Le verset Kora'h 16, 5 dit : «Il(1) parla à Kora'h et à toute son assemblée, en ces termes : au matin, l'Eternel fera savoir celui qui est à lui(2)». Et, Rachi explique : «Il avait l'intention de les retarder, afin qu'ils éprouvent des regrets(3)».

Moché, notre maître voulut repousser l'heure fatidique, offrir à Kora'h et à son assemblée une dernière opportunité de parvenir à la Techouva et de regretter leurs mauvaises actions. Il leur accorda donc un délai supplémentaire, jusqu'au matin, «afin qu'ils éprouvent des regrets».

On peut, toutefois, s'interroger sur le bien-fondé de ce délai qui leur fut accordé pour parvenir à la Techouva. Un seul instant n'est-il pas suffisant pour se transformer d'un extrême à l'autre, au point de devenir un Tsaddik parfait ? Dès lors, pourquoi attendre jusqu'au matin(4) ?

En fait, ces quelques mots, prononcés par Moché, «au matin, l'Eternel fera savoir», renferment un message éternel et fondamental, applicable au service de D.ieu de chacun. Ils rappellent qu'une Mitsva que l'on accomplit peut, parfois, être telle une pierre précieuse recouverte de sable et de boue, ternissant sa beauté et sa luminosité.

Ainsi, quand un Juif s'emplit d'orgueil, quand il acquiert la conscience de sa propre importance, les Mitsvot qu'il met en pratique perdent leur éclat. Au lieu de créer un lien inébranlable entre celui qui l'accomplit et D.ieu, une telle Mitsva est souillée(5). Dès lors, elle sépare effectivement l'homme de D.ieu(6).

C'est précisément là ce que déclara Moché à Kora'h et à son assemblée. Il n'est pas possible de se contenter de mettre en pratique la Mitsva. Il est nécessaire, en outre, de la faire briller, de la rendre lumineuse comme le «matin»(7). C'est uniquement quand on met en pratique la Mitsva de la manière qui convient, d'une manière entière et intègre, avec pureté, comme la lumière du matin que : «l'Eternel fera savoir», que le Nom du Saint béni soit-Il apparaît à l'évidence(8).

Moché indiquait à ces hommes, de cette façon, que les bonnes actions doivent être pures et lumineuses, comme la clarté du matin. Car, seule une Techouva lumineuse permet de délivrer les forces positives qui sont tombées dans le domaine de l'impureté, de leur apporter l'élévation et de leur permettre de réintégrer le domaine de la sainteté. Mais, il faut, pour cela, supprimer les défauts et les scories, jusqu'à faire apparaître la clarté bienfaisante.

 (Discours du Rabbi, Likoutei Si'hot, tome 4, page 1048)

Notes :
(1) Moché, notre maître.
(2) Celui à qui Il confie la prêtrise.
(3) Dans l'intervalle.
(4) En d'autres termes, s'ils n'étaient pas parvenus à la Techouva un instant plus tard, pourquoi l'auraient-ils fait, au matin ?
(5) Par l'orgueil de celui qui la met en pratique.
(6) Ce qui veut dire qu'elle va à l'encontre même de sa raison d'être.
(7) C'est le sens de ce délai supplémentaire.
(8) Dès lors, cette Mitsva suscite effectivement un lien entre l'homme et le Saint béni soit-Il.

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