Après l’université, j’ai commencé à travailler à l’hôtel Best Western de Southern Connecticut comme directeur des ventes et du marketing. Un jour, un des clients de l’hôtel ne parvenait pas à imprimer des papiers importants dont il avait besoin pour son travail. Il me demanda de l’aider mais, n’y parvenant pas non plus, je lui proposai d’utiliser l’imprimante de mon bureau. Nous avons engagé la conversation : il s’appelait David Greer, avait 62 ans, était un ancien soldat de la Marine américaine, était originaire de Pittsburgh mais vivait à Murrieta en Californie ; il était ingénieur d’une entreprise de construction. Comme ma famille envisageait de déménager à Las Vegas, nous avons discuté des avantages et des inconvénients de la ville et nous avons sympathisé. Par la suite, chaque fois qu’il avait besoin d’imprimer des cartes et des plans, il me les envoyait directement par mail et je les imprimais.
Ce soir de mai 2014 alors que je quittais l’hôtel, David entra. Nous avons bavardé et, avant de partir, je lui demandai tout de go : «Avec un nom pareil, David Greer, vous êtes sans doute juif !». Il fit une grimace et murmura : «Euh… Pas vraiment». J’ai souri et répliqué : « Moi, je suis juif. Soit on l’est, soit on ne l’est pas ! Votre mère est-elle juive ?».
Il hésita puis reconnut : «Oui !».
- Et qu’en est-il de la mère de votre mère ?
- Oh oui ! Elle était juive ! Et pratiquante d’ailleurs !
- Donc vous êtes juif vous aussi, David ! affirmai-je.
Durant la conversation animée qui suivit cette «révélation», je demandai à David s’il avait entendu parler des Téfilines et, en même temps, je mimai inconsciemment le geste d’enrouler les lanières autour de mon bras. Non, il ignorait de quoi je parlais. Je lui expliquai que c’était très important pour un Juif de mettre les Téfilines, ajoutai que moi-même, je les mettais maintenant depuis quelques temps et que cela me faisait me sentir lié à D.ieu. Je constatai sur son visage de l’étonnement et aussi une certaine excitation. Je suggérai qu’on se rencontre dans un endroit tranquille dans les prochains jours (il faisait déjà nuit et on ne pouvait plus mettre les Téfilines).
Effectivement, une semaine plus tard, David arriva à l’hôtel et je demandai à être remplacé dans mon bureau pour quelques minutes. Je pris dans ma voiture mon sac en velours contenant mes Téfilines et ma remplaçante thaïlandaise s’étonna : pourquoi me rendais-je dans la chambre de ce client ? Je répondis que c’était pour «une expérience religieuse, spirituelle même» et elle approuva d’un hochement de tête.
Dans la chambre de David, au septième étage, je plaçai une Kippa sur sa tête et lui mis les Téfilines. Il répéta après moi mot à mot la bénédiction et le Chema Israël. Je suggérai qu’il adresse en ce moment si particulier des prières personnelles à D.ieu et je pus constater son extrême concentration tandis qu’il fermait les yeux et que son visage prenait une expression très sérieuse. En enlevant les Téfilines, il reconnut qu’il avait ressenti une expérience spirituelle intense, sans doute la plus puissante de sa vie. Dans la journée, il m’envoya un texto : «Scott, merci du plus profond de mon cœur ! Ce fut un honneur et une bénédiction que vous m’avez fait partager !». Je répondis en toute modestie : «Je vous en prie ! Je suis à votre disposition pour recommencer cette grande Mitsva tous les jours. Mais Celui que vous devez vraiment remercier, c’est D.ieu qui nous a fait nous rencontrer et qui m’a fait partager avec vous cette expérience. Sans Lui, rien de tout cela n’aurait été possible !».
David répondit : «Oui ! Et je Le remercie tous les jours !».
Je lui envoyai une photo de lui avec les Téfilines et il répondit : «Oh ! Quelle photo ! Elle est vraiment très spéciale, surtout avec les rayons du soleil par derrière ! Scott, on dirait que vous avez capté toute l’ambiance de ce moment si unique !».
Le lendemain, David me confia qu’il n’avait jamais dormi aussi bien que cette nuit-là : «Comment pourrais-je vous rembourser le bien que vous m’avez fait ?», demanda-t-il très sérieusement et je répondis : «Juste continuez à le faire chaque fois que vous en aurez la possibilité, tous les jours même !».
Quelques jours plus tard, David me raconta qu’il travaillait depuis des semaines sur un projet : avec son équipe, il devait procéder à des excavations pour construire ce qui devait aboutir à produire de l’énergie propre, une technologie semblable à celle qui fait fonctionner les stations orbitales dans l’espace. Ils rencontraient de grosses difficultés pour fendre un bloc de granit correctement et cela retardait tout le projet au point qu’il allait être abandonné.
Un jour, ils parvinrent justement à fendre ce rocher. Le technicien qui manœuvrait la machine déclara qu’il n’avait jamais effectué une brisure aussi parfaite depuis 25 ans qu’il était dans ce métier ! On parlait encore de ce cas extraordinaire dans la société d’excavations en reconnaissant la «chance» nécessaire pour que cette opération réussisse à ce point. Ce «miracle» s’était produit juste quelques jours après que David ait mis les Téfilines pour la première fois de sa vie… David lui-même attribue la «fente parfaite» à son nouveau lien avec D.ieu et affirme : «Ce rocher, seul Lui pouvait le briser !».
Scott David – L’Chaim N° 1348
Traduit par Feiga Lubecki
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- Publication : 14 décembre 2019