Il existe deux manières d’éduquer ses enfants ou d’enseigner, d’influencer ou de motiver : par des mots et des arguments convaincants ou par l’exemple et un comportement silencieux.
Cette dernière attitude est souvent beaucoup plus pertinente. Bien qu’aucune parole n’ait été prononcée entre celui qui veut influencer et celui qu’il veut influencer, bien plus a été communiqué : une vérité qui mérite d’être vécue.
Dans la première méthode pour toucher, il s’agit du maître qui aborde l’élève ; dans la seconde, c’est l’élève qui est attiré vers le maître. Dans la première approche, c’est le parent qui veut quelque chose pour l’enfant ; dans la seconde c’est l’enfant qui veut quelque chose pour lui-même.

Des modes différents
Bien qu’identique à son père par son apparence physique, Its’hak était différent d’Avraham par son approche spirituelle et sa personnalité. Tous deux servaient D.ieu de tout leur cœur et de toute leur âme mais ils possédaient des cœurs et des âmes différents. Selon la Cabbale, Avraham représentait l’amour illimité et la bonté et Its’hak personnifiait la crainte et la retenue.
Leurs rôles et leurs destinées n’auraient pu non plus être plus distincts. Nous le savons par les réponses dissemblables que leur donna D.ieu dans des circonstances similaires :
«Une famine s’abattit sur le pays, outre la première famine qui avait eu lieu à l’époque d’Avram…» Its’hak, comme son père, fit face à la famine. Mais, contrairement à son père qui, pour fuir la faim avait quitté Israël pour l’Egypte, Its’hak fut freiné quand il désira suivre les pas de son père : «D.ieu apparut à its’hak et dit : «Ne descends pas en Egypte ; réside ici, dans cette terre…» «… Car tu es une offrande sans défaut et le territoire extérieur à Israël ne te mérite pas.» Et qu’en était-il d’Avraham ? N’était-il pas lui-aussi une «offrande sans défaut» ?
Its’hak, possédant une sensibilité spirituelle unique, fut le seul de nos Patriarches à ne jamais quitter les frontières de la Terre Sainte. Doté d’un esprit délicat, il ne supportait pas bien l’impureté, état qui prévalait alors en dehors de Canaan.
Avraham, par contre, restait insensible à l’impureté. Ainsi Avraham fut-il déraciné pour porter assistance. Il apprit à entretenir des relations avec un monde sacrilège. Il partagea la compagnie de «ceux qui s’inclinaient devant la poussière de leurs pieds» et les transforma en monothéistes.
Inversement, Its’hak était trop spirituel pour établir un lien avec le profane. Il n’avait pas en lui l’aptitude à s’abaisser. Il ne pouvait comprendre ni tolérer une culture qui accordait de la valeur, et à plus forte raison adorait, autre chose que D.ieu.
Il paraîtrait donc évident qu’Its’hak ne pouvait avoir d’influence sur son environnement. Un homme incapable ou non désireux de communiquer avec ses voisins païens pouvait-il les changer ? Mais peut-être que leurs moyens de communication n’étaient pas faits de mots.

Une leçon modèle
Avraham était un homme de dialogue et de débat. Ses discours éloquents et ses arguments convaincants poussèrent de nombreux hommes à le rejoindre dans sa foi. C’est la raison pour laquelle le verset appelle Avraham «le faiseur » d’âmes». «Car il les prenait sous les ailes de la Présence Divine et les convertissait.»
Its’hak, durant la majeure partie de sa vie, s’occupa de lui-même. L’on pourrait penser qu’il se préoccupait plus de son élévation que de la «descente» (obligée) qu’avait faite son père. Immergé dans l’étude et la prière, il avait entrepris un voyage vers le Ciel. Il cherchait à élargir et à approfondir sa relation avec D.ieu. Ainsi, alors qu’Avraham ne s’arrêtait pas d’enseigner, Its’hak cessait rarement d’étudier.
Mais ce qu’il n’exprimait pas par des mots, il l’articulait par des actes. Les actions sont universellement comprises et Its’hak faisait une démonstration de vérité. Il était un exemple vivant d’un serviteur de D.ieu. Tous ceux qui le voyaient ne pouvaient s’empêcher d’être impressionnés et leur vie en changeait.

La comparaison et le contraste
Comment peut-on comparer l’influence d’Its’hak à celle de son père ?
Alors qu’Avraham descendait au niveau de ses élèves, Its’hak les hissait au sien. En d’autres termes, Its’hak faisait un travail, impossible à Avraham.
Et précisément parce qu’on n’entendait pas Its’hak, qu’on ne faisait que le voir, qu’il laissait ses élèves mener leurs propres réflexions, ils étaient attirés par eux-mêmes. En somme, la portée des enseignements d’Avraham s’étendait plus loin alors que celle d’Its’hak était plus profonde.
L’effet que produisait Avraham était de courte durée parce que c’était lui qui touchait ses disciples. Après sa mort, ils disparurent doucement. Puisque ce fut sa présence électrisante et son argumentation convaincante qui les avaient impressionnés et stimulés, ils ne se sentaient plus obligés de suivre sa voie, une fois qu’il n’était plus là.
L’influence d’Its’hak perdura parce qu’il avait obligé les gens à changer par eux-mêmes.

Qu’en est-il de chacun d’entre nous ?
A la maison ou au travail, et partout entre les deux, nous nous retrouvons souvent dans une position d’influence. Nous nous demandons quelle est la meilleure manière d’éduquer et d’inspirer. Nous réfléchissons sur la meilleure manière d’opérer des changements chez ceux qui nous entourent. Les paroles sont bonnes mais des actions sincères, fidèles à notre message sont encore meilleures. Des arguments peuvent enclencher un changement mais les actions le concrétisent.
L’effet d’un discours sérieux sur la gravité de la faute est aussi durable que le regard d’horreur de celui à qui il s’adresse. La meilleure exhortation sur les règles de morale et l’adhésion aux paroles de D.ieu semble bien pâle par rapport à l’enthousiasme visible devant l’opportunité de pratiquer ces valeurs.

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