Ils en furent ravis.
Le premier soir de ‘Hanouccah, quand nous sommes arrivés chez eux, ils nous ont accueilli avec un grand sourire. Nous avons bavardé, chanté des hymnes de ‘Hanouccah et, bien sûr, nous avons mangé. Le grand-père de Boris, Grisha, se souvenait de ‘Hanouccah, du temps où il était enfant : il en avait les larmes aux yeux.
Vers 22 heures, Boris ajusta l’antenne de télévision afin de bien capter le programme. Nous étions absolument scotchés tandis que nous constations les progrès extraordinaires de la technologie qui transforme le monde entier en un village. «‘Hanouccah en direct» commença à l’heure exacte. J’expliquai à nos cousins que rien qu’aux États-Unis, ce programme était retransmis sur plus de 40 chaînes de télévision et qu’il était aussi relayé par des centaines de chaînes en Europe, en Israël et dans le monde entier. Mais ce qui nous impressionna le plus, c’est de savoir que des millions de Juifs et des dizaines de millions de spectateurs non-Juifs concrétisaient la recommandation de nos Sages : rendre public le miracle de ‘Hanouccah.
Sur l’écran, le présentateur ainsi que deux émissaires du Rabbi expliquaient la signification de la fête et donnaient un bref aperçu du mouvement Loubavitch. La caméra effectua un zoom sur le visage du Rabbi qui se tournait à ce moment vers les enfants rassemblés dans la grande synagogue pour la prière de l’après-midi.
Tout à coup, j’entendis Luba s’exclamer : «Je ne le crois pas ! C’est la grande salle d’apparat du Kremlin !»
Elle se frottait les yeux, incapable d’assimiler le fait que des Juifs se soient rassemblés à l’intérieur du Kremlin – symbole de la puissance soviétique - pour y allumer librement aux yeux du monde entier les lumières de la fête.
Mais ce n’était pas qu’en Russie. Une minute plus tard, nous étions devant la Tour Eiffel où 25000 personnes s’étaient amassées en bravant le froid. Le dialogue intercontinental se poursuivait et nous étions maintenant face au Kotel, le Mur Occidental à Jérusalem. Puis à Melbourne en Australie : l’aube pointait déjà de ce côté du globe : une foule impressionnante s’était massée dans une grande salle. Une seconde plus tard, nous étions dans un hôtel à Hong Kong, avec un petit groupe de Juifs. «Loubavitch est vraiment dans le monde entier !» répétait Boris sous le charme.
La caméra retourna au 770 Eastern Parkway à Brooklyn. Le programme commençait vraiment avec la récitation par des enfants des Douze versets et paroles de nos Sages que le Rabbi avait demandé à tous les enfants juifs d’apprendre par cœur. Ils furent proclamés à tour de rôle, en commençant par New York, en continuant au Kotel où un enfant originaire de Tchernobyl récita son verset avec émotion en ajoutant des mots de remerciement au Rabbi qui l’avait sauvé, lui ainsi que des centaines d’autres enfants juifs, d’un environnement nucléaire mortel. Un enfant de Moscou continua, puis un autre à Paris, le cinquième à Hong Kong et le sixième en Australie. Et la rotation continua ainsi jusqu’à la fin des douze versets. Le premier allumage put alors commencer, à Moscou, par Reb Avraham Genin. Malgré la virulente campagne communiste contre toute forme de vie religieuse, ce vétéran de l’armée rouge avait tenu à respecter intégralement tous les commandements de la Torah, en particulier en accomplissant en parfaite clandestinité des circoncisions d’enfants et d’adultes. Tandis qu’il récitait avec émotion la bénédiction de Chéhé’héyanou, un drame se déroulait devant nos yeux dans le salon de Boris : Grisha levait les mains au ciel et récitait lui aussi la bénédiction : «Qui nous a fait vivre, exister et parvenir à cet instant !» Les larmes coulaient de ses yeux et sa femme pleurait avec lui d’émotion : «Je ne peux pas le croire !» répétaient-ils tous deux.
A Jérusalem, le Grand Rabbin d’Israël, Rav Mordechai Eliyahou allumait la Menorah et décrivait avec admiration les grands efforts du Rabbi pour promouvoir les enseignements de la Torah et la pratique des Mitsvot.
En France, ce fut le Grand Rabbin de Paris qui alluma la Menorah géante. La foule massée devant la Tour Eiffel entonna spontanément le chant Haadéret Vehaémouna sur l’air de la Marseillaise : soudain, sur l’écran, on aperçut le Rabbi qui, à New York, encourageait le chant avec de grands gestes du bras. Les Juifs du monde entier se mirent à chanter à l’unisson de toutes leurs forces.
Le Rabbi parla alors pendant presque une demi-heure ; il évoqua ce à quoi nous venions d’assister : quand un jeune enfant allume une lumière dans un coin du globe, le monde entier le voit. La retransmission en temps réel n’est qu’une réflexion de l’énergie spirituelle de la lumière qui illumine le monde d’un bout à l’autre. Le Rabbi souhaita que la lumière de la Torah et de la sainteté, la lumière de la bonté et de la justice se répandent à travers le monde.
Luba remarqua alors qu’elle comprenait maintenant pourquoi les gens parlaient tellement du Rabbi. 
En route pour retourner chez nous, nous avons réfléchi sur l’impact des satellites dans notre vie et combien nous étions certains que, très bientôt, Machia’h allait venir et le monde entier en serait informé - grâce au satellite !

Yitzchak Levin – Kfar Chabad Magazine – L’Chaim
Traduit par Feiga Lubecki

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