Les miracles de ‘Hanoucca
Maïmonide décrit ainsi le miracle de ‘Hanoucca (Hil’hot Meguilah ve’Hanoukah 3 :1) :
1. A (l’ère) du second Beth Hamikdach, le royaume grec promulgua deux décrets contre le peuple juif, tentant d’annihiler leur foi et refusant de leur permettre d’observer la Torah et ses commandements.
(Les Grecs) s’emparèrent de la propriété (des Juifs) et de leurs filles… Les Juifs souffrirent d’immenses épreuves… car (les Grecs) les opprimèrent durement jusqu’à ce que le D.ieu de nos ancêtres les prit en pitié, les délivra des mains (des Grecs) et les sauva.
Les fils des Hasmonéens, les Grands Prêtres, (les) vainquirent, les abattirent et sauvèrent les Juifs de leurs mains…
2. Quand les Juifs l’emportèrent sur leurs ennemis et les détruisirent, ils pénétrèrent dans le Sanctuaire… Ils ne purent trouver d’huile pure dans le Sanctuaire, à l’exception d’une fiole unique. Elle contenait suffisamment d’huile pour brûler seulement un jour. Ils allumèrent… les lampes (avec cette fiole) pendant huit jours, jusqu’à ce qu’ils puissent broyer des olives et produire de l’huile pure. »
Comme cala semble ressortir des mots du Rambam, deux miracles se produisirent : la victoire militaire par laquelle « D.ieu livra les puissants aux mains des faibles et les nombreux aux mains des infimes », et le miracle qui permit à l’huile de brûler huit jours, et non un, dans la Menorah d’or.
Lier le matériel au spirituel
Maïmonide conclut qu’en commémoration de ces miracles, nos Sages ont institué l’observance des huit jours de ‘Hanoucca, comme des « jours de joie et de louange (à D.ieu) », au cours desquels « des lumières doivent être allumées le soir ».
Les commentateurs en déduisent que « la joie et la louange » représentent deux manières de commémorer les miracles. « La joie » renvoie à la coutume de faire des fêtes pendant ‘Hanoucca et « la louange » évoque la récitation du Hallel (prière de louange à D.ieu). Puisque la victoire militaire appartient au domaine matériel, elle se célèbre physiquement, par le fait de manger et de boire. Le miracle de la Menorah, quant à lui, étant d’ordre spirituel, il est rappelé par des activités spirituelles : allumer les lumières et réciter le Hallel.
La lumière constitue l’élément le plus spirituel de notre monde matériel. Bien qu’elle soit visible, elle n’est pas gérée par les lois conventionnelles de la matière. (Ce concept se perçoit dans le domaine de la Hala’hah (loi juive). Le Talmud statue qu’une image (transmise par des rayons lumineux) « n’a pas de substance »). L’aspect spirituel de la victoire sur les Grecs trouve donc son expression dans le miracle des lumières de la Menorah dans le Beth Hamikdach et nous le commémorons en allumant, chaque année, les lumières de ‘Hanoucca.
Qu’est ‘Hanoucca ?
Le Talmud met essentiellement l’accent sur l’aspect spirituel des miracles de ‘Hanoucca. Nos Sages s’interrogent : « Qu’est ‘Hanoucca ? », autrement dit, pour quel miracle la fête a-t-elle été instituée ? Leur réponse relate l’épisode de la Menorah, sans développer le thème de la victoire militaire sur les Grecs.
Bien que le miracle de la Menorah n’eût jamais pu avoir lieu sans la victoire militaire, ce n’est pas cette dernière qui définit l’essence de ‘Hanoucca. ‘Hanoucca est la fête de la lumière spirituelle. La guerre contre les Grecs elle-même était de nature essentiellement spirituelle puisqu’il s’agissait de préserver l’héritage de la Torah de toutes traces d’influence laïque.
C’est la raison pour laquelle la prière que l’on prononce lors de l’allumage des lumières de ‘Hanoucca, Veal Hanissim, qui exprime des remerciements à D.ieu pour la victoire militaire, ne mentionne pas le miracle spirituel de la Menorah. Celui-là l’éclipse et mérite une mention toute particulière.
Le corps et l’âme
Le nom ‘Hanoucca possède la même racine que le mot hébreu pour « éducation » : ‘Hinou’h. Cela implique un lien entre la commémoration de cette fête et notre développement personnel. En effet, ‘Hanoucca, comme toutes les fêtes, communique un message qui s’applique même lorsque sa célébration est achevée.
A la base, le message de ‘Hanoucca, selon lequel la lumière spirituelle peut dominer la puissance militaire, nous enseigne la suprématie de l’âme sur le corps. Bien que nous soyons constitués d’un corps et d’une âme, et bien que l’âme ait besoin du corps pour s’exprimer, la suprématie de l’âme ne s’en trouve pas affectée : elle donne sa force au corps et contrôle son fonctionnement.
En ne mettant l’emphase que sur le miracle des lumières, nos Sages soulignent une leçon encore plus profonde.
‘Hanoucca attribue à chaque âme le potentiel de s’exprimer en toute liberté, sans être entravée par la nature physique du corps. L’on peut vivre et fonctionner dans le monde, sans être affecté par son matérialisme.
‘Hanoucca nous permet de vivre dans un monde matériel pour y poursuivre une mission spirituelle, de la même façon que la victoire sur les Grecs avait un dessein spirituel.
‘Hanoucca nous donne la force de faire de notre vie dans le monde le moyen d’expression de notre service spirituel, tout comme le miracle de ‘Hanoucca.
Vivre de cette manière hâtera l’arrivée d’une ère où cette possibilité sera répandue dans le monde entier, à l’Ere de la Rédemption où « la terre sera remplie de la connaissance de D.ieu tout comme les eaux recouvrent le lit de l’océan ». Que cela se produise de façon immédiate !
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- Publication : 5 décembre 2020