Samedi, 13 mai 2023

  • Behar - Be’houkotaï
Editorial

 Le jour qu’il ne faut pas manquer !

Certains noms parlent par eux-mêmes sans qu’il soit nécessaire d’y ajouter une précision quelconque. Ici, il s’agit d’un nom et d’une date : Rabbi Chimon Bar Yo’haï, Lag Baomer. Ce 33ème jour de l’Omer est parmi nous cette semaine et son éclat particulier embrase tout l’horizon de nos consciences, continuant de nous éclairer bien longtemps après son passage. Souvenons-nous : Rabbi Chimon, une époque terrible où les Romains occupent la Terre d’Israël et oppriment sans pitié le peuple juif. C’est un temps de drame, au point que Rabbi Chimon lui-même doit s’enfuir, se cacher dans une grotte, fuyant la barbarie de l’ennemi. Est-ce bien dans un tel contexte qu’on aurait attendu le jaillissement d’une lumière qui, depuis lors, ne cesse de nous éclairer : le Zohar, le sens profond de la Torah ? Et pourtant, Rabbi Chimon fait de ce jour, celui de son départ de ce monde, un jour d’élévation, d’union avec D.ieu, en un mot le « jour de sa Hilloula ».

Pour le monde tout entier, c’est un nouveau temps qui commence. Il y aura malheureusement encore des époques difficiles, des périodes où le désespoir s’installera dans de nombreux esprits. Mais la puissance incarnée par Rabbi Chimon et amenée dans ce monde par son enseignement n’en disparaîtra jamais. De fait, elle nous accompagne jour après jour, constamment. Rabbi Chimon. Certes, une interrogation monte immanquablement à l’esprit. Il est question ici d’une sagesse infinie, véritablement accessible à une petite minorité intellectuelle et spirituelle. Cela concerne-t-il chacun, au point que ce jour de Lag Baomer soit devenu une date de célébration pour tous ?

Précisément, la grandeur de Rabbi Chimon est non seulement le degré qu’il atteignit personnellement mais aussi le fait que, sans renoncer à ce qu’il était, il sut redescendre vers le monde, garder intacte la préoccupation de l’autre. Ne dit-il pas « je peux acquitter le monde entier du jugement » ? Comme les sages du Talmud l’ont affirmé hautement : « On peut se fier à Rabbi Chimon en temps de difficulté. » Avec le jour de Lag Baomer, chargé de cette force insaisissable mais si présente, c’est tout cela que nous recueillons. Aujourd’hui, par le mérite de Rabbi Chimon, tout cela est à notre portée, en nous. Et la signification profonde de la Torah est le privilège de chacun par l’enseignement du Baal Chem Tov, la ‘Hassidout. Comme en un évident prélude à la venue imminente de Machia’h, annoncée en ces termes en introduction au Zohar : « Par ce livre que tu as écrit, les Juifs seront libérés d’exil avec miséricorde. »

Etincelles de Machiah

 La soumission aux nations

Le Talmud (Bera’hot 34b) enseigne : « Il n’y a aucune différence entre l’époque actuelle et le temps de Machia’h sauf (notre émancipation) de la soumission aux nations ».

Le Baal Chem Tov donne une explication plus profonde de cette phrase : celui qui ne croit pas que la Providence Divine pénètre chaque aspect du monde est asservi par l’impureté qui dissimule la réalité de la création. C’est le sens de la « soumission aux nations ». Mais, au temps de Machia’h, l’esprit d’impureté sera chassé de la terre. Alors la Providence divine deviendra manifeste et chacun verra que tout provient de D.ieu.

(d’après Keter Chem Tov, sec. 607)

Vivre avec la Paracha

 Behar

Sur la montagne du Sinaï, D.ieu communique à Moché les lois de l’année chabbatique : toutes les septièmes années, tout travail sur la terre doit être interrompu et ses produits rendus accessibles à tous, hommes et animaux.

Sept cycles chabbatiques sont suivis d’une cinquantième année : l’année du Jubilée au cours de laquelle, tout travail de la terre cesse, tous les serviteurs liés par contrat sont libérés et tous les états ancestraux de la Terre Sainte, qui ont été vendus, reviennent à leurs propriétaires originels.

Behar contient également des lois supplémentaires concernant la vente de terres et les interdictions de fraude et d’usure.

Be’houkotaï

D.ieu promet que si le Peuple d’Israël observe Ses commandements, il jouira de prospérité matérielle et résidera en paix dans sa patrie. Mais Il donne également un avertissement sévère et le menace de l’exil, de la persécution et d’autres maux qui s’abattront sur lui s’il abandonne son alliance avec Lui.

Toutefois, « même quand ils seront sur la terre de leurs ennemis, Je ne les rejetterai pas, pas plus que Je ne les haïrai, ne les détruirai ou ne briserai Mon alliance avec eux. Car Je suis l’Eternel, leur D.ieu ».

La Paracha se conclut avec les lois concernant la manière de calculer la valeur des différents types d’engagements pris pour D.ieu et la Mitsva de prélever un dixième des produits agricoles et du bétail.

 

La plus belle forme de Tsedaka

La Mitsva de la Tsedaka est mentionnée à de multiples reprises, dans la Torah, et chaque fois dans un contexte différent. Ces divergences nous offrent une perspective de l’approche de la Torah sur cette Mitsva capitale, celle que nos Sages lient à la Rédemption (parmi ses qualités multiples) :

« La Tsedaka est grande car elle hâte la Rédemption. » (Talmud, Bava Batra 10a).

Dans la Paracha Behar, nous lisons la description de celui qui soutient ceux qui sont pauvres, en ces termes :

« Si l’un de tes prochains devient nécessiteux et que sa main tremble, tu devras le soutenir, qu’il soit converti ou résident, et il vivra avec toi. »

Selon Rachi, ce commandement particulier implique qu’il faut aider le pauvre avant même qu’il ne s’appauvrisse. « Ne le laisse pas défaillir. Si tu le laisses, il sera beaucoup plus difficile de le relever. »

Selon le Rambam (Maimonide) dans Hil’hot Tsedaka, ce commandement se réfère également au fait d’aider en proposant un prêt ou en trouvant un emploi à quelqu’un etc. de sorte que la personne puisse se maintenir sans avoir besoin de recourir à la Tsedaka. Cette approche, maintient le Rambam, représente le plus haut niveau de Tsedaka.

Pas de condescendance

En approfondissant ce verset, nous pouvons y discerner une nuance dans la Tsedaka qui élève cette Mitsva à un niveau encore supérieur. En le lisant, on peut se demander pourquoi la Torah trouve-t-elle nécessaire d’ajouter : « et il vivra avec toi » ? N’aurait-il pas suffi d’avoir déclaré : « tu devras le soutenir » ?

Et en outre, que signifient précisément ces mots ?

Quand une personne donne de la Tsedaka aux pauvres et aux nécessiteux, et tout particulièrement si la personne est pauvre, au sens spirituel du terme, comme le statue le Talmud (Nedarim 41a) : « il n’existe de pauvreté que dans la connaissance », elle peut avoir tendance à se mettre sur un piédestal et regarder l’individu qu’elle aide avec condescendance.

C’est la raison pour laquelle la Torah nous adresse ces paroles : « Si l’un de tes prochains devient nécessiteux et que sa main tremble, tu devras le soutenir, qu’il soit converti ou résident, et il vivra avec toi ».

Cela signifie que l’on peut arriver à la conclusion que notre prochain est nécessiteux et se trouve à un niveau très bas, « il défaille », et l’on en vient à être tenté de l’aider d’une manière qui suggère que notre force est supérieure à la sienne. On peut considérer cet individu comme quelqu’un qui flanche et est tellement bas qu’il a besoin de notre philanthropie.

Les mots hébreux « Vé’hé’hzakta Bo » - « tu devras le soutenir » peuvent également signifier « et tu le domineras ». On peut l’aider pour exprimer notre supériorité morale et notre force spirituelle par rapport à lui, qui est dans le besoin et inférieur. En fait, la raison même pour laquelle on l’assiste est en réalité le désir de démontrer notre propre supériorité.

C’est donc contre cette attitude condescendante à l’égard du pauvre, dans le processus de l’aide qu’on lui apporte, que la Torah conclut : « Il vivra avec toi ». On le considérera comme notre égal.

La vraie vie

On peut dès lors comprendre ces paroles. C’est uniquement lorsque l’on considère et l’on traite la personne démunie et chancelante comme un égal, qu’elle peut réellement vivre. Un pauvre fait partie des quatre types d’individus opprimés dont le Talmud dit qu’il est comparable à un mort (Nedarim 64b).

Aider autrui en soulignant sa solitude et sa dégradation ne fait que renforcer son complexe d’infériorité et lui fait ressentir qu’il lui manque le don même de la vraie vie. Rien ne change alors chez lui, du point de vue qualitatif.

Avant d’être assisté, il était considéré comme dépourvu de vie réelle et même maintenant qu’il a été aidé, son statut « inanimé » n’a fondamentalement pas changé.

La Torah affirme donc que lorsque l’on aide quelqu’un de telle sorte qu’on lui redonne sa dignité, qu’on le considère comme son égal, on lui donne en fin de compte le don ultime, le don de la vie !

Le Machia’h, le pauvre à dos d’âne

Le Machia’h est comparé à un pauvre. Dans le livre du prophète Zékharya (9 :9), le Machia’h est décrit comme « un homme pauvre à dos d’âne ». Cette image a reçu de nombreuses interprétations. Mais à la lumière de ce que nous venons de voir concernant l’attitude à adopter à l’égard du nécessiteux, l’on peut suggérer la suivante :

Tout autant que nous dépendons du Machia’h pour nous libérer de l’exil, car c’est la mission pour laquelle il a été choisi, le Machia’h dépend de nous. Le Machia’h est décrit comme un roi qui n’arborera ce titre que lorsque le peuple l’aura accepté comme son monarque. Dans les mots de nos Sages : « il n’existe pas de roi sans nation ».

Cela est vrai de chaque monarque mais d’autant plus du Machia’h dont la relation avec le peuple est encore plus proche et plus profonde que la relation des autres rois avec le leur. Cela s’appuie sur les enseignements du Baal Chem Tov selon lequel chaque personne possède une étincelle du Machia’h. Le Machia’h a besoin que notre étincelle soit allumée pour qu’il puisse briller de toute sa lumière.

Pendant l’exil, avant que qu’il ne se révèle complètement, le Machia’h est donc considéré comme pauvre et nécessiteux parce qu’il dépend de notre « aide ». Il a besoin de notre contribution.

Dans le livre des Psaumes, le Roi David déclare : « Il t’a demandé Ta vie, Tu lui as donné, longue vie à tout jamais ». (Tehilim 21 :5)

Selon le Talmud (Soukkah 52a), le Roi David décrit la supplique du Machia’h à D.ieu pour qu’Il lui donne la vie. Mais pourquoi le Machia’h demanderait-il la vie ? Nous pouvons comprendre, à la lumière de ce qui vient d’être dit, que le Machia’h, notre tout dernier dirigeant, a besoin de notre contribution, de notre assistance, sinon il reste dans son état de pauvreté : « un pauvre à dos d’âne », état comparé à l’absence de vie.

Comment donner la vie au Machiah ?

Quand nous montrons notre impatience et notre aversion devant les conditions douloureuses et suffocantes de l’exil, en criant à D.ieu : « ad mataï », « jusqu’à quand ? », nous exprimons au Machia’h que nous sommes prêts à quitter l’exil et à entrer dans l’Ère de la Rédemption.

Quand nous commençons à vivre notre vie de façon plus orientée vers la Guéoula, la Rédemption, en y mettant plus de pureté et plus d’idéalisme, nous précipitons le moment où le Machia’h revêtira son manteau de leadership. Puisse D.ieu faire que cela ait lieu dans l’immédiat !

Le Coin de la Halacha

 Quelques lois concernant le respect des parents

1) Ne t’assieds pas sur le siège réservé à ton père ou à ta mère, à la maison ou à la synagogue.

2) Que les ordres de ton père ou de ta mère soient obligatoires à tes yeux ; efforce-toi de les accomplir exactement et avec empressement.

3) Quand tes parents parlent, ne les interromps pas et ne les contredis pas - même si tu sais qu’ils se trompent. Essaie simplement de leur poser des questions et de leur parler poliment jusqu’à ce qu’ils acceptent tes arguments.

4) Honore tes parents et cause-leur de la satisfaction ; évite évidemment de leur causer de la peine par ta conduite.

5) Si tes parents te demandent de montrer tes connaissances dans l’étude de la Torah, obéis-leur de bon cœur et avec empressement car une telle conduite est considérée comme leur faire honneur.

6) Quand tes parents te réveillent le matin, lève-toi rapidement et ainsi tu gagneras deux Mitsvot : tu auras obéi à tes parents et tu seras à l’heure pour la prière et l’étude de la Torah.

7) Honore ton grand frère, vis en paix et en harmonie avec tes frères et sœurs et cela causera une grande satisfaction à vos parents.

Le Rabbi – Notes adressées à Rav Ushpol (zal)

Séder Hanhagua Letalmidim - Living with the Rebbe

Le Recit de la Semaine

 Ma mission à Yad Vashem

Il y a un mois, Rav Ephraïm Mol avait été pressenti pour réciter la prière El Malé Ra’hamim devant des centaines de participants à Jérusalem pour Yom Hazikarone, le Jour du Souvenir des martyrs de la Shoah. Cette cérémonie devait être retransmise à des millions de spectateurs à travers le monde et Rav Ephraïm Mol s’y préparait avec la rigueur qui le caractérisait. Victime d’un accident vasculaire cérébral, il ne put accomplir ce dernier devoir filial auquel il tenait tant et décéda quelques jours plus tard. Séparé à jamais de ses parents sauvagement assassinés dans les camps nazis, Ephraïm porta toute sa vie le poids de cette période tragique mais choisit la vie, une vie de Torah et, une fois à la retraite, il devint guide à Yad Vashem, le musée consacré au souvenir de la Shoah à Jérusalem. Son témoignage appelle à la réflexion aussi bien les jeunes que les soldats, les touristes et même les représentants des autres religions.

« On me demande à chaque fois où était D.ieu pendant la Shoah, comment se fait-il que, justement moi qui ai survécu, je tiens à respecter les lois de la Torah et j’ai trouvé la foi. Je reprends alors les mots du Rabbi de Loubavitch : il n’y a pas d’explication logique à la Shoah. Les gens qui croient en D.ieu n’ont pas de questions, ceux qui n’y croient pas ne seront jamais satisfaits par aucune réponse. Ce n’est que dans le judaïsme et sa pratique que je trouve comment réparer ce monde ».

Ephraïm – Freddy n’avait que quatre ans et demi quand sa mère, bouleversée par le sort funeste qui la guettait, lui remit deux photos, d’elle et de son mari et l’embrassa une dernière fois. Il était né en 1938 à Bruxelles, de parents juifs qui avaient fui l’antisémitisme, le communisme et la misère de la Pologne. Quand, en 1942, ils voulurent s’enfuir en Suisse, ils furent dénoncés à la frontière et remis à la Gestapo, la police nazie. Les adultes furent déportés, l’enfant fut confié à un monastère, ne conservant de ses parents que ces deux photos et l’image de leurs visages remplis de larmes qu’il ne revit plus jamais. Durant deux semaines, il resta au couvent, en compagnie d’autres enfants venus de partout puis fut envoyé dans un orphelinat juif à Paris. Ephraïm se souvenait que les directeurs et les employés portaient l’étoile jaune cousue sur leurs vêtements. Au bout de trois semaines, le petit Freddy, comme on l’appelait, fut adopté par une famille juive où on l’éleva avec amour et dévouement. Le père adoptif avait un ami dans la police française qui le prévenait avant chaque rafle – ce qui lui permettait de cacher l’enfant juif polonais chez des voisins chrétiens charitables au moment voulu. La famille adoptive, bien que juive, était très assimilée, ne respectait même pas Yom Kippour et envoya l’enfant adopté dans une école catholique. « Mais je savais au fond de moi que j’étais juif ; on m’avait appris à mentir, à prétendre que je n’avais pas encore six ans afin que je ne sois pas obligé de porter l’étoile jaune dans la rue. Tout ceci était très angoissant, le monde n’était pas logique à mes yeux d’enfant, j’étais assailli de questions sans réponses quant à ma véritable identité. A leur tour, les Juifs français furent raflés : les parents adoptifs se cachèrent dans l’appartement d’une voisine non-juive qui, de son côté, emmena Freddy-Ephraïm dans une lointaine banlieue et s’occupa de lui avec dévouement. Dans cette nouvelle école, les élèves harcelaient cet enfant juif, le frappaient et l’humiliaient sans qu’il en comprenne la raison et il vivait sa condition comme une tare irréversible que seul le retour de ses parents pourrait effacer.

Après la guerre, Freddy-Ephraïm retrouva ses parents adoptifs et la vie recommença. « Bien que j’aie toujours su que le judaïsme était plus vrai que le christianisme, je me posais des questions : si D.ieu existait, j’avais quelques questions dures à Lui poser et je préférai éviter de penser à ce sujet. Pour moi, tout ceci était une souffrance trop lourde à porter, je voulais profiter de la vie, comme mes camarades, sans étoile jaune, réelle ou virtuelle qui plane au-dessus de moi. Je voulais juste être un bon Français ».

En 1956, au moment de la Guerre de Suez, je regardai avec surprise la une des journaux dans la rue : des photos de soldats juifs, les chaussures abandonnées par les soldats égyptiens dans le désert du Sinaï… il existait donc un pays où des Juifs vivaient fièrement, se battaient… J’avais lu dans la Bible que D.ieu avait promis une terre à Son peuple… Alors que j’avais honte de mon identité, d’autres Juifs parlaient hébreu et se battaient victorieusement contre leurs ennemis : pour moi, ce fut une révélation ! Je me précipitai à des conférences, je lisais tout ce que je trouvais sur le sujet mais mes parents adoptifs ne voulaient rien entendre. Je souhaitais monter en Israël mais ils estimaient que j’avais une dette envers la France : j’effectuai donc mon service militaire obligatoire de trois ans, j’ai participé à la guerre d’Algérie et c’est là, dans un village, que j’ai fait la connaissance d’une communauté organisée dont le rabbin m’expliqua : « Notre père Avraham a brisé les idoles de son père. Tu ne pourras pas changer le point de vue de tes parents adoptifs mais ils n’ont pas le droit de t’empêcher de vivre selon tes convictions ! ». Après mon service militaire, j’estimai avoir rempli mon devoir envers la France et je montai enfin en Israël. J’y trouvai du travail, je me mariai et je fus enrôlé dans l’armée où je fis connaissance de Rav Yts’hak Yidger qui me fit mieux connaître le judaïsme et la ‘Hassidout ».

Pendant la guerre de Kippour en 1973, Ephraïm Mol fut envoyé à la frontière égyptienne. Le commandant intima à l’armée de se préparer à une attaque chimique : pour porter le masque à gaz, tous les soldats devaient se raser la barbe. Ephraïm supplia qu’on le laisse d’abord demander au Rabbi de Loubavitch comment agir : il parvint à contacter un ‘Hassid qui transmit immédiatement sa requête à New York. Le Rabbi répondit qu’il n’était pas nécessaire de se raser la barbe – en d’autres mots, le Rabbi signifiait qu’il n’y avait pas à craindre d’attaque chimique. Cependant, le Rabbi conseillait à Ephraïm d’agir selon les lois de la nature et de conserver sur lui une paire de ciseaux tout en l’assurant qu’il n’en aurait pas besoin. Effectivement, il n’y eut pas d’attaque chimique…

Arrivé à l’âge de la retraite, Ephraïm écrivit ses mémoires qu’il transmit à l’institut Yad Vashem : là on lui proposa de servir de temps en temps de guide, ce qu’il accepta, surtout du fait qu’il maîtrisait aussi bien le français que l’anglais et l’hébreu. Son apparence ‘hassidique impressionnait ses interlocuteurs encore davantage que ses paroles…

Mais sa plus grande source de fierté restait sa famille : ses enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants suivent la voie ‘hassidique que lui et son épouse Ra’hel ont choisie.

Que son souvenir soit une source de bénédictions !

Meir Segal - Kfar Chabad N° 2006

Traduit par Feiga Lubecki

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