Mon mari avait une cousine dont le premier enfant se mariait. Mon mari s’était arrangé pour qu’ils aient droit à une entrevue privée avec le Rabbi une semaine avant le mariage. Toute la famille était présente : ma cousine et son mari, leurs deux filles cadettes et les deux fiancés. Le Rabbi bénit abondamment le jeune couple puis demanda à ma cousine : « Voyez-vous un inconvénient à ce que je me mêle de vos affaires ? ». Ma cousine répondit instinctivement : « Oh non, cela ne nous dérange absolument pas ! ». 

Le Rabbi demanda alors si les deux filles célibataires allumaient chacune leur bougie de Chabbat avec la bénédiction. Ma cousine répondit en toute honnêteté que telle n’était pas la coutume dans leur famille et qu’on n’allumait les bougies de Chabbat qu’une fois qu’on était mariée. 

Le Rabbi demanda alors à ma cousine si ces jeunes filles étaient plus indépendantes dans leur façon de s’habiller qu’elle-même ne l’était à leur âge. Amusée, ma cousine répondit que, bien sûr, ses filles étaient plus indépendantes qu’elle-même ne l’avait été et qu’elles n’hésitaient pas à prendre des décisions personnelles toutes seules, par exemple à choisir elles-mêmes leurs vêtements. Puis le Rabbi demanda si ces filles étaient plus indépendantes qu’elle-même dans leur école et, à nouveau, ma cousine répondit par l’affirmative. 

Le Rabbi continua : « Sont-elles plus indépendantes dans leur façon de considérer la vie, dans leurs idées ? ». Une fois de plus, ma cousine répondit fièrement oui. 

Avec un grand sourire, le Rabbi déduisit : « Si elles sont tellement indépendantes dans toutes leurs décisions, pourquoi n’allumeraient-elles pas les bougies juste parce que leur grand-mère ne les allumait pas quand elle était célibataire ? ». 

Il y eut un grand silence et les deux jeunes filles reconnurent la justesse de l’argument du Rabbi. Sur le champ, elles déclarèrent d’une seule voix qu’à partir de maintenant, elles allumeraient leur bougie de Chabbat et des fêtes. Et le Rabbi sourit, heureux qu’elles aient compris et accepté sa proposition.

Mais l’entrevue n’était pas terminée. Le Rabbi se tourna alors à nouveau vers ma cousine : « Qu’en est-il de la jeune fiancée ? Elle aussi devrait allumer sa bougie avant le mariage ! »

Un peu affolée, ma cousine balbutia que c’était le dernier Chabbat avant le mariage et que cela représentait un grand bouleversement dans les projets de la famille. Le Rabbi insista que, même pour ce dernier Chabbat de célibataire, elle devrait allumer sa bougie. Ma cousine était angoissée : comment allait-elle se procurer des chandeliers pour que ses trois filles allument leur propre bougie ce Chabbat, alors qu’on était jeudi soir et que toute la famille devait voyager le lendemain ? 

Ce genre d’arguments ne déstabilisait évidemment pas le Rabbi qui demanda aux jeunes filles :

- Si je vous donne des chandeliers, allez-vous allumer votre bougie demain soir ?

- Oh oui, bien sûr ! s’exclamèrent-elles. 

Le Rabbi ouvrit un tiroir de son bureau pour y chercher des bougeoirs mais n’en trouva pas. Il envoya alors un signal à son secrétaire, Rav Binyamin Klein, lui expliqua la situation et Rav Klein rapporta immédiatement des chandeliers puisqu’il en avait une provision dans son bureau. 

Mes cousines se mirent à remercier le Rabbi pour toutes ses bénédictions en faveur du jeune couple mais le Rabbi les stoppa avec un grand sourire :

- C’est moi qui dois vous remercier car je sais que demain, grâce à vous, il y aura trois lumières supplémentaires dans le monde ! 

Tzippy Clapman – L’Chaim N° 1445

Traduite par Feiga Lubecki

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