1973. La tristement célèbre guerre de Kippour dura de longues semaines et la vie de tous les Israéliens en subit les bouleversements. Ce fut la seule année où les écoliers n’eurent pas de vacances pendant les jours intermédiaires de la fête de Souccot : il ne fallait pas qu’ils restent désœuvrés, à jouer dans la rue et à être surpris par d’éventuelles attaques aériennes. De nombreux étudiants des Yechivot Loubavitch en profitèrent pour apporter un peu d’animation dans les écoles et pour proposer aux enfants de manger dans la Souccah et de faire la bénédiction sur les Quatre Espèces, les végétaux si particuliers de la fête.
Le jour de Hochaana Rabba, trois jeunes couples de ‘Hassidim décidèrent d’aller passer le dernier jour de fête loin des bruits de guerre dans le nord et donc de se rendre à Jérusalem chez leurs parents. Pour cela, ils louèrent les services d’un taxi arabe qui devait les conduire à travers «les territoires» en passant par Ch’hem et Jénine. Ahmed accepta et le voyage se déroula sans incident jusqu’à Jénine.
C’est alors que le conducteur ralentit : la circulation jusque là très dense était complètement bloquée ! Ahmed descendit de son véhicule pour voir ce qui se passait. Pendant ce temps, la radio crachait de violents discours et les trois couples de ‘Hassidim commençaient à s’inquiéter…
Ahmed revint avec les nouvelles : il s’avérait qu’un tank israélien, en route vers le nord, était tombé au fond d’un ravin et que de nombreux soldats tentaient par tous les moyens de le remettre sur la route, mais en vain. L’énorme engin était bien trop lourd.
Que faire ? L’heure avançait et les ‘Hassidim étaient anxieux d’arriver à destination avant la fête.
Ils décidèrent alors d’aller voir par eux-mêmes ce qui se passait : effectivement la situation n’était pas simple. Les derniers efforts pour relever le tank l’avaient fait rouler encore plus bas dans le ravin et il risquait même de se retourner et d’écraser, à D.ieu ne plaise, ceux qui tentaient de le remonter.
Les ‘Hassidim devaient agir ! Après tout, s’ils se trouvaient justement là, c’était certainement pour se rendre utiles, selon l’enseignement du Baal Chem Tov. Ils retournèrent à leur taxi, prirent leurs sets de «Quatre Espèces» et retournèrent sur la scène de l’accident. Les soldats qui s’y agitaient étaient encore plus nombreux que ceux qu’ils avaient vus auparavant : ils étaient là depuis plusieurs jours déjà et n’avaient pas eu l’occasion de prononcer les bénédictions sur le Loulav.
Comme surgis de nulle part, les trois ‘Hassidim apparurent avec leurs «Quatre Espèces» et proposèrent aux soldats de réciter les bénédictions : tous acceptèrent d’accomplir la Mitsva et étaient heureux d’avoir pu secouer délicatement le Loulav au moins une fois cette année-là. Ils remercièrent les ‘Hassidim : «D’où venez-vous ? Vraiment au dernier moment avant la fête ?»
- C’est le Rabbi qui nous a envoyés vers vous !
- Comment le Rabbi savait-il que nous avions besoin de vous ici ? Dans un endroit aussi inhabituel ?
Les derniers soldats prononcèrent les bénédictions puis tous se remirent «au travail». Ce serait le dernier essai, le dernier effort avant d’abandonner le tank et tout ce qu’il représentait.
Le dernier effort ? Ce ne fut pas un effort ! On aurait dit que soudain le tank glissa et remonta comme si quelqu’un avait huilé ses roues qui le portèrent en-dehors du ravin. Sans effort ! Dès qu’il parvint sur la route, le tank partit vers le nord pour participer aux durs combats.
Les ‘Hassidim remontèrent dans le taxi, heureux et souriants. Même Ahmed était soulagé. Les ‘Hassidim arrivèrent à Jérusalem à temps avant la fête avec, en prime, une histoire de plus quant à l’importance de la Mitsva des Quatre Espèces, l’arme secrète du peuple juif !
Menachem Zigelbaum
Sipour Chel ‘Hag
traduit par Feiga Lubecki

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