La Parchat Kedochim définit de multiples Mitsvot. Les trois premières Injonctions qu'elle émet sont : «Vous serez saints», «un homme craindra sa mère et son père» et : «vous garderez Mes Chabbats».

On peut, cependant, s'interroger, à ce propos, car, dans la Torah, chaque détail reçoit la plus grande précision. Il en résulte qu'il y a nécessairement une raison pour laquelle ces trois Injonctions doivent être présentées conjointement(1). Quel lien existe, en l'occurrence, entre ces trois Injonctions ?

On sait que la sainteté est synonyme de séparation, retrait(2). Les Juifs doivent se distinguer des autres peuples(3). On ne peut cependant pas penser que cette séparation réside uniquement dans le fait de disposer de la Torah et des Mitsvot, alors que les nations du monde n'ont rien de commun avec elles(4).

Il est dit, en effet, que : «Il dit Ses Paroles(5) à Yaakov... Il n'en a pas fait de même pour les autres peuples...»(6). Il est donc inutile d'émettre une Injonction demandant aux enfants d'Israël de se séparer de tous les autres peuples(7).

On peut donc avancer qu'il est fait référence, en l'occurrence(8), aux actions que les Juifs et les non Juifs réalisent d'une manière identique, comme le fait de manger, de boire, de travailler, domaines en lesquels les Juifs ont des comportements qui sont, en apparence, similaires à ceux des autres nations.

C'est précisément à ce propos que le verset demande : «Vous serez saints», soulignant ainsi qu'en ces domaines également, la différence entre Israël et les autres nations doit apparaître comme une évidence(9). La Torah dit ensuite : «Un homme craindra sa mère et son père» afin de souligner qu'il ne suffit pas d'être personnellement saint. Il faut, en outre, élever ses enfants dans la sainteté également. Aux pères et aux mères, incombe, de manière directe, cette Mitsva d'éduquer leurs enfants. Ils doivent leur transmettre la conscience de leur spécificité, par rapport à tous les autres peuples et de leur appartenance à la nation sainte.

Puis, vient la troisième Injonction, «vous garderez Mes Chabbats». En effet, comment se convaincre soi-même et convaincre ses enfants de la spécificité d'Israël, par rapport aux autres nations ? C'est, précisément, l'une des raisons d'être du Chabbat, qui est un signe, entre D.ieu et les enfants d'Israël pour rappeler que D.ieu a créé le monde en six jours(10) et qu'Il le vivifie à chaque instant(11). Chacun peut ainsi raffermir sa foi en la création du monde. C'est précisément là ce qui distingue Israël de tous les autres peuples, qui prétendent que D.ieu a abandonné la terre aux influences astrales(12). Les Juifs, en revanche, grâce à la foi qui les anime, sont profondément attachés à D.ieu, au point de ne tenir aucun compte des voies de la nature(13).

C'est également là ce qui différencie le Chabbat des autres jours de la semaine. Dans les versets qui décrivent la création, le Nom divin Elokim est mentionné à trente-deux reprises(14). Or, la valeur numérique de ce Nom est la même que celle de Ha Téva, «la nature», ce qui fait allusion aux limites subies par ce monde(15). Le Chabbat, en revanche, est : «un Chabbat pour l'Eternel», Avaya, qui transcende le Nom Elokim, étant la contraction de Haya, Hové, Ihyé, «Il a été, Il est, Il sera»(16). Ainsi, ce Nom cumule, en un seul mot, le passé, le présent et le futur, de manière identique. De la sorte, il transcende la nature et il dépasse les autres jours de la semaine, qui subissent les limites de la nature.

Ce qui vient d'être exposé délivre un enseignement, s'appliquant à chacun. Lorsque les Juifs maintiennent le lien qui les rattache à D.ieu, pendant le Chabbat, ils permettent ainsi que la promesse selon laquelle : «vous serez saints» se réalise pleinement, pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Dès lors, cette sainteté se manifeste également dans les domaines matériels de ce monde(17).

(Discours du Rabbi, Likoutei Silhot, tome 1, page 254)

Notes :
(1) Et, il convient donc de la déterminer.
(2) C'est ainsi que consacrer un objet au Temple signifie le séparer de toute utilisation profane, ou encore que donner la sanctification du mariage à une femme a pour effet de la séparer de tous les autres hommes.
(3) C'est bien le sens de cette Injonction : «Vous vous sanctifierez et vous serez saints».
(4) Les sept Mitsvot des descendants de Noa'h ne sont que des valeurs morales et elles ne transforment pas la matière du monde.
(5) C'est-à-dire ce qu'Il met Lui-même en pratique.
(6) Tehilim 147, 19-20.
(7) Car, il y a là un état de fait. Il faut donc rechercher une autre définition de la sainteté.
(8) Dans cette nécessité de se sanctifier.
(9) C'est le sens de la sainteté.
(10) Et, s'est reposé le septième.
(11) De sorte que la création n'est pas un événement du passé, mais bien un processus continu dans le temps, qui se déroule encore comme la première fois.
(12) Ils L'appellent ainsi : «le D.ieu des dieux», le D.ieu des influences astrales.
(13) De mettre en évidence Sa Présence surnaturelle en tout ce qu'ils accomplissent.
(14) C'est donc essentiellement par ce Nom que la création fut réalisée.
(15) Du fait même de sa création par le Nom Elokim.
(16) C'est la dimension du Divin qui transcende le temps et ne s'introduit donc pas dans les voies de la nature.
(17) Qui reçoivent ainsi l'élévation.