Les dates des neuf et dix Kislev sont intimement liées avec la vie du deuxième Rabbi de la dynastie Loubavitch, Rabbi Dov Ber, ou Admour Haemtsaï. Celui-ci naquit Le neuf Kislev 5534-1773. Il fut dénommé rétrospectivement « Admour Haemtsaï », ou « Rabbi intermédiaire », car les hassidim virent en lui un jalon entre Rabbi Chnéour Zalman, fondateur de ‘Habad, et le Tséma’h Tsédek, troisième Rabbi et petit-fils de Rabbi Chnéour Zalman. Ce dernier eut une relation de proximité particulière avec son petit-fils car il avait pris en charge son éducation à la suite du décès prématuré de sa mère.

Le Admour Haemtsaï prolongea et développa la tradition hassidique fondé par son père avec des enseignements et des discours d’une profondeur et d’une puissance d’analyse exceptionnelles. Ils sont connus dans les écoles talmudiques ‘Habad jusqu’à ce jour pour être parmi les plus difficiles d’accès. Lui-même était connu pour une capacité de concentration telle qu’un jour, il n’entendit même pas tomber son fils de son berceau. C’est son père, Rabbi Chnéour Zalman, qui habitait à l’étage supérieur de la même maison, qui intervint et lui en fit la remarque. Le Rabbi rapportera cette anecdote pour nous enseigner que quelle que soit notre aspiration spirituelle, nous devons toujours rester à l’écoute d’un autre juif qui souffre, matériellement ou spirituellement.

La date du dix Kislev commémore le jour de la libération du Admour Haemtsaï après avoir été arrêté par les autorités russes. Les événements autour de cette arrestation et de cette libération se déroulèrent dans les années 5585-5587, entre 1825 et 1826. Ce n’est que récemment, en 1998, que les dates exactes de ces événements purent être établies à la suite de la découverte de son dossier d’accusation dans les archives russes. Le Admour Haemtsaï fut convoqué peu après les fêtes de Tichri 5586 à la suite de dénonciations calomnieuses. Il était accusé, entre autres, de collecter des fonds et de soutenir le pouvoir turc qui occupait à l’époque la terre d’Israël. En réalité, des membres de la communauté, par pure jalousie, avaient saisi des documents relatifs à la collecte de fonds pour les communautés pauvres d’Israël et les avaient falsifiés. Par respect pour le Admour Haemtsaï, les autorités ne l’arrêtèrent pas mais le convoquèrent au bureau central d’enquête de la ville de Vitebsk. Les interrogatoires et l’enquête durèrent environ un mois et demi, au bout desquels il fut innocenté et libéré le 10 Kislev 5587.

Le Ohel de Rabbi Dov Ber à NiezinMalheureusement,  son état de santé se détériore à la suite de ces événements. Moins d’un an plus tard, le 9 Kislev 5588 – 1827, il quitte ce monde à l’âge de 54 ans. La tradition hassidique a retenu ce point commun avec les plus grands justes de l’histoire juive qui sont nés et décédés le même jour du calendrier. Cette correspondance dans le temps est la marque d’une vie où les années, comme les actions, sont pleines et entières.


Le chant du Admour haemtsaï