Il y a quelques mois, nous avons organisé une petite réunion au centre Loubavitch de Midtown Center à Manhattan.
Le propriétaire d’un restaurant cachère, le Jérusalem II de Broadway, annonça qu’il serait heureux de participer à la fête et qu’il offrirait plusieurs gâteaux pour la réussite de la réunion.
Le vendredi matin, avant de me rendre à mon travail, je décidai de passer par le restaurant afin de rappeler au propriétaire sa promesse de participer à l’organisation le mardi suivant. A peine entrai-je dans le restaurant qu’il m’attrapa par le bras : «Je n’ai pas mis les Téfilines ce matin ! Pouvez-vous m’en procurer une paire aujourd’hui ? Attention ! Je suis gaucher !» (Les gauchers mettent les Téfilines sur le bras droit et les lanières doivent être disposées différemment de ceux des droitiers). Je me précipitai vers un bureau quelques blocs plus loin, bureau dans lequel se réunissent plusieurs hommes d’affaires chaque après-midi pour la prière de Min’ha. Mais il s’avéra qu’aucune paire de Téfilines n’y était disponible. Intérieurement, je m’en voulais de ne pas avoir emporté mes Téfilines ce jour-là, encore qu’il aurait été difficile de les transformer pour qu’elles soient compatibles pour un gaucher. Je téléphonai à plusieurs personnes dans les bureaux avoisinants mais personne n’avait emporté ses Téfilines ! Pas de chance !
En désespoir de cause, je me rendis au Shalom Pizza Shop, au coin de la 37ème rue et de la 6ème Avenue. Je demandai au propriétaire si, par hasard, il possédait une paire de Téfilines de gaucher.
- Oui, ils sont en bas au sous-sol !
Qui peut décrire mon soulagement ? Il ne me restait plus qu’à en informer le propriétaire du Jérusalem II. Je repris ma route en sens inverse et informai l’homme que des Téfilines pour gaucher l’attendaient au Shalom Pizza Shop et il me remercia : il m’assura qu’il s’y rendrait le plus rapidement possible.
Durant ma pause de midi, je lui téléphonai pour m’assurer qu’il avait pu se libérer pour mettre les Téfilines. Il me répondit que le restaurant était rempli de clients et qu’il lui était absolument impossible de sortir. Je décidai de me rendre moi-même à son restaurant : peut-être pourrais-je m’y rendre utile de façon à le laisser prendre une pause pour qu’il puisse mettre les Téfilines à la pizzeria ?
Alors que je courais sur Broadway, j’aperçus un Loubavitch qui portait justement son sac à Téfilines sous le bras. Je l’accostai en toute hâte et lui demandai si – par hasard, bien sûr !
– il était gaucher.
- Oui, répondit-il, étonné. Peut-être pouvez-vous m’aider, continua-t-il avant que j’aie pu lui demander ce que j’avais à lui demander, j’arrive de Milan (Italie) et je recherche désespérément un restaurant cachère ! Je meurs de faim !
- C’est incroyable ! Je peux vous rendre service et vous amener à un restaurant cachère mais vous, de votre côté, vous prêterez vos Téfilines au patron du restaurant ! C’est ainsi que j’ai pu faire d’une pierre deux coups : le patron du restaurant gagna un client supplémentaire mais gagna aussi la possibilité de mettre les Téfilines d’un gaucher sans avoir à quitter son travail ! Et l’Italien me remercia abondamment de la chance qu’il avait eue de pouvoir manger un excellent repas !
Tous les trois nous nous sommes souhaité Chabbat Chalom avec de grands sourires, heureux d’avoir fait connaissance les uns et les autres ! Quant à moi, j’étais le plus heureux des trois : merci mon D.ieu de m’avoir donné la possibilité de rendre service à deux Juifs !

M. Gati - L’Chaim N° 1267
Traduit par Feiga Lubecki