C’était la nuit avant Roch Hachana.
Mon fils Mendel était heureux mais un peu nerveux.
Il devait prendre l’avion de Melbourne à Adélaïde – une heure de vol – afin d’aider Rav Yossi Engel pour les fêtes. C’était la première fois qu’il se rendait à Adélaïde et il devait prendre avec lui un Séfer Torah, un rouleau de la Torah : «Maman, me demanda-t-il, que faire si l’équipage refuse que je prenne le Séfer Torah avec moi dans l’avion ? J’ai entendu qu’on prenait des mesures très strictes de sécurité dernièrement. Je ne voudrais pas qu’il soit envoyé en soute !»
Je tentai de le rassurer. Je lui rappelai qu’une fois, son père avait emporté un Séfer Torah en Tasmanie et le non-Juif assis à côté de lui dans l’avion en avait été si impressionné qu’il avait proposé de l’emmener en voiture n’importe où dès l’atterrissage !
«Oui, Maman, mais cela, c’était il y a bien longtemps ! Avant les détournements et les mesures de sécurité renforcées !»
Il n’y avait pas grand chose à ajouter donc je lui souhaitai un grand succès et lui rappelai qu’il agissait en tant qu’émissaire du Rabbi, qu’il avait donc toutes les bénédictions avec lui.
Le lendemain après-midi, alors que je me débattais dans la cuisine avec les préparatifs de la fête, Mendel me téléphona, tout excité.
-Tu ne croiras pas ce qui m’est arrivé ! Tandis que je marchais dans l’aéroport, de nombreuses personnes sont venues spontanément embrasser le Séfer Torah en me souhaitant «Chana Tova» ! Quand je suis arrivé au comptoir d’embarquement de Qantas, par contre, l’hôtesse m’a demandé de placer le Séfer Torah dans la soute. J’ai refusé, expliqué que c’était un objet sacré, un objet de culte qui doit être traité avec respect. Elle hésita et partit en référer à ses supérieurs.
Pour ma part, je ne pouvais rien faire de plus, le reste était entre les mains de D.ieu. Puis elle m’appela : «Allez dans ce couloir, telle porte. Quelqu’un désire vous parler !»
Je me demandais ce qui m’attendait. De fait, un homme en uniforme de pilote était là, qui regarda le Séfer Torah et m’adressa un grand sourire en me tendant la main : «Chana Tova ! Je m’appelle Morde’haï ! Allons-nous placer le Séfer Torah dans le cockpit à côté de mon Talit et de mes Téfilines ?»
Morde’haï n’est autre que le capitaine Mark DiVeroli, probablement le seul pilote en Australie qui voyage toujours avec son Talit et ses Téfilines. C’était, comme «par hasard», justement lui qui allait piloter l’avion de mon fils !
Il lui raconta aussi que, d’habitude, il reste dans le cockpit avant le vol mais qu’inexplicablement, cette fois, il avait marché dans la galerie et qu’il avait incidemment entendu les stewards discuter de ce jeune Juif qui désirait emporter un «grand objet sacré» dans l’avion : «Si j’étais resté dans l’avion, je n’aurais pas eu connaissance de ton problème et je n’aurais pas pu l’aider !»
Après un premier moment de surprise, Mendel déclara qu’il préférait garder le Séfer Torah avec lui durant le vol. Morde’haï accepta et s’arrangea pour qu’il dispose d’un siège libre à côté de lui pour l’y déposer. A l’arrivée, le pilote informa mon Mendel qu’il retournait à Melbourne le jour-même et réciterait les prières de Roch Hachana dans le Beth ‘Habad, la synagogue de Rav Motty Liberow.
Pour conclure la conversation avec mon fils, je remarquai : «D.ieu a sa façon à Lui de nous envoyer des petits mots gentils pour nous faire savoir qu’Il est toujours avec nous !»
Je téléphonai ensuite à Mme Liberow pour lui raconter ce qui s’était passé. Imaginez la surprise du pilote (à chacun son tour !) quand Rav Liberow raconta cette histoire devant la communauté réunie à Roch Hachana en désignant Morde’haï comme le héros du récit !
A son retour, Mendel resta en contact avec Morde’haï le pilote. Avant ‘Hanouccah, il lui demanda s’il désirait mettre une Ménorah sur sa voiture. Morde’haï accepta volontiers. «Au fait, j’ai déjà participé à la campagne de ‘Hanouccah du Rabbi, raconta-t-il. J’habitais à Adélaïde, pour une petite compagnie d’aviation commerciale. J’avais toujours rêvé de travailler pour une grande compagnie comme Qantas mais je n’avais même pas réussi à obtenir un rendez-vous d’embauche !
Il y a vingt ans, un étudiant de Yechiva est venu à Adélaïde pour un allumage public. Il avait besoin d’aide. J’avais mes mercredis de libres et je me portai volontaire, bien que je ne connaisssaia rien du Rabbi et de ‘Habad. Or justement ce mercredi, mon patron avait lui aussi besoin de moi.
- Je ne peux pas, je me suis déjà engagé pour mercredi.
- Si vous ne venez pas mercredi, menaça-t-il, ne prenez pas non plus la peine de venir jeudi !
J’aidais le jeune étudiant mercredi à installer la Ménorah. Jeudi je me présentai au travail mais mon patron me renvoya.
Je n’étais évidemment pas ravi de perdre mon travail mais, puisque j’étais libre, j’appelai le jeune étudiant et proposai de continuer à l’aider. Il était vraiment désolé que j’ai perdu mon travail et me demanda mon prénom hébraïque ainsi que celui de ma mère. Il envoya un fax au Rabbi en demandant que je retrouve du travail. Un peu plus tard, il m’annonça : «Ne vous inquiétez pas, vous avez reçu une bénédiction du Rabbi. Tout s’arrangera !»
Peu de temps après, je reçus un coup de téléphone complètement inattendu : la compagnie Qantas m’invitait pour une interview d’embauche. Grâce au Rabbi, j’ai ainsi obtenu le travail dont j’avais toujours rêvé !»

Mina Gordon
N’Shei Chabad Newsletter – L’Chaim
traduit par Feiga Lubecki