Je feuillette l’album de photos et m’arrête sur un cliché que nous avons pris il y a quelques années. Ma fille ‘Hava, alors âgée de neuf ans était une «élégante » de Pourim : elle portait ma vieille veste en fourrure. ‘Hava était la reine Esther. Chalom s’était déguisé en cow-boy, avec franges, bandana, chapeau assorti et bottes. Le petit Aharon était un adorable Séfer Torah, qu’on avait tout le temps envie d’embrasser : nous lui avions fait un costume en velours bleu avec les dix Commandements brodés et, sur son front, il portait une couronne en papier doré.
Que pouvons-nous apprendre de Pourim ? Quelle signification pouvons-nous donner à ce jour si saint et si précieux ? Comment pouvons-nous encore davantage répandre sa joie autour de nous ? Comment ressentir que D.ieu est avec nous, ici-même ? Regardons d’autres photos…

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Mon ancienne propriétaire était appelée «Nenie» par tout le monde. En hongrois, cela signifie « tante ». Cette femme si spéciale était la tante de tout le monde ! Sa porte était ouverte à tous.
Elle adorait les visites à l’improviste et, quand elle disait : «Je suis si heureuse de vous voir !», on savait qu’elle était sincère.
Elle m’avait montré une photo de Pourim : ses véritables neveux l’avaient prise après un repas de Pourim, à une heure du matin. Nenie était au centre de la photo, le visage illuminé d’un sourire radieux. Autour d’elle se tenaient sept adolescents d’une quinzaine d’années, déguisés en soldats. Elle m’expliqua : « Mes neveux étudient dans une Yechiva loin de New York mais désiraient passer Pourim dans mon quartier de Boro Park. Ils avaient besoin d’un pied-à-terre. Donc ils sont venus ici (tout simple, n’est-ce pas ?). Ils ont déposé leurs colis de Michloa’h Manot ici et ils venaient les prendre au fur et à mesure pour les distribuer à leurs amis. Ils en profitaient pour manger un petit peu avant de repartir. Juste avant le coucher du soleil, ils ont partagé mon festin de Pourim puis se sont rendus chez des amis pour la «vraie» fête. Ils sont revenus à une heure du matin pour dormir. Ils étaient si heureux parce que tout au long de la journée, ils avaient collecté de l’argent pour une noble cause : les enfants malades. Je ne sais pas trop comment ils ont tous dormi sur la moquette dans la salle à manger de mon tout petit appartement…

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Il y a trente ans, une de mes amis m’avait montré une photo : la table que sa mère avait utilisée pour préparer des centaines de petits paquets de Michloa’h Manot. «Nous habitions à Long Island. Il y avait de nombreuses personnes âgées dans notre communauté, leurs enfants habitaient loin de là. Ma mère distribuait plus de deux cents Michloa’h Manot à ces voisins : pour certains d’entre eux, c’était les seuls paquets qu’ils recevaient à Pourim.»
Cette photo m’avait tellement impressionnée que, quand je me suis mariée, moi aussi j’ai préparé cinquante Michloa’h Manot que j’ai distribuées dans une maison de retraite sur Foster Avenue. Il a fallu à mon mari plus de trois heures pour livrer tous les paquets que j’avais prévus. Je continue jusqu’à aujourd’hui d’envoyer des Michloa’h Manot à des gens qui – je le sais – n’en reçoivent pratiquement pas d’autres.
Certains d’entre nous sont submergés par tellement de Michloa’h Manot que nous ne savons pas si nous parviendrons à les terminer avant Pessa’h. Mais avons-nous pensé à tous ceux qui sont seuls à Pourim et dont les demeures sont calmes, trop calmes ?

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Ah, voici une photo de deux amis, souriants, avec de drôles de chapeaux. Ils trinquent ensemble sur une coupe de champagne et on pourrait presque les entendre se souhaiter «Le’haïm», A la vie ! Et joyeux Pourim !». Si vous souhaitez raviver une ancienne amitié mais que vous vous sentez intimidé, Pourim est justement le jour pour cela. Faites une surprise à quelqu’un. Si vous ne lui avez pas téléphoné depuis longtemps, appelez à Pourim : c’est le moment idéal pour demander de ses nouvelles. Pourim est un jour de «Merci !». Remerciez les personnes qui vous rendent service, qui vous gardent les enfants, qui vous les ramènent de l’école, qui vous dépannent en cas de coup dur…

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Voici une photo de gens déguisés qui donnent la Tsedaka (charité). Une des Mitsvot de Pourim est de donner de l’argent à au moins deux pauvres. De plus la coutume veut qu’on donne la Tsedaka à quiconque en demande. A Pourim, D.ieu dit : «Ma main aussi est ouverte, pour vous accorder ce que vous demandez !». Grâce à la main ouverte de D.ieu, Pourim est aussi un jour propice à la prière.
Je connais une femme appelée Esther qui prend ce message à cœur. «Parce que je m’appelle Esther comme l’héroïne de Pourim, je ressens une ferveur spéciale dans la prière de Pourim. Chaque année, des gens me téléphonent et me demandent de prier pour eux ce jour-là. Une femme m’avait appelée, elle n’avait pas d’enfant. Ce Pourim-là, toute ma famille s’est levée très tôt et nous avons prié au lever du soleil. Un an plus tard, cette femme qui m’avait appelée donnait naissance à son premier bébé».

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Et voici une photo de la Guerre du Golfe, prise en 1991. Vous vous souvenez ? Rappelez-vous des Scuds qui tombaient à la mer ou dans le désert. La guerre s’était achevée avec la défaite de l’Irak le jour de Pourim. N’oublions pas les miracles ! C’est le jour réservé aux surprises, le jour où il fait bon être joyeux ! Quelle surprise ce Pourim nous réserve-t-il ?
Nous nous levons chaque matin et constatons avec tristesse que ne règnent pas encore la paix, la prospérité, la connaissance et la bonne santé pour tous, Machia’h n’est pas encore là. Tant de miracles, de bonnes surprises sont déjà arrivés.
Mais de grâce, oh D.ieu, envoie-nous le miracle le plus joyeux qui puisse exister ! Envoie-nous Machia’h !

Roiza Weinreich
Le’haïm
traduite par Feiga Lubecki