C’est une anecdote que raconte Rav Yéhouda Leïb Groner, un des secrétaires du Rabbi :

A New York, habitait une famille qui avait des liens de parenté avec le Rabbi et son épouse; ces personnes utilisaient ces liens pour tout demander au Rabbi: contrairement à la coutume, ils ne transmettaient pas leurs questions au secrétariat mais passaient par la Rabbanit ‘Haya Mouchka, l’épouse du Rabbi: ils lui téléphonaient et elle se chargeait d’en parler au Rabbi.
Un jour, cette famille fut confrontée à un problème médical grave: les médecins affirmaient qu’il fallait opérer la mère le plus rapidement possible. Les enfants téléphonèrent à la Rabbanit pour qu’elle demande au Rabbi s’il convenait de procéder ou non à cette opération. La réponse du Rabbi fut claire: “Ne pas opérer!” La Rabbanit transmit ces mots à ses cousins éloignés et ceux-ci effectivement refusèrent l’opération en espérant que leur mère se remettrait rapidement par d’autres moyens.
Non seulement la situation ne s’améliora pas, mais la patiente vit son état empirer de façon dramatique. Les médecins, perdant patience, se mirent à accuser les enfants d’agir de façon inconsidérée. Impressionnés par les arguments des praticiens, les enfants téléphonèrent encore une fois à la Rabbanit en donnant vraiment tous les détails et les conclusions alarmistes des médecins. Celle-ci répliqua: “Chez Loubavitch on ne demande pas deux fois!”
Les cousins, angoissés, insistèrent auprès d’elle, mais celle-ci resta ferme dans sa décision: une fois que le Rabbi a exprimé son opinion, on ne doit pas redemander. 
Le lendemain, les cousins follement inquiets rappelèrent encore la Rabbanit, elle refusa à nouveau; cependant, comprenant leur désarroi, elle eut une idée: si, de lui-même, le Rabbi évoquait le problème et demandait des nouvelles, elle lui raconterait leur conversation et verrait quelle serait sa réaction. Mais elle insista qu’elle ne ferait qu’exposer la situation et, qu’en aucun cas, elle ne demanderait une seconde fois.
Quand le Rabbi rentra chez lui ce soir-là, de lui-même il demanda à son épouse des nouvelles de cette famille, ce qui était tout à fait inhabituel. La Rabbanit, fidèle à sa promesse, raconta au Rabbi combien ses cousins étaient inquiets. Le Rabbi réagit avec fermeté: “Je leur ai bien dit qu’il ne fallait pas procéder à l’opération”. La Rabbanit comprit qu’il n’était pas content de la démarche et de l’insistance de ces cousins; le Rabbi lui demanda de les rappeler et d’insister pour qu’ils ne procèdent pas à l’opération. Bien entendu la Rabbanit se hâta de leur téléphoner pour transmettre cette seconde affirmation.
Quelques jours plus tard, elle reçut encore un coup de fil de ses cousins. Ils expliquèrent que la situation de leur mère ne faisait qu’empirer, la pression des médecins devenait insoutenable car ils les obligeaient maintenant à signer une décharge. La Rabbanit répéta qu’il ne convenait pas de poser une question deux fois mais ajouta que, comme la dernière fois, si le Rabbi en parlait de lui-même, elle lui raconterait.
Encore une fois, exactement de la même manière, quand le Rabbi rentra chez lui ce soir-là, il demanda à la Rabbanit des nouvelles de ces cousins. En entendant le compte-rendu de la situation, le Rabbi dit qu’ils devaient contacter un médecin qui accepterait de soigner la malade par des piqûres. La Rabbanit se hâta de transmettre à ses cousins ce message et, après bien des efforts, ceux-ci parvinrent à trouver le médecin adéquat, dans un autre hôpital: ils durent beaucoup insister car, comme ses confrères, ce docteur n’était absolument pas persuadé que c’était la bonne méthode.
Il se passa à peine deux jours et déjà la patiente se sentit mieux. Les médecins notèrent que sa situation s’améliorait. De jour en jour, elle reprit vie: bien entendu, les cousins tenaient la Rabbanit informée de ses progrès quotidiennement. Au bout de vingt jours, les médecins, stupéfaits, signaient son bon de sortie. Quand la Rabbanit apprit qu’elle avait pu quitter l’hôpital, elle s’empressa joyeusement d’en informer le Rabbi. Celui-ci répondit alors par une phrase inhabituelle: “Quand la question m’est parvenue, j’ai vu que si elle montait sur la table d’opération, elle n’en redescendrait pas...”.
J’ai écouté avec attention cette histoire. Bien plus qu’une histoire supplémentaire sur le Rabbi, j’ai appris ce qu’est une ‘Hassida du Rabbi…

Arié Samit
traduit par Feiga Lubecki