Rav ‘Haïm Ouri Ottner était né à Lyzensk, en Pologne et était une des figures importantes de la ‘Hassidout de Belz. Il se maria avec la fille du Rav de la ville de Klavissov et s’installa à Notrov. Connu pour son érudition talmudique, il reçut l’ordination rabbinique de nombreux Rabbanim parmi lesquels le Rabbi d’Ostrowza.
Peu avant la seconde guerre mondiale, il s’installa avec sa famille à Londres. Lors des bombardements de la ville par l’armée allemande, sa demeure prit feu et tous les manuscrits qu’il avait rédigés furent perdus.
Puis il s’installa à New York où il devint le directeur de la Yechiva “ ‘Hafets ‘Haïm ”. Quand on lui proposa le poste de Rav dans une communauté de Los Angeles, il hésita et quelqu’un lui conseilla de prendre l’avis du Rabbi de Loubavitch.
C’est ainsi que commença une longue relation que nous raconte sa fille.
“Mon père n’était déjà plus très jeune et avait acquis une solide réputation tant dans l’action communautaire que dans l’érudition talmudique. Cependant, quand il sortit du bureau du Rabbi, il se sentit rajeuni, encouragé, comme rafraîchi. On voyait qu’il avait comme découvert un trésor. Il disait que s’il n’avait pas vu le Rabbi de Loubavitch de ses propres yeux, il n’aurait pu croire qu’à la tête de notre “génération orpheline” se tient un chef d’une telle envergure. Il décrivait les connaissances du Rabbi dans tous les domaines de l’étude juive mais aussi de la vie en général. “ Il ressemble en tous points au Rambam, à Maïmonide ! ” s’exclama mon père.
Le Rabbi conseilla à mon père d’accepter le poste à Los Angeles, ce qui réjouit la communauté orthodoxe de cette ville.
Quand ma mère remarqua combien mon père avait été impressionné par sa visite chez le Rabbi, elle demanda à se joindre à lui lors de sa prochaine entrevue.
A l’époque, mes parents avaient un gros problème qui leur causait beaucoup de peine. Mon petit frère ne s’intéressait plus vraiment à la Torah et aux Mitsvot. Ce fut un processus graduel, mais il en arriva au point de fréquenter des jeunes gens peu recommandables et même malheureusement une jeune fille non-juive qu’il ne voulait plus quitter...
Inutile de décrire le désarroi de mes parents qui n’osaient même pas parler de leur souci.
Quand ils entrèrent dans le bureau du Rabbi, ils tendirent au Rabbi un papier où étaient inscrits tous leurs enfants (sauf un !) avec leurs occupations, leurs études etc... A leur grand étonnement, le Rabbi leur demanda justement des nouvelles de ce fils qui les chagrinait tant. Ma mère, en larmes, soupira puis expliqua ce qui lui arrivait. Le Rabbi réfléchit un instant puis dit : “ Puisque son ‘Mazal’ (celle qui lui est destinée) se trouve en Terre Sainte, il serait judicieux de le persuader de se rendre en Israël et le bon D.ieu trouvera le moyen de lui faire rencontrer cette jeune fille”.
Dès leur retour à Los Angeles, mes parents proposèrent à mon frère de se rendre en Israël ; ils tentèrent de le persuader par tous les moyens, mais il n’était pas intéressé. Nous n’avions pas de famille proche là-bas et mon frère n’avait tout simplement aucune envie d’y aller.
La fois suivante, mes parents racontèrent au Rabbi que leurs efforts pour envoyer mon frère en Israël avaient échoué. Le Rabbi répondit alors : “Il n’y a pas le choix: Erets Israël devra aller vers lui!”
Ma mère, suffoquée, voulut demander une explication mais mon père qui avait déjà compris qu’on ne pose pas de questions sur ce que dit le Rabbi, lui fit signe de se taire.
Quelques semaines plus tard, ma mère entra dans le magasin de bijoux d’une de ses amies. Son amie n’était pas présente, mais il y avait là une nouvelle vendeuse qui aida ma mère à choisir ce qu’elle recherchait. Ma mère fut favorablement impressionnée par cette jeune fille et elle eut une longue conversation avec elle.
De retour à la maison, elle s’empressa de téléphoner à son amie, la propriétaire du magasin. Celle-ci lui expliqua que la jeune fille était une de ses nièces, qui habitait Tel-Aviv et qui passait trois semaines de vacances à Los Angeles. “ Il y a quelque temps, raconta-t-elle, ma belle-sœur m’a téléphoné de Tel-Aviv et m’a demandé si je pouvais héberger sa fille qui avait soudain eu l’envie de se rendre à Los Angeles où elle ne connaissait personne ! ”
Ma mère n’était pas du genre à perdre son temps. Elle passa encore certains coups de téléphone et, au bout de quelques semaines, nous avons pu célébrer les fiançailles de mon frère avec cette jeune fille venue tout droit de la Terre Sainte.
Maintenant mes parents pouvaient respirer, ils étaient débarrassés d’un grand poids.
Le “marieur” avait vu juste: “Il n’y avait pas le choix, Erets Israël avait dû aller chez lui”.
Cela fait déjà trente ans que mon frère est marié !
Traduit par Feiga Lubecki

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